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Le Web des Cheminots

Retraites, un point dont personne ne parle


assouan

Messages recommandés

Déclaration liminaire : que personne ne conclue que je suis favorable à la réforme des retraites telle qu'elle est prévue (ça va toujours mieux en le disant).

Soit un point dont je n'entends parler nulle part quasiment : l'augmentation des recettes.

C'est-à-dire des prélèvements principalement sur " les hauts revenus, les revenus du capital et les entreprises" :

Les hauts revenus :

* La tranche la plus élevée de l’impôt sur le revenu sera augmentée d’1 point (41% au lieu de 40% aujourd’hui). Cette hausse ne sera pas prise en compte dans le bouclier fiscal. Son rendement immédiat sera de 230 millions d’euros ;

* Les stock-options seront davantage taxées. La contribution sociale payée par le bénéficiaire sera triplée et portée à 8%. D’autre part, la contribution versée par l’employeur passera de 10 % à 14 %. Ces mesures rapporteront 70 millions d’euros en 2011 ;

* Les retraites-chapeaux seront davantage taxées, ce qui apportera un supplément de recettes de 110 millions d’euros dès 2011. Une contribution salariale sera notamment créée à un taux de 14%.

Les revenus du capital seront également mis à contribution :

* Les prélèvements forfaitaires sur les revenus du capital et du patrimoine seront augmentés d’un point, pour un rendement de 265 M€ en 2011 ;

* Les dividendes perçus par les actionnaires seront davantage taxés, par la suppression du crédit d’impôt sur les dividendes. Cette mesure permettra d’augmenter les recettes du financement des retraites de 645 millions euros dès 2011 ;

* Enfin, les plus-values de cession d’actions et d’obligations seront désormais taxées à l’impôt sur le revenu quel que soit le montant des cessions réalisées. Cette mesure rapportera 180 millions d’euros en 2011.

La dernière catégorie de mesures concerne des niches sociales dont bénéficient les entreprises.

* La mesure la plus importante concerne le calcul annuel des allègements généraux de charges patronales. Cette mesure représente une économie de 2 milliards d’euros.

--> Pourquoi ces dispositions - qui pourraient sembler pourtant aller dans le sens de la "taxation de l'argent" - ne sont-elles jamais évoquées (à ma connaissance) dans les débats variés et divers ????

La source (gouvernementale) : http://www.retraites2010.fr/le-projet-de-loi/augmentation-ciblee-des-recettes

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Déclaration liminaire : que personne ne conclue que je suis favorable à la réforme des retraites telle qu'elle est prévue (ça va toujours mieux en le disant).

Soit un point dont je n'entends parler nulle part quasiment : l'augmentation des recettes.

C'est-à-dire des prélèvements principalement sur " les hauts revenus, les revenus du capital et les entreprises" :

...

tu deviens Sarkozette lotrela

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Merci Assouan d'aborder le sujet sous cet angle.

Dans le dossier Retraites le point important est effectivement celui du financement...

Les pensions de retraites augmenteront "mécaniquement"de par l'augmentation du nombre de retraités, l'allongement de la durée de vie, l'augmentation des salaires (qualifications, technicité, augmentations générales régulières des salaires qui servent de base au calcul du montant des pensions versées)

Le gouvernement joue sur les deux tableaux : dépenses et recettes (qui augmenteront mécaniquement...)

tenter "mathématiquement" de réduire le montant des pensions versées (nombre d'annuités passées de 37,5 à 41, annonce pour 42 voir 45 annuités, âge légal de départ à la retraite 60/62 ans..., système de décôte et tout un tas de mesures techniques type mère de trois enfants...) et celui de la durée réelle de la vie active au travail ( recul de l'âge moyen d'embauche après les études, départs anticipés avant l'âge légal, chômage-fin de droit etc...)

Il existe  bien entendu  un volet de recettes supplémentaires -dont celles que tu cites -mais qui sont très limitées par rapport aux enjeux .

mais tu as raison de les citer Assouan car elles font parties du débat...

Sauf que malgré toutes ces mesures, le financement des retraites n'est pas assuré à court terme...

Ceci dit les propositions des syndicats reposent sur une taxation beaucoup plus forte du capital de l'ordre de 20 milliards d'euros,

mais aussi une réduction drastique des éxonérations des charges sociales des entreprises (de l'ordre de 30 milliards)

mais aussi des propositions économiques sur l'emploi : 1 millions d'emplois à plein temps = 12 milliards de recettes pour les retraites.

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tu deviens Sarkozette lotrela

Il y a de la marge mdrmdr

Mais je trouve intéressant que dans cette réforme le gouvernement prévoit de taxer (pour les retraites Rouk') les hauts revenus, capitaux and Co - ce qui est une réclamation habituelle des OS - et que l'on n'en parle pas... ou pas assez.

Dom : ce n'est jamais assez pour les syndicats :cool: (je plaisante)

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En même temps ces mesures sont à mettre en parrallèle avec un boucier fiscal défendu envers et contre tous par notre cher président.

Et ce bouclier n'existe que pour les plus riches alors que la retraite est pour tous (riches et pauvres).

Donc d'un côté on recherche du financement et de l'autre on le jette pour 18000 contribuables (679 millions d'euros); ou comment faire tout et son contraire.

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Les mesures sur les recettes sont bien insuffisantes, puisqu'elles représentent moins de 10% des efforts demandés par la réforme...Il y a d'autres pistes de financement par les entreprises en abandonnant tout ou partie des prélèvements sociaux sur la masse salariale et en prenant comme assiette la valeur ajoutée ...

Il faudrait avoir le courage politique de prendre la règle à calcul ..

Modifié par michael02
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  • 2 semaines plus tard...

Un titre de Libération ambigüe pour un vrai et réel problème

L'Etat exonère, Besancenot exagère

http://www.liberatio...ancenot-exagere

Libération 1er octobre 2010

«Le déficit de la Sécurité sociale, il ne tombe pas du ciel.

Je rappelle que chaque année, il y a 32 milliards d'euros d'exonérations sociales pour les plus grands groupes industriels,

soi-disant pour créer de l'emploi.»

