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Lorsque l'écologie s'adapte à la bourse ou l'inverse


Invité Gnafron 1er

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Quand le président de Greenpeace valorise les multinationales

Pourriez-vous imaginer voir le président de Greenpeace – vous savez, les guerriers verts, les rebelles, les pourfendeurs de la société industrielle – enfiler le costard de VRP d’un indice boursier composé de 100 grandes multinationales européennes ? Eh bien, aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est le cas depuis quelques mois. En effet, le 24 octobre 2008 plus précisément, quand le groupe boursier New York Stock Exchange Euronext (NYSE Euronext) a décidé de lancer un nouvel indice européen baptisé « Low Carbon 100 Europe », présenté dans les médias comme un « indice vert ». En fait, loin de représenter des sociétés à activités « écologiques », comme le recyclage ou les panneaux solaires, cet indice mesure la performance des 100 plus grandes sociétés européennes émettant le plus faible niveau de CO2 dans les secteurs ou sous-secteurs auxquels elles appartiennent. Dans le même temps, BNP Asset Management a adossé à cet indice un fonds d’actions qui donne aux particuliers comme aux professionnels la possibilité d’investir dans ces sociétés. Selon un article du Figaro (30 octobre 2008), ce fonds (ainsi que l’indice) « est né des volontés de trois militants du développement durable : Yann Arthus Bertrand, le photographe et président de GoodPlanet.org, Robert Lion, le président d’Agrisud International et ancien directeur général de la Caisse des dépôts et Consignations, et Serge Orru, directeur général de WWF France. » Or, ce même Robert Lion a été élu quelques semaines plus tard président de Greenpeace (ce qui a suscité un certain émoi chez certains écologistes, voir ici). Donc, Greenpeace France a désormais à sa tête un des gestionnaires de ce fonds financier… ce qui a de quoi surprendre. Car si on a plutôt l’habitude de voir le WWF ou GoodPlanet flirter avec des groupes financiers et des multinationales, ce n’est pas le cas de Greenpeace qui se targue de refuser, rappelons-le, « les subventions d’Etat et les contributions d’entreprises, ce qui nous permet de garder une totale liberté de parole et d’action en tout lieu et en toute circonstance ».

L’arrivé de Robert Lion annonce-t-elle un changement dans la politique de Greenpeace ? Ce n’est pas impossible, car pour Pascal Husting, le directeur de Greenpeace-France, la proximité de Robert Lion avec les milieux financiers et institutionnels ne le gêne pas. Bien au contraire : « L’expérience de Robert Lion, sa grande connaissance des institutions et des entreprises et son choix de servir une cause militante seront d’une grande valeur ajoutée dans le combat de Greenpeace pour trouver des réponses à la crise écologique. », explique M. Husting, qui, il est vrai, est aussi un fin connaisseur du monde de la finance puisqu’il a commencé sa carrière comme golden boy au Luxembourg dont il est originaire. Avec ces deux spécialistes de la finance, Husting et Lion, on peut penser que la trésorerie de Greenpeace est en bonnes mains ! Après tout, lors du lancement du fonds « vert », le nouveau président de Greenpeace affirmait décomplexé : « Investir dans un paquet à travers ce fonds d’entreprises qui sont à la fois surperformantes par rapport aux indices moyens, et d’autre part qui contribuent à réduire les dégâts que nous faisons en général sur la planète, c’est un bon placement ! On a sa conscience avec soi et on a des chances d’être un peu mieux que si on investit dans des entreprises généralement quelconques. (…) Les entreprises auront envie de figurer non pas dans le fonds mais dans l’indice. Elles seront également très contentes qu’il y ait des gens qui à travers le fonds viennent soutenir leurs titres sur les marchés et elles feront les efforts en question. Elles seront encouragées. » Et quelles sont les entreprises dans lesquelles le président de Greenpeace veut inciter à investir ? Dans la liste des 100 entreprises « écologiquement vertueuses » (liste complète ici), on trouve : Air France, Arcelor Mittal, EDF, British Petroleum, Royal Dutch Shell, Nestlé, Unilever, Fiat, BMW, Renault, Peugeot, Sanofi, Syngenta, Bayer, etc., c’est-à-dire des entreprises qui sont, en général, susceptibles d’être la cible de Greenpeace. Il y a même deux des plus grands producteurs de tabac au monde – British American Tobacco et Imperial Tobacco – dans lesquels vous pouvez investir, selon le président de Greenpeace, tout en ayant « sa conscience avec soi »…

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