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Grève des cheminots d'Oullins ......sous occupation Allemande !


Invité Gnafron 1er

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Invité Gnafron 1er

Manif contre le STO avec occupation des voies ferrées à Romans

Les cheminots lyonnais des ateliers d’Oullins qui ont eu le courage le 13 octobre 1942 d’arrêter le travail pour s’opposer aux réquisitions de leurs collègues dans les entreprises de guerre allemandes.

Le mouvement s’étend dans la région. L’unification de la résistance ouvrière et de la résistance militaire prend corps à partir de cet octobre lyonnais qui fut déterminant dans la lutte contre l’Allemagne nazie.

Oui, c’est un grand cou­rage pour ces ouvriers che­mi­nots des ate­liers d’Oullins que d’avoir osé faire le tric en temps de guerre, d’avoir osé s’oppo­ser aux lois sévè­res du régime de Vichy, qui de plus l’inter­di­sait, en stop­pant le tra­vail et en mani­fes­tant.

Cette grève d’Oullins de 1942, on ne peut en trouver nulle trace dans les journaux de l’époque, même le Progrès, qui tous s’auto­cen­su­raient, res­tant aux ordres du régime de Vichy. Pourtant cela s’est su par­tout, y com­pris en Angleterre où se trou­vait De Gaulle, par ce qui se pas­sait sous le man­teau au sein des réseaux de résis­tance. Il se trouve que jus­te­ment aux ate­liers fer­ro­viai­res d’Oullins, des ouvriers fai­saient partie mas­si­ve­ment de nom­breu­ses struc­tu­res clan­des­ti­nes de résis­tance : Combat, Libération, Franc-Tireurs, Coq Enchaîné, tandis que d’autres étaient à la CGT clan­des­tine, ceux de ce syn­di­cat qui avait refusé la collaboration, et 90 d’entre eux étaient au parti communiste.

C’est dire si tous ces ouvriers avaient du mal à accep­ter dans cette année 1942 toutes les nou­vel­les lois et règle­men­ta­tions du gou­ver­ne­ment de Pétain, aux ordres d’Hitler. Dès le 4 mai, les trains convoyant du maté­riel pour « l’effort de guerre » alle­mand devien­nent prio­ri­tai­res aux trains de voya­geurs. Le 15 mai, l’expres­sion dépor­ta­tion est inter­dite, on doit dire « envoi en tra­vail forcé » (Verschickung zur Zwangsarbeit). Le 16 juin, accord Laval-Sauckel sur le (faux) prin­cipe de la « Relève » : en échange de volontaires français venant tra­vailler en Allemagne dans les indus­tries de guerre, « des « culti­va­teurs » seraient libé­rés » !! Le 14 juillet, des mani­fes­ta­tions anti-nazies, pour­tant inter­di­tes, ont lieu à Lyon et St-Etienne, alors que de grandes rafles de juifs sont aidées par la police française, et que sont embarqués aussi des résistants, des tsiga­nes et des homosexuels.

Le 4 septembre 1942, c’en est trop aux ateliers d’Oullins, c’est la loi sur « l’orientation de la main-d’oeuvre » qui exige la réquisition forcée de travailleurs français en Allemagne, notamment dans les industries d’armements.

Aux ateliers ferroviaires d’Oullins

« Le 13 octo­bre, vers 8 heures, une liste de 30 noms de chem­nots choisis pour être envoyés Outre-Rhin est affichée au bureau du personnel . Des conciliabules réunissent furtivement les travailleurs et, parmi eux, les responsables de l’action illégale. Deux positions s’opposent : des attentistes mettent en garde contre les dangers que ferait courir à l’organisation syndicale clandestine naissante une action prématurée, d’autres, au contraire plaident en faveur d’une initiative à chaud, favorisée par la tension que crée l’affichage brusqué de la note. Finalement, c’est cette dernière position qui l’emporte. A 10h20 un militant communiste rompu depuis 1940 à l’acte illégal, Jean Enjolvy prend la responsabilité de se « découvrir » aux yeux de tous. Il dégringole les escaliers qui conduisent au rez-de-chaus­sée de la fonderie, bouscule deux contremaî­tres qui s’interposent et déclenche, avant de s’échapper, la sirène qui hurle dans les ateliers. En quelques minutes 3.000 ouvriers des différents servi­ces cessent le travail et se rassemblent, face aux bureaux, dans l’allée centrale qui dessert les principaux bâtiments du chantier. »