Olivier Besancenot le 28 septembre sur France 2

INTOX

Olivier Besancenot rate rarement une occasion de taper sur les cadeaux faits aux grandes entreprises.

Ce qui le pousse parfois à le faire à mauvais escient.

Le 12 septembre, le leader du NPA dénonçait les mesures prises par le gouvernement pour remédier au déficit de la Sécurité sociale (plus de 20 milliards d'euros).

Mesures d'autant plus injustes, selon le leader du NPA, qu'elles visent à combler un trou creusé, indirectement,

par les largesses faites aux grands groupes industriels :

«Le trou de la Sécurité sociale, il ne tombe pas du ciel.

Quand on exonère de 32 milliards d'euros par an les grands groupes industriels, parce que ça va pas pour les PME et les PMI, soi-disant pour faire de l'emploi, forcément,

ça crée le trou de la Sécurité sociale»,

expliquait-il.

Un propos répété mot pour mot sur France 2 le 28 septembre. Mais un propos très simpliste.

DESINTOX

Le montant de 32 milliards cité par Besancenot est exact.

Il correspond (pour 2008) à l'addition

des 22 milliards d'allégements généraux censés inciter à l'emploi de personnel peu qualifié,

des 7 milliards d'allégements ciblés - zones géographiques, publics prioritaires -

et des 3 milliards d'euros d'allégement de charges pour les heures sup de la loi Tepa.

Difficile aussi de donner tort au leader du NPA quand il interroge l'efficacité (souvent contestée) de ces mesures en terme d'emploi.

Pour le reste, Besancenot force très nettement le trait.

D'abord quand il suggère que ces 32 milliards d'exonérations pèsent d'autant sur le déficit de la Sécurité sociale.

Car le manque à gagner pour les caisses de la Sécu est en grande majorité compensé par l'Etat, en vertu de la loi.

Sur 32 milliards d'exonérations, environ 3 milliards ne sont pas compensés. Ce n'est pas neutre (la Cour des comptes s'en est émue il y a peu) mais cela ne permet pas de dire avec Besancenot que les exonérations «créent le trou de la Sécurité sociale».

L'autre intox de Besancenot est l'affirmation, en accord avec sa rhétorique consistant à cogner sur les grandes entreprises, que les exonérations ne profitent qu'aux «plus grands groupes».

C'est faux. «Les exonérations touchent 11 millions de salariés et bénéficient aux entreprises quelle que soit leur taille, avec un avantage pour les plus petites d'entre elles», lit-on au contraire en annexe du dernier projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Ce qui s'explique notamment par le fait que les rémunérations les moins élevées (conditionnant les allégements généraux pour bas salaires, entre 1 et 1,6 Smics) se trouvent davantage dans les petites - voire très petites - entreprises que dans les grandes.

Il n'empêche que Libération se plante aussi...

car il y a bien d'un côté 32 milliards d'éxonérations ou d'allègements de charges sociales pour les entreprises ce qui constitue au passage une "niche fiscale"...sans retombées réelles sur l'emploi, les qualifications, les rémunérations...

de l'autre 29 milliards de dépenses supplémentaires pour l'Etat qui compense ces charges dans son budget

et enfin 3 milliards de trou pour la sécurité sociale que celle-ci fera payer aux assurés sociaux d'une manière ou d'une autre (à coup de 50 ctes d'euros par boîte de médocs)...

Au total ce sont biens les citoyens-salariés-retraités-contribuables qui paient les ...64 milliards !

(32 milliards qui ne rentrent pas dans les caisses, 29 qui sortent de la poche des contribuables et 3 qu'ils feront payés aux assurés sociaux...)

Modifié par Dom Le Trappeur
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Intox et désintox sur Libération...

60/62 ans, retraite à taux plein, décôte et surcôte...

Un truc que manifestement personne ne maîtrise...

Réforme des retraites: Fillon invente une surcote imaginaire

http://www.liberation.fr/politiques/01012294268-reforme-des-retraites-fillon-invente-une-surcote-imaginaire

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bonjour (j'espère que le fichier mp3 sera lisible)

Une journaliste de France Inter demande a Madame de Panafieu si les députés eux aussi fourniront un effort en baissant leur retraite pour aider la collectivité...

La réponse (ou plutôt la non-réponse) de la Panaf est édifiante.

Il est vrai qu'elle est députée et qu'elle tient à ses avantages.

Mettre le son, rester très très calme...

Panafieu.mp3

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Invité necroshine

bonjour (j'espère que le fichier mp3 sera lisible)

Une journaliste de France Inter demande a Madame de Panafieu si les députés eux aussi fourniront un effort en baissant leur retraite pour aider la collectivité...

La réponse (ou plutôt la non-réponse) de la Panaf est édifiante.

Il est vrai qu'elle est députée et qu'elle tient à ses avantages.

Mettre le son, rester très très calme...

Panafieu.mp3

Ce midi sur RMC,

un directeur commercial interpelait Dominique Paillet de l'UMP,

il lui disait que pour que les salariés acceptent la reforme, il faudrait deja que les politiques balaient devant chez eux, a savoir ,

5 ans de cotisation pour 1500 euros de retraite, et tout cumulé pour allegrement depasser 6000 euros.....

Dominique Paillet a raccroché, a la surprise generale, c'est dire !!!

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Intox et désintox sur Libération...

60/62 ans, retraite à taux plein, décôte et surcôte...

Un truc que manifestement personne ne maîtrise...

Réforme des retraites: Fillon invente une surcote imaginaire

http://www.liberation.fr/politiques/01012294268-reforme-des-retraites-fillon-invente-une-surcote-imaginaire

Merci Dom' : je fais tourner par ailleurs...

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Invité Gnafron 1er

Ce midi sur RMC,

un directeur commercial interpelait Dominique Paillet de l'UMP,

il lui disait que pour que les salariés acceptent la reforme, il faudrait deja que les politiques balaient devant chez eux, a savoir ,

5 ans de cotisation pour 1500 euros de retraite, et tout cumulé pour allegrement depasser 6000 euros.....

