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Un médecin du travail en colère écrit à Nicolas 1er


Invité Gnafron 1er

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Souffrez mon diagnostic, celui d’un médecin du travail débordé par les conséquences de la politique que vous incarnez, d’un médecin expérimenté qui affirme que le monde judiciaire est le plus border-line qu’il a observé, bien plus nocif qu’un virus de maladie bénigne

par le Docteur Pascal Dazin

lundi 11 janvier 2010

Je viens d’apprendre que vous souhaitez que j’entre en guerre contre la gripette à la mode.

Docteur Pascal Dazin Médecin du travail Président de l’Alphabet du Respect des Enfants » La Hulotte 22940 PLAINTEL

3 janvier 2010

Monsieur Nicolas Sarkozy Chef de l’identité française

Monsieur le chef de l’Etat français

Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être, mais que je vous soupçonne de ne pouvoir ni comprendre ni admettre.

Je vous la fais un jour avant le cinquantième anniversaire de la mort d’Albert Camus, celui qui écrivit "je déteste moins la violence que les institutions violentes", et qu’il serait donc insensé qu’il soit "panthéonisé" sous votre autorité.

Je viens d’apprendre que vous souhaitez que j’entre en guerre contre la gripette à la mode.

Je n’ai pas le temps.

J’ai vu mourir des hommes, des femmes et des enfants, vous en ai informé sans suite, et pour des raisons bien plus graves qu’une épidémie virale.

Je ne suis pas sur terre pour vendre des vaccins contre une maladie très bénigne sauf accident rarissime, et du tamiflu, médicament dont je me demande pourquoi il serait remboursé par la sécurité sociale, puisque tant d’autres médicaments sont critiqués, à juste titre, pour la relativité de leur efficacité.

Trente personnes succombent chaque jour en France, par suicide, et dans une proportion trop importante par suite de violences institutionnelles, judiciaires, policières. Cela fait quarante années que la montée en puissance des violences institutionnelles est banalisée par les profiteurs professionnels se posant en responsables politiques.

Des centaines de gens commettent des centaines de meurtres chaque année par suite de cette même violence d’état, symbolisée par l’ajustice familiale. On les dit « forcenés » ou « malades ».

J’ai vu souffrir des femmes et des hommes au travail, et surtout au chômage, amputés de leur identité professionnelle. Ce qu’ils deviennent après exclusion regarde les pyschiatres libéraux, mais pas les hommes et femmes politiques…

Je connais des gens victimes de maladies très graves qui auraient pu être mieux prévenues si la politique sociale française était digne de nos idéaux républicains. J’en ai vu également partir prématurément des centaines, qui pourraient être encore de ce monde ou être disparus de mort naturelle si les services publics, neutres et bienveillants, étaient encore valorisés au détriment des intérêts financiers des profiteurs libéraux psycho-judiciaires du « suffering business ».

Le matraquage organisé en France sous votre autorité abusive contre la gripette est indécent. Il résume le tirage politicien contemporain vers le bas.

Certes, chaque maladie virale contagieuse entraîne des situations médicales tragiques. Mais nous mourrons plus de tétanos que de gripette, et personne ne valorise dans les rangs politiciens de tout bord le vaccin antitétanique, absolument efficace.

Si vos armées politiciennes étaient dignes de confiance, elles s’investiraient contre le SIDA en parlant plus de préservatifs que de masques, et sauveraient ainsi bien plus de vies.

Le paludisme tue cent mille fois plus que la gripette. Vos armées de ministres sont donc des combattants de la dix huitième heure (l’identité française ne consiste donc plus à se préoccuper de nos frères étrangers dans la misère ? Les droits de l’Homme seraient-ils plus profitables dans les cabinets d’avocats que chez nos frères humains ?)

En France, le suicide (ou le meurtre) au sortir d’un tribunal, d’un contrôle de police, d’une discrimination normalisée, d’un rejet administratif, tue mille fois plus que la gripette. Reconnu « grande cause nationale » depuis plus de dix ans, ce fléau est méprisé, lequel est pourtant bien plus tragique que les conséquences de la grippe A, moins sérieuse que la grippe saisonnière, qui ne mobilise apparemment pas votre ministre de la santé.

Le tabac, l’alcool, et les drogues douces ou dures, tuent mille fois plus que la gripette. Vous mobilisez les médecins des armées et demandez de vacciner plus pour paraître plus ? Souffrez alors mon diagnostic, celui d’un médecin du travail débordé par les conséquences de la politique que vous incarnez, d’un médecin expérimenté qui affirme que le monde judiciaire est le plus border-line qu’il a observé, bien plus nocif qu’un virus de maladie bénigne : vous vous comportez typiquement comme un Maître, un chef d’état en dérive judiciaire, et non plus comme un Président de la République.

Attendant bien sûr votre réaction citoyenne, je vous prie d’agréer, Monsieur le Chef d’Etat, mes salutations civilisées et résistantes.

Docteur Pascal Dazin

(article paru sur le blog du journal Ouest-France)

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