« En dépit des efforts des cadres, le tra­vail ne reprend pas. A l’heure de la pause, les ouvriers sont appe­lés à se réunir dans leurs sec­tions de tra­vail pour dis­cu­ter de la pour­suite de l’action. Celle-ci dure jusqu’à 19h30. La police et les GRM (Groupes Mobiles de Réserve) cas­qués et en armes, ont envahi le quartier, mais les grévistes reçoivent de l’exté­rieur l’appui de leurs proches qui se rassemblent à proxi­mité des forces de l’ordre. Les ouvriers des chantiers peuvent alors sortir en masse, accom­pa­gnés d’une grande mani­fes­ta­tion qui se rend devant la mairie avant de se disperser. »

« Dans la nuit, 27 cheminots sont arrê­tés. Le lendemain, après un matin de lock-out, le travail reprend petit à petit, mais une nouvelle manifestation, revendicative en matière de ravitaillement, se déroule encore en ville. Quant à la grève, à partir du coup de boutoir d’Oullins, elle s’étend. Les cheminots de la SNCF sont en relation avec les gares de l’agglomération lyon­naise et en tant que métallurgistes, avec les gran­des usines du secteur. »

Le mouvement prend de l’ampleur

« Les organisations de Résistance ont tra­vaillé ensem­ble au cours de la nuit pour sortir un tract inti­tulé « PAS UN HOMME en ALLEMAGNE » appelant à la lutte et signé de quatre organisations clandestines de la Résistance : Combat, Franc-Tireur, Front National , Libération et Parti Communiste clandestin. Des arrêts de travail se multiplient : ateliers de la Mouche, dépôt de Vénissieux, gare de Vaise (sous la direction du cheminot Chifflot), gare de Perrache, gares de Chateaucreux (Saint-Etienne), du Teil, de Chambéry. »

Le 14 octobre, près de 3800 cheminots ont cessé le travail et les transports ferroviaires sont paralysés. Cela va être au tour des ouvriers de la métallurgie de s’y mettre.

« Dès le 15 entrent en lutte les usines Sigma (sous la direction du syndicaliste Cochard), Somua, puis Bronzavia, Paris-Rhône, Zénith et Berliet . Le 16, Rochet-Schneider, Delle, Calor, les Cables de Lyon, S.W., Citroën. Selon les renseignements généraux, il y aurait 12.000 grévistes dans 22 usines, et, selon la CGT clandestine, 30.000 grévistes dans 30 usines. Au-delà des chiffres, l’essentiel est dans les effets du mouvement. »

Échec de la volonté nazie

« Une grève de cette ampleur sur­gis­sant sou­dai­ne­ment dans l’État de la « Révolution Nationale » où la loi inter­dit toute ces­sa­tion de tra­vail concer­tée ! L’effet de pani­que, à Vichy, est consi­dé­ra­ble. »

Le 15 au soir, un télé­gramme est envoyé à tous les pré­fets de la zone sud pour mettre fin énergiquement à toute ten­ta­tive de grève...

Mais, si le mou­ve­ment va vite s’arrê­ter dès le 17 octo­bre étant donné la répres­sion énorme, les réqui­si­tions d’ouvriers n’ont pu se faire comme les nazis l’auraient voulu.

Propagande nazie

Cette propagande n’a cependant pas eu les résultats escomptés

Le bilan de la « Relève Forcée » en région rhodanienne s’est finalement soldé par un échec. Les réquisitions forcées de Sauckel (septembre 42) imposaient un contingent de 13.000 hommes pour le 31 décembre 42 ; le service du travail obligatoire (STO) de février 43 exigeait 24.000 hommes, soit au total 37.000 hommes. Une estimation donne 4050 départs d’ouvriers soit seulement 11% du contingent réclamé. Deux réfractai­res sur trois se sont cachés et 20% ont gagné des maquis actifs dans la Résistance.

Beaucoup de militants ouvriers qui s’étaient « découverts » dans l’action, avaient été contraints de passer dans la clandestinité totale. Ils seront les premiers animateurs de la lutte armée contre l’occupant. Le 17 octobre 42, la BBC de Londres a exalté l’action des ouvriers de la région lyonnaise. Ce mouvement lyonnais, parti des Cheminots d’Oullins, a facilité le rapprochement entre la Résistance gaulliste et la Résistance ouvrière, syndicale et politique.

Source : Maurice Moissonnier, Cahiers Rhône-Alpes d’histoire sociale, Institut régional C.G.T. (octobre 1992)

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