Dominique Paillet a raccroché, a la surprise generale, c'est dire !!!

vite la bande sonore.... qu'on fasse circuler avant le 12 helpsoso

!

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Jean-François Couvrat, journaliste économique Le Monde , fait la démonstration que la réforme menée par le gouvernement vise à réduire la part de la richesse nationale consacrée au financement public des pensions. 

http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2010/10/11/une-reforme-des-retraites-surdimensionnee/

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Salut à tous,

Mine de rien, le power point joint, que j'ai découvert sur le site du syndicat CGT des cheminots du Havre, il nous révèle bien des mécanismes et des pistes, notamment pour le régime général.

Un tel doc est sans doute déjà sur le forum...c'est une occasion de le remonter.

Salutations!

magic08

Dossier Retraites.pps

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Un autre point dont on n'entend pas beaucoup parler :

Aujourd'hui, plus de 55 % des 55-60 ans sont au chômage, et ce taux ne cesse d'augmenter, les entreprises ne les embauchant pas, malgré les incitations fiscales.

Ramener l'âge de la retraite à 62 ans aura donc pour effet mathématique d'aggraver les dépenses de l'Unedic... On va donc tout simplement appliquer le principe des vases communicants, renflouer un côté en coulant l'autre...

Ceci dit (je passe en mode cynique hein ! pas taper), cette reforme aura un point positif, les ouvriers du bas de l'échelle ayant une espérance de vie de l'ordre de 74/75 ans, on aura pas à leur payer la retraite trop longtemps, c'est tout bénef pour les cadres supérieurs et politichiens qui eux n'ont pas la chance de mourir si jeunes...

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Un argumentaire intéressant...

lundi 15 février 2010

 par  Gérard Filoche (Fondation Copernic, inspecteur du travail), Jean-Jacques Chavigné (co-auteur de « SOS sécu ! »

10 questions, 10 réponses sur nos retraites

1. Quel est le bilan des contre-réformes des retraites depuis 1993 pour les retraités et les futurs retraités ?

La chute du montant des retraites ressemble à un film au ralenti. Ce n’est que très progressivement que ces réformes produiront toutes leurs conséquences. Mais à terme, ces conséquences seront catastrophiques.

La « réforme » Balladur-Veil de 1993 s’est attaquée, en plein mois d’août, à la retraite du régime général des salariés du secteur privé. Elle a augmenté la durée de cotisation de 2,5 annuités (de 37,5 à 40). Elle a fait passer le nombre des meilleures années prises en compte pour le calcul de la retraite de 10 à 25. Enfin, l’évolution des retraites n’étaient plus indexée sur les salaires mais sur les prix.

Les réformes de 1993, 1994, 1996 et 2003 des retraites complémentaires (Arrco pour l’ensemble des salariés et Agirc pour les cadres) se sont traduites par une augmentation du prix d’achat de la valeur du point et une baisse de la valeur du point servant de base au calcul de la retraite et donc par une baisse du montant de ces retraites.

Aujourd’hui, déjà, plus d’1 million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté et 50 % des retraités ont une retraite inférieure à 1 000 euros. Les mesures prises par la droite et le Medef ont aggravé les inégalités pour toutes les personnes dont la carrière n’a pas été un long fleuve tranquille. Les femmes en particulier, dont les retraites sont déjà inférieures de 40 % à celle des hommes et qui sont maintenant pénalisées par l’allongement de la durée de cotisation et par la sévérité des décotes.

Dans son rapport 2007, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) estimait à 19 points la baisse du montant moyen des retraites en 2030 sous l’effet des « réformes » de 1993 à 2003. En 1993, la retraite nette moyenne s’élevait à 78 % du salaire moyen net. En 2030, elle ne s’élèvera plus qu’à 59 % de ce salaire moyen net. Le Conseil de l’Emploi, des revenus et de la Cohésion sociale (CERC) évalue, quant à lui, la baisse du pouvoir d’achat des retraités de la fonction publique à 0,5 % par an et celles des salariés du secteur privé à 0,9 % (0,3 % pour le régime général et 0,6 % pour les retraites complémentaires).

Mais cela ne suffit pas à la droite et au Medef qui veulent continuer à faire baisser le montant des retraites par répartition tout en affirmant le contraire, la main sur le cœur. Si nous les laissons faire, en 2030, c’est la grande majorité des retraités qui se retrouveront sous le seuil de pauvreté.

2. Pourquoi faut-il défendre avec acharnement la retraite à 60 ans ?

Beaucoup de beaux esprits (à droite mais, malheureusement, aussi à gauche) nous expliquent que l’âge de la retraite n’a plus d’intérêt, maintenant que la durée de cotisation est passée à 40 et bientôt 42 annuités. En considérant que les régressions imposées par la droite font désormais parties du paysage des retraites, il est, en effet, difficile de concevoir comment un jeune qui commencerait à travailler à 25 ans et qui devrait cotiser pendant 42 ans pourrait espérer prendre sa retraite à 60 ans. Une simple addition montre qu’il ne pourrait pas prétendre à une retraite à taux plein avant 67 ans.

Mais si cela ne sert à rien de débattre de l’âge légal de la retraite, pourquoi la droite tient-elle tant à faire bouger le curseur ? Parce qu’ils savent très bien que tant que ce droit existera, tant que ce point de repère sera maintenu, les salariés pourront exiger que ce droit ne soit pas un simple droit virtuel mais que soient mises en place les modalités concrètes qui permettraient à la très grande majorité des salariés de pouvoir prendre leur retraite à taux plein à 60 ans.

Deux autres raisons militent également dans le sens du maintien du droit à la retraite à 60 ans.

Plus d’un million de salariés, tout d’abord, disposent de la totalité des annuités nécessaires à une retraite à taux plein mais ne peuvent pas prendre leur retraite parce qu’ils n’ont pas encore 60 ans. Il leur faut encore travailler 2 ou 3 ans. Avec un âge légal à 62 ans, c’est 4 ou 5 ans qu’il leur faudrait rester au travail.

Ensuite, parce que le recul ou la disparition du droit à la retraite à 60 ans ferait presque automatiquement sauter le verrou des 65 ans. Or, ce verrou est essentiel. Il permet à un salarié dont la carrière est incomplète de pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein lorsqu’il atteint l’âge de 65 ans. Ce sont, aujourd’hui, surtout les femmes qui sont concernées puisque 23 % des femmes ne peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein avant 65 ans. Si l’âge légal de la retraite disparaissait ou passait à 62 ans, le Medef utiliserait aussitôt ce recul comme levier pour imposer la disparition du butoir que constitue l’âge de 65 ans.

Pour ceux qui douteraient des intentions du Medef, il faudrait qu’ils se souviennent que le Medef appelle de ses vœux la disparition de ces deux âges butoirs 60 et 65 ans. Il faudrait également qu’ils se rappellent qu’en décembre 2000, le Medef avait refusé de contribuer au financement des retraites complémentaires entre 60 et 65 ans et que seule la mobilisation de plus de 2 millions de salariés l’avaient obligé à reculer. Il faudrait, enfin, qu’ils n’oublient pas que le Medef avait récidivé son chantage en 2009 et qu’une nouvelle négociation sur les retraites complémentaires est prévue à la fin de l’année 2010.

3. Une fatalité démographique pèse-t-elle sur nos retraites ?

Il y avait 11 millions de retraités en 2000, ils seront 21 millions en 2040. C’est un fait, un ordre de grandeur incontournable. Mais ce fait demande à être analysé en détail et dans son contexte pour en tirer toutes les conséquences.

Tout d’abord, cette augmentation du nombre de retraités sera due à deux facteurs qui pèsent tous les deux le même poids : l’allongement de la durée de la vie et l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du « baby-boom », née entre 1946 et 1976. Mais les derniers nés de la génération du « baby-boom » arriveront à l’âge de la retraite entre 2036 et 2040. Ce seront ensuite des « classes creuses » qui arriveront à l’âge de la retraite et à partir de 2036-2040, le nombre de retraités se mettra à diminuer.

L’allongement de la durée de la vie n’est pas de 1 trimestre par an comme le proclament haut et fort Sarkozy, Guéant et Parisot mais de 0,44 trimestre par an comme l’estime le rapport du COR de 2007, s’appuyant sur les dernières données de l’INSEE. Quant au taux de fécondité des femmes il ne serait pas de 1,7 comme le prévoyait les premiers scénarios du COR mais plus près de 2. Au total, la population en âge de travailler ne subirait pas une diminution de 2,2 millions de personnes entre 2006 et 2050 comme dans les précédents scénarios du COR mais resterait stable. Quant à l’augmentation du nombre de personnes âgées, elle serait moindre car la mortalité baisserait moins rapidement que prévue. Le nombre de retraités seraient inférieur de 650 000 en 2050 par rapport à la moyenne des deux précédentes hypothèses retenues par le COR.

Il ne suffit pas, ensuite, que la population en âge de travailler augmente. Encore faut-il qu’elle ait effectivement un travail. Ce n’est pas le chemin qui est pris aujourd’hui avec l’augmentation considérable du nombre de chômeurs du fait de la crise économique.

Pour faire reculer le chômage de masse, la reprise de la croissance ne sera pas suffisante. A moyen terme, en effet, l’augmentation de la productivité du travail viendra annihiler les effets de la croissance et ne permettra pas au chômage de reculer. Il nous faut tirer toutes les leçons des lois sur les 35 heures. Malgré toutes les concessions faites au patronat qui ont limité fortement ses effets, elles avaient permis de créer 500 000 emplois supplémentaires et de commencer, pour la première fois depuis 20 ans, à vraiment faire reculer le chômage de masse. Réduire le temps de travail est une mesure incontournable : elle seule permettra d’en finir avec le chômage et du même coup d’améliorer l’équilibre financier de nos régimes de retraites.

Le doublement du nombre de retraités, enfin, ne se fera pas dans une France dont la richesse resterait la même qu’aujourd’hui. En 40 ans, avec un taux de croissance (modeste) de 1,7 % par an, le PIB de notre pays doublera. En 2050, le montant de la richesse nationale passera donc de 1 900 milliards d’euros à plus de 3 800 milliards euros. 3 800 milliards d’euros, une fois neutralisée l’inflation, c’est-à-dire des euros qui auront la même valeur que les euros actuels, de vrais euros.

Le doublement du nombre des retraités implique, si l’on veut revenir sur les « réformes » qui ont frappé nos retraites depuis 1993, d’augmenter de 6 points la part du PIB affectée au financement de nos retraites. 6 points de PIB en 2050, cela représente environ 230 milliards d’euros. Avec une augmentation de la richesse de notre pays de 1 900 euros à cette date, cela laisserait plus de 1 650 milliards d’euros pour l’augmentation des salaires directs, des cotisations de l’assurance-maladie, des investissements publics et privés, de la réduction du temps de travail et même des profits. Il y a cependant une condition à cela, c’est que les profits ne captent pas la plus grande partie de ces 230 milliards qui devraient revenir aux retraités. C’est pourtant exactement l’intention du Medef et du gouvernement Sarkozy. C’est le but de toutes les « réformes » de nos retraites depuis 1993.

4. L’allongement de la durée de cotisation permet-il de maintenir le montant des pensions ?

Non. Le Medef et le gouvernement mentent délibérément. Ils nous disent : « Soit l’augmentation de la durée de cotisation, soit la baisse du niveau des pensions ». En fait, les salariés ont récolté l’une et l’autre depuis 1993.

En effet, loin du monde des abstractions où semble se complaire Sarkozy, avec une durée de 40 ans de cotisation, les 2/3 des salariés du secteur privé qui prennent leur retraite ne sont plus au travail. Ils sont soit au chômage, soit en maladie, soit en invalidité. Avec un passage à 41 ans, ce sont plus des ¾ des salariés qui se retrouveraient dans cette situation au moment de leur départ en retraite. Comment quand on n’est au chômage, en maladie, en invalidité pourrait-on bien pouvoir choisir de rester au travail ? C’est un mystère dont le gouvernement garde jalousement le secret. Quand au Medef, il n’est pas à une contradiction près, il exige l’allongement à 45 ans de la durée de cotisation au moment même où les entreprises ne permettent plus aux jeunes d’accéder à un travail à temps plein que vers 25-30 ans (dans le meilleur des cas) et où elles licencient à tour de bras les salariés de plus de 55 ans (voire de 50 ans).

Dans ces conditions, allonger la durée de cotisation revient à augmenter la période de chômage, de maladie ou d’invalidité et donc à diminuer le montant des retraites. En effet, les annuités validées au titre des périodes de chômages et de maladie ou d’invalidité ne seront évidemment pas être prises en compte les 25 meilleures annuités. Il faudra donc remonter aux années précédant le chômage, la maladie ou l’invalidité pour trouver ces 25 meilleures années. Mais avec la réévaluation des salaires pris en compte pour le calcul de la retraite en fonction de l’évolution des prix et non plus des salaires, le montant de la retraite en prendra un sacré coup.

La durée moyenne d’une carrière dans le secteur privé est inférieure à 37 ans. Décider, dans ces conditions, qu’il faut 40 annuités de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein, c’est diminuer dans d’importantes proportions (avec le système des décotes) le montant de leur retraite. Le passage à 41 annuités de cotisation aggraverait encore le problème.

5. Le maintien au travail des salariés de plus de 60 ans est-il une réponse au problème de nos retraites ?

Le Plan d’emploi national pour l’emploi des seniors 2006-2010 qui s’inscrit dans la droite ligne de la stratégie de Lisbonne adoptée par l’Union européenne, s’est fixé comme objectif prioritaire de parvenir à un taux d’emploi des 55-64 ans de 50 % en 2010. Cet objectif est inacceptable pour au moins 3 raisons.

D’abord parce qu’il est insupportable de forcer les salariés de plus de 60 ans à rester au travail. Il ne faut pas confondre les hauts fonctionnaires, les professions libérales, les dirigeants d’entreprises, les universitaires qui ont la chance d’avoir un travail créatifs et l’immense majorité des salariés pour qui le travail est avant tout fastidieux, pénible et, avec le durcissement continuel des conditions de travail, de plus en plus néfaste à leur la santé.

Le Medef, la droite et parfois malheureusement aussi une partie de la gauche, s’appuient sur l’allongement de l’espérance de vie pour en conclure qu’il est normal que la durée de travail augmente. Ils oublient qu’à 35 ans, un cadre peut espérer vivre 46 ans et un ouvrier 39 ans. Ils oublient que l’espérance de vie « en bonne santé », c’est-à-dire sans incapacité majeure n’est que 64,2 ans pour les femmes et 63, 1 ans pour les hommes, selon une note récente de l’INSEE.

Ensuite parce que ceux qui avancent cette « solution » ont une attitude de « spécialistes », une attitude autiste consistant à isoler ce problème comme s’il n’avait aucune interaction sociale. Or, si on oblige des centaines de milliers de salariés de plus de 60 ans à travailler, ce sont des centaines de milliers de jeunes qui ne trouveront pas de travail. La persistance du chômage de masse exclut, à lui seul, la possibilité de retenir cette solution.

Enfin, parce que l’avenir qui est promis aux salariés âgés est tout sauf pavé de roses. Non seulement les conditions de travail se détériorent, la souffrance au travail se développe, atteignant plus cruellement les salariés les plus âgés. Mais, en plus, pour inciter le patronat à embaucher des « seniors », la droite a mis en place des « emplois vieux », des CDD de 18 mois renouvelables un fois. C’est donc la précarité qui ouvre grand ses bras aux salariés âgés. Ils sont licenciés d’un travail à plein temps en CDI à 55 ans pour être réembauchés, deux ans et demi plus tard, en CDD à temps partiel. Pour être bien sûr qu’ils ne puissent y échapper, la ministre de l’Emploi Christine Lagarde se déclare prête à supprimer, progressivement, la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs de plus de 57 ans et demi car, affirme-t-elle, avec toute l’humanité qui la caractérise, à cet âge là « on n’est pas fichu ». Qu’on se le dise, pour Madame Lagarde, il est temps de prendre sa retraite quand on est fichu !

Le chiffre (que l’on nous ressasse sans cesse) de 38,1 % est un chiffre global concernant l’emploi des salariés de 55-64 ans (dans les statistiques, on a 64 ans la veille de ses 65 ans…) Il faudrait pourtant distinguer entre l’emploi des 55-60 ans qui devrait augmenter dans le cadre d’un recul généralisé du chômage et l’emploi des 60-64 ans qui devrait être réduit au maximum. C’est pour les salariés entre 55 et 60 ans qu’il faut, avant tout, « aménager les postes de travail » et permettre d’accéder à la formation. La priorité pour les salariés de 60 ans devrait être bien différente : permettre à tous ceux qui le voudraient de partir à la retraite avec une retraite à taux plein.

6- Le système des « comptes notionnels » adopté par la Suède est-il une solution pour nos retraites ?

François Fillon vient de déclarer qu’il n’était pas question de remettre tout le système des retraites à plat. Il est cependant tout à fait possible d’en douter. Pourquoi, en effet, Sarkozy aurait-il dit exactement l’inverse il y a 6 mois, transformant ce qui devait être un simple « point d’étape » entre partenaires sociaux et gouvernement en un « rendez-vous capital » ? Pourquoi le gouvernement aurait-il demandé au COR un rapport spécifique sur la possibilité d’un remplacement de notre régime par annuités par un régime en points ou en compte notionnels comme en Suède ? Le plus probable est que le gouvernement ne veut pas faire de vague avant les élections régionales de mars et qu’il attend que le congrès de la CFDT soit terminé pour laisser les mains libres à François Chérèque.

Le rapport 2010 du COR paraîtra après les régionales et on peut compter sur le gouvernement et le Medef pour en faire la lecture la plus noire possible afin, si les salariés lui laissent les mains libres, de faire voter (comme d’habitude pour les retraites) une loi en plein mois de juillet.

Pour le COR, l’incidence de l’adoption du système suédois sur le niveau des retraites dépendrait des paramètres fixés par les responsables politiques. Pour lui, aucun système ne permet, en effet, par la simple vertu de la technique, de redresser des comptes déséquilibrés. Pour retrouver l’équilibre, le COR renvoie donc les décideurs aux « trois leviers » traditionnels : « le niveau des ressources, le niveau des pensions et l’âge moyen effectif de départ en retraite ».

La Suède est passée d’un mécanisme de prestations définies à un régime de cotisations définies. Dans l’ancien système, les salariés étaient sûrs du montant de leur retraite, le taux de cotisation s’adaptant pour équilibrer le système. Aujourd’hui, les salariés ne sont sûrs que du montant - à moyen et à long terme - de leurs cotisations. Le montant de leur retraite dépendra de l’évolution de la masse salariale et de l’espérance de vie au moment de leur départ en retraite. Le gouvernement n’a plus, en principe, aucune responsabilité politique à prendre, c’est le système mis en place en 1998 qui a, une fois pour toute, décidé de la part de la richesse nationale qui sera attribuée aux retraites. Cela ne l’empêche pas d’intervenir quand le choc est par trop important et pourrait provoquer une riposte sociale. Ainsi, avec la récession et la diminution de la masse salariale en 2009, les retraites auraient du diminuer 4,5 % en 2010, l’Etat est intervenu pour que cette baisse soit limitée à 3 % !

Si l’espérance de vie (mesurée par les mêmes tables de mortalité que celles des assurances privées) augmente, le montant de la retraite baissera, sans que, là encore, le gouvernement ait la moindre responsabilité politique à prendre, sans le moindre débat public. Chaque salarié, seul dans son coin, choisira « librement » son âge de départ en retraite mais avec un révolver sur la tempe, celui d’une retraite qui ne lui permettra pas de vivre s’il part trop tôt.

Avec ce système, tout repère collectif disparaît et toute revendication collective également. Il est vrai que la succession des contre-réformes depuis 1993 aboutit, aujourd’hui, à peu près au même résultat : personne ne sait quel sera le montant de sa retraite dans 10 ou même 5 ans. Ce n’est pas, pour autant, une raison pour adopter un système aussi opaque que le système suédois. Il faut, au contraire, redonner confiance en notre système de retraite par répartition en permettant à la très grande majorité des salariés de prendre sa retraite à taux plein à 60 ans.

Dans le système suédois comme dans la retraite par point, si chère au Medef, c’est l’intégralité de la carrière qui est prise en compte pour le calcul de la retraite et non pas comme aujourd’hui, les 6 derniers mois dans la fonction publique ou les 25 meilleures années dans le régime de base des salariés du secteur privé. Dans les deux systèmes également, les périodes de maternité, de chômage, de maladie ou d’invalidité n’ont pas vocation à être prise en compte. Au total, le taux de remplacement du salaire par la retraite ne peut que baisser. La solidarité a laissé la place au taux de croissance et aux tables de mortalité.

7- La droite et le gouvernement ont-ils abandonné l’idée de nous imposer des fonds de pension ?

Non, le Medef rappelle constamment la nécessité de « compléter » la retraite par répartition au moyen de retraites par capitalisation, c’est-à-dire des fonds de pension, qu’ils soient ou non « à la française ». Quant à la droite, son rôle est de mettre de l’huile dans les rouages pour aider les solutions du Medef à s’imposer.

En France, les fonds de pension ont pris le nom d’ « épargne-retraite » en vue de rassurer les salariés. Mais cette « épargne-retraite présente les mêmes défauts que les fonds de pensions classiques. Elle est profondément inégalitaire. Seuls les cadres et une partie des salariés des grandes entreprises ont une réelle capacité d’épargne. Pour la grande majorité des salariés, il est déjà difficile de joindre les deux bouts à la fin de chaque mois. Et le patronat en abondant les sommes ainsi versées (2 milliards chaque année) ajoutera encore à l’inégalité initiale.

L’épargne-retraite est profondément risquée : c’est accepter de jouer sa retraite en bourse car les fonds collectés sont placés en bourse et bien souvent en actions puisque, selon les » « experts financiers » qui ont tout intérêt à favoriser ce type de placement, leur rendement serait meilleur que celui des obligations et des emprunts d’Etat. Pourtant, après l’éclatement de la bulle des nouvelles technologies en 2000 et après la récente crise financière qui a réduit à néant l’épargne-retraite de centaines de milliers de salariés américains, très peu de salariés sont, dans notre pays, prêt à prendre ce risque.

C’est l’une des deux raisons pour lesquelles le recul de la retraite par répartition est aussi important pour le Medef. Il veut, bien entendu, en premier lieu, ne pas augmenter le montant des cotisations sociales patronales pour que le patronat et en particulier les grands groupes puissent engranger le maximum de profits. Mais il souhaite aussi le recul de la retraite par répartition pour faire une place aux fonds de pension « à la française » qui sont un enjeu de taille pour les compagnies d’assurance et le capital financier. Laisser un champ de plusieurs centaines de milliards à un salaire indirect mutualisé leur est totalement insupportable. Plus la retraite par répartition reculera, plus les salariés auront peur pour le montant de leur future retraite et plus les fonds de pension, malgré tous leurs défauts, se présenteront comme un recours ultime pour les salariés.

8. Le fonds de réserve est-il une solution pour nos retraites ?

Créé en 1999 par Lionel Jospin, le fonds de réserve des retraites devait avoir une vie de 40 ans avec une première phase d’accumulation des fonds, de 2000 à 2020, et une deuxième phase d’utilisation des fonds, de 2020 à 2040.

La première phase devait permettre d’accumuler 1 000 milliards de francs (150 milliards d’euros) dont l’essentiel serait venu des excédents de la Caisse nationale d’Assurance vieillesse, de ceux du Fonds de solidarité vieillesse et des revenus financiers issus de leur placement. Mais pour que ces fonds aient des excédents, il aurait fallu augmenter les ressources des retraites par répartition et abroger la réforme Balladur-Veil de 1993. Cela n’a été fait ni par la gauche, ni bien sûr par la droite. Il ne faut donc pas s’étonner que le fonds de réserve n’ait recueilli que 35 milliards d’euros avant la crise financière.

Quant aux 330 milliards de francs (50 milliards d’euros) qui devaient être le fruit du placement en bourse des fonds accumulés, ils se sont transformés, avec la crise financière, en une perte de 7 milliards d’euros. Au total, le Fonds de réserve n’a permis d’accumuler que 28 milliards d’euros.

S’il avait été alimenté comme le souhaitait Lionel Jospin, ce fonds n’aurait, de toute façon pas permis de répondre au besoin de financement de nos retraites. En effet, utilisé sur 20 ans, les 150 milliards d’euros accumulés auraient représenté un flux de 7,5 milliards d’euros par an. Un flux très éloigné des besoins de financement réel de notre système de retraite : 65 milliards d’euros par an en 2050 si l’on laisse les réformes déjà mises en place par la droite produire tous leurs effets et 200 milliards si l’on veut que la retraite nette (moyenne) revienne à 78 % ou 75 % du salaire net (moyen) comme avant la réforme de 1993. C’est pourquoi ce fonds avait toujours été présenté comme un simple « fonds de lissage » permettant simplement d’étaler l’augmentation des cotisations retraites dans le temps en cas de croissance soudaine du nombre de retraités.

Il reste 10 ans pour alimenter ce fonds. Ce ne sont pas les excédents de la CNAV (10,7 milliards de déficit prévus en 2010) ou du Fonds de solidarité vieillesse (3,9 milliards d’euros de déficit en 2009) qui lui permettront d’accumuler les 122 milliards d’euros manquant. Les placements en bourse pourront, sans doute, permettre d’accumuler quelques milliards mais ces gains se transformeront inéluctablement en lourdes pertes lors de la prochaine crise financière. Que reste-t-il ? Alimenter le fonds de réserve avec le produit des nationalisations comme certains le proposent ? Ce serait aller à l’encontre de la préservation et l’élargissement des services publics.

Il n’y a donc pas de miracle à attendre de ce Fonds de réserve et il faudra trouver ailleurs les moyens de financement de nos retraites.

9. Comment financer nos retraites ?

Le déficit du régime général (branche vieillesse) devrait, selon les prévisions du gouvernement, être de 10,7 milliards d’euros en 2010 après 8,2 milliards en 2009 et 14,5 milliards en 2013. L’augmentation de ce déficit est liée, en partie, à des raisons conjoncturelles : la crise économique qui a réduit la masse salariale et donc le montant des cotisations retraites. Mais ce déficit a une explication structurelle évidente : la stagnation des cotisations patronales depuis 30 ans, alors qu’augmente le nombre de retraités. En 2050, si ces ressources n’augmentent pas et si nous refusons que la grande majorité des salariés se retrouvent dans la misère, le besoin de financement de nos retraites par répartition s’élèvera à 200 milliards d’euros (constants) par an. 200 milliards d’euros par an, dans un pays dont le PIB aura doublé, cela représente 6 points de PIB. Entre 1960 et 2000, la part du PIB consacrée au financement des retraites par répartition avait augmenté de 8 points, pourquoi serait-il impossible de l’augmenter de 6 % entre 2010 et 2050 ? Encore faut-il préciser comment ces 6 % pourraient être mobilisés.

La priorité des priorités est d’en finir avec le chômage de masse. Mais cela ne serait pas suffisant pour financer nos retraites en 2050.

Il serait donc, ensuite, nécessaire d’élargir l’assiette des cotisations retraites en s’attaquant aux « niches sociales » c’est-à-dire aux revenus salariaux qui ne subissent aucun prélèvement ou un prélèvement forfaitaire de 4 % au titre de l’ensemble des cotisations sociales. Le manque à gagner lié aux dispositifs d’association des salariés aux résultats de l’entreprise est évalué entre 6 et 8,3 milliards d’euros en 209 et, donc, au double en 2050 si ces revenus évoluent à la même vitesse que le PIB.

Il faudrait, enfin, augmenter le taux des cotisations retraites.

Sarkozy, le 25 janvier affirmait qu’il fallait « tout mettre sur la table ». Il promettait d’examiner toutes les pistes. Curieusement, toutefois, il n’a évoqué que « la perspective d’un allongement de la durée de cotisation » et jamais d’une hausse des cotisations retraites. Pourtant, dans son dernier rapport, le COR constate que « l’effet positif d’une hausse du taux de cotisation sur le solde du régime est immédiat et durable ». Dans son rapport de 2001, le COR estimait que, même avec un taux de chômage ramené à 4,5 % de la population active, il faudrait encore augmenter de 15 points le taux de cotisation retraite pour équilibrer nos régimes de retraites en 2040 et revenir à un taux de remplacement de l’ordre de 75 % du salaire (comme avant 1993).

15 point d’augmentation en 40 ans (de 2000 à 2040 ou de 2010 à 2050), cela représente une augmentation d’environ 0,37 point par an. A raison de 0,25 point pour les cotisations patronales et de 0,12 points pour les cotisations salariales, cette augmentation est, bien évidemment, préférable à la généralisation de la pauvreté chez les retraités que nous promet l’allongement continuel de la durée de cotisation. Cette option a, pourtant, d’emblée été exclue du débat public.

Pour les salariés, l’augmentation de leurs cotisations serait compensée en partie par les sommes qui n’iraient plus financer l’épargne retraite et le retour à un taux de remplacement de 75 % du salaire net permettrait de réduire le recours à la solidarité familiale au profit des personnes âgées.

Quant au patronat, s’il trouvait trop élevé l’augmentation de ses cotisations retraites, il pourrait toujours commencer par renoncer à financer les « retraites chapeaux » de ses dirigeants et alléger d’autant les sommes qu’il consacre au financement des retraites. Veolia Environnement aurait pu, ainsi, économiser les 30,2 milliards d’euros provisionné (et il s’agit des provisions d’une seule année) pour financer les « retraites chapeaux » de son Comité exécutif, dont 13,1 millions d’euros pour la seule « retraite chapeau » de son PDG, Henri Proglio. « Retraite chapeau » qui devait permettre à ce Monsieur, pourtant assez loin de la misère, de bénéficier d’une retraite supplémentaire de 700 millions d’euros par an.

La compétitivité des entreprises de notre pays serait-elle remise en cause par cette augmentation progressive du taux des cotisations retraites ? Non si l’on remplaçait la « modération salariale » par la « modération financière » et si le montant des dividendes versés aux actionnaires diminuaient de façon à compenser l’augmentation des cotisations sociales. C’est tout à fait réalisable. Le montant des dividendes versés aux actionnaires a augmenté de 5,2 point de PIB depuis 1982, au détriment des salaires. Ces dividendes sont improductifs et ne servent qu’à alimenter la spéculation financière dont on a pu constater les redoutables effets. Une baisse des dividendes versés aux actionnaires n’affecterait pas l’investissement productif et permettrait de ne pas augmenter le prix des produits ou des services facturés par l’entreprise, malgré l’augmentation du taux des cotisations retraites. La compétitivité des entreprises ne serait donc pas affectée.

10. Quelles mesures concrètes pour sauver nos retraites par répartition ?

Nos retraites par répartition sont aujourd’hui gravement menacées. Le recul continuel du montant de la retraite, les lourdes incertitudes pesant sur l’avenir des retraites sont en train de rompre le pacte entre générations. Comment les jeunes générations pourraient-elle, en effet, accepter que leurs cotisations aillent financer les retraites de la génération qui n’est plus au travail alors qu’eux-mêmes estiment qu’ils ne toucheront pas de retraite ou une retraite qui ne leur permettra pas de vivre ?

Pour que les jeunes générations aient confiance dans notre système de retraite par répartition, il faut leur assurer qu’ils pourront bénéficier d’une retraite correcte, à un âge (60 ans) où ils auront encore l’espérance de vivre en bonne santé pendant plusieurs années.

Cet objectif nécessite que soit pris un ensemble de mesures indissociables.

D’abord, abroger les réformes de la droite depuis 1993 et obliger, par la loi, le patronat à financer les retraites complémentaires du secteur privé afin que cet objectif soit atteint.

Assurer un taux de remplacement minimum de 75 % pour une carrière complète.

Garantir qu’aucune retraite ne sera inférieure au Smic.

Indexer l’évolution des salaires pris en compte pour le calcul de la retraite et l’évolution du montant de la retraite, une fois cette dernière liquidée, sur les salaires et non plus sur les prix.

Considérer que les périodes non travaillées, liées à la maternité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, aussi bien que le temps partiel imposé sont des périodes travaillées à temps plein que soit pris en compte, pour le calcul de la retraite, le salaire normalement versé.

Revenir aux 37,5 annuités de cotisation pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein tant que la durée moyenne réelle d’une carrière ne sera pas supérieure à ce chiffre.

Valider les périodes d’étude après 18 ans comme les périodes de recherche d’un premier emploi dès l’inscription au Pôle-emploi.

Permettre aux salariés ayant effectué des travaux pénibles de prendre leur retraite à taux plein à 55 ans. Cette mesure, cependant, ne saurait dispenser d’agir en amont, sur les conditions de travail, pour que ces travaux nuisibles à la santé disparaissent.

C’est uniquement à ce prix que la confiance des jeunes générations en notre système de retraites par répartition pourra être restaurée. Autrement, ce sera la porte grande ouverte aux fonds de pension et à la misère pour la grande majorité des retraités dans les décennies à venir.

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Un autre point dont personne ne parle (décidemment !) :

Sarko frère, grand bénéficiaire de la réforme des retraites

Le site d'information Médiapart affirme jeudi 14 octobre que la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n'est autre que Guillaume Sarkozy, le frère du chef de l'Etat.

Selon Médiapart, la réforme "va conduire à l'asphyxie financière des grands régimes par répartition" et sera donc "propice à l'éclosion de ces grands fonds de pension qui n'étaient pas encore parvenus à s'acclimater en France, à quelques rares exceptions près". Parmi les opérateurs privés d'ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.

Des alliés puissants

"Il ne s'agit pas que d'une coïncidence. Mais bien plutôt d'une stratégie concertée en famille", écrit Médiapart, "l'un assèche les régimes par répartition tandis que l'autre pose les fondements du système par capitalisation". Le site ajoute : "Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l'occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l'Etat, et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP). Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile."

"Cette société n'aurait jamais vu le jour sans l'appui de l'Elysée", écrit Médiapart. En effet, la Caisse des dépôts et consignations est une institution publique présidée par un parlementaire. Pour sa part, la Caisse nationale de prévoyance (CNP) est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque postale et du groupe Caisses d'Epargne, lui-même présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée.

En outre, la Caisse des dépôts gère le Fonds de réserve des retraites. "Pourquoi la CDC se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation?", demande Médiapart. "Et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l'Etat?"

L'enjeu n'est pas mince. Le marché pourrait représenter "40 à 100 milliards d'euros" : en fonction de l'aspect final de la réforme, les Français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c'est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraite complémentaire. Médiapart publie notamment un "business plan" confidentiel, qui fixe pour objectif une part de marche de "17%" d'ici dix ans.

(Nouvelobs.com)

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20101014.OBS1278/guillaume-sarkozy-futur-beneficiaire-de-la-reforme-des-retraites.html

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Il me semble qu'on en parlait déjà en 2001/2003 du Guillaume frère Sarkozy, ex dirigeant du Medef...

En cherchant bien internet a du en garder des traces...

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Les mensonges du gouvernement sur les mesures en direction des Femmes...

Information CGT

Publicité mensongere du gouvernement

La Cgt rétablit la vérité !!!

lundi 18 octobre 2010, par Alessandro Vitagliano À grand coup de propagande, le gouvernement s’essaie à faire prendre des vessies pour des lanternesaux salarié(e)s.

Sur les onze mesures qu’il présente comme des avancées en faveur des femmes, neuf existent déjà, une est un recul, une seule constitue une avancée.

2010-10-18-cgt-pub_gouvt.pdf

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