Salut,
D'autres éléments sur le sujet avec tout d'abord un article du site alliance:
http://www1.alliancefr.com/article-20-1-31-128.html
Voici l'article:
Yona Dureau : La SNCF et la déportation... Un dossier brûlant
Nous avons tous en mémoire les hauts faits de la résistance française, et les images d'Epinal de résistants faisant sauter des trains.
Nous avons tous tendance à oublier pourquoi les trains sautaient, ou à imputer aux Allemands une forme de « détournement de trains » pour accomplir les faits et méfaits de leur occupation de la France.
Sans nier que la SNCF n'ait eu ses héros de la résistance, force est de constater que la société des chemins de fer français n'a pas toujours été à la hauteur de ces rares individus.
Une cour de justice de Brooklyn, aux Etats Unis, ouvre à présent un procès pour juger de la plainte de plusieurs personnes, et estimer la responsabilité de la SCNF dans la déportation de milliers de Juifs français.
Des centaines de plaignants de tous les pays se sont assemblés dans cette plainte contre la SNCF, depuis Israël jusqu'aux Etats Unis.
Il faut savoir, en effet que la SNCF ne se contentait pas de collaborer avec les Allemands pendant l'occupation, mais qu'elle recevait un paiement par Juif déporté calculé comme pour un train normal, selon le tarif habituel d'une personne assise, et en fonction du nombre de kilomètres parcourus.
De plus, les documents rassemblés par la partie civile montrent que la SNCF, à l'image du régime de Vichy, a devancé la demande allemande en s'empressant de l'aider dans sa tâche de destruction systématique.
Non contente d'accomplir son horrible besogne, la SNCF avait devancé les critiques allemandes éventuelles, en fournissant aux bourreaux « la meilleure qualité de wagons à bestiaux », assurant ainsi l'impossibilité de s'évader pour les prisonniers en route pour les camps de concentration.
Des membres élevés dans la hierarchie de la SNCF poussaient le zèle jusqu'à accompagner les convois de déportés jusqu'à la frontière afin de s'assurer de l'acheminement de leur marchandise vivante jusqu'au point de la fin de leur
« responsabilité administrative ».
Le zèle de la SNCF participa donc activement en France à une application efficace de la « solution finale ».
Le transport des déportés était terrible, sans considération humaine dans ces wagons à bestiaux de «première qualité ».
Le 22 juillet 1944, par exemple, un train quitta Paris avec 2166 déportés, des « passagers » selon l'ordre de route.
A leur arrivée à Dachau, trois jours plus tard, 536 de ces « passagers » étaient morts, soit un quart des déportés du train. La SNCF traitait ces déportés dans son administration avec une désinvolture routinière et une attitude commerciale révoltante.
Les déportations par voie de chemin de fer n'étaient absolument pas sous le sceau du secret, ni la destination des trains.
Les trains étaient plannifiés, ordonnés dans des horaires tout à fait officiels, avec le délai habituel à tous les trains.
Chaque demande de train reçue de la Gestapo entrait dans la machine administrative de la SNCF comme s'il s'agissait d'un transport normal.
Le premier transport de Juifs déportés pour Auschwitz eut lieu le 27 mars 1942.
Le dernier train pour cette destination quitta Paris le 17 août 1944, une semaine avant la libération de Paris. Entre ces deux dates, la SNCF envoya 72 trains de déportés.
Moins de 3% des déportés amenés par ces wagons survécurent aux camps de concentration.
La compagnie des chemins de Fer Français est accusé de la déportation de 72 000 Juifs et de milliers d'autres « indésirables » du régime nazi, vers le camp d'Auschwitz comme vers d'autres camps de concentration.
Comme en témoigne Harriet Tamen, avocat des survivants de la déportation ayant déposé cette plainte contre la SNCF, « personne ne tenait de pistolet contre la tempe des conducteurs de ces trains, ni contre la tête des directeurs de la SNCF ou des officiels de la SNCF qui se sont tant appliqué à remplir leur tâche. » La responsabilité personnelle de ces individus est donc mise en cause en même temps que celle de l'institution toute entière.
Le juge David Trager, à la cour fédérale de Brooklyn, doit prononcer un jugement dans des cirsonstances pénales inattendues, puisque c'est la partie de l'accusé, la SNCF, qui a demandé à ce que soit révoquée la plainte.
Les avocats de la SNCF prétendent en effet que la compagnie jouit d'une « immunité souveraine », due à son statut d'entreprise nationale.
Ils fondent leurs arguments sur le Foreign Sovereign Immunities Act de 1976, loi passée par le Congrès américain. les avocats prétendent que même si cette loi fut passée de nombreuses années après les faits, l'intention des membres du Congrès était qu'elle eut un effet rétroactif. T
amen, quant à elle, n'est pas impressionée par cette loi destinée à protéger les intérêts étrangers, mais qui ne peut, selon elle, empêcher le dépôt d'une plainte vis-à-vis d'une compagnie ayant commis des fautes. « De la même façon que l'on peut poursuivre en justice le MTA (Mass Transit Authority) service de transport de masse, pour tout dommage causé, ou poursuivre une compagnie aérienne pour avoir perdu une valise, il n'y aucun empêchement légal à déposer une plainte contre la SNCF. C'est l'une des 500 plus grandes compagnies au monde, et qui maintient des contacts d'affaires à New York. »
Le procès promet donc d'être crucial, et de constituer un cas de jurisprudence international, tout en proposant à nouveau à la France de faire un travail de mémoire qu'elle se refuse encore à opérer
Fin de l'article
Dans la-croix.com
http://www.la-croix.com/photo2/index.jsp?d...&rubId=4085
Début de l'article:
Plus de 200 familles d'anciens déportés vont demander cette semaine à la SNCF de les indemniser pour le rôle que l'entreprise a joué dans le transports de leurs proches vers les camps nazis durant la Seconde guerre mondiale, a-t-on appris lundi 28 août auprès de l'un de leurs avocats, Me Avi Bitton.
Ces familles israéliennes, françaises, américaines, belges et canadiennes vont d'abord adresser une lettre à l'entreprise publique en lui demandant des indemnisations à hauteur de plusieurs millions d'euros, a précisé l'avocat à l'Associated Press, confirmant une information parue dans Le Monde.
Si la SNCF ne répond pas, les familles vont saisir un ou plusieurs tribunaux administratifs pour faire valoir leurs droits, a ajouté l'avocat.
"L'Etat n'a pas fait appel"
Les familles se basent sur une décision du tribunal administratif de Toulouse qui a condamné le 6 juin dernier l'Etat et la SNCF à verser 62.000 euros à la famille de l'eurodéputé Vert, Alain Lipietz, pour avoir déporté et interné quatre membres de cette famille de Toulouse à Drancy en 1944.
La SNCF a fait appel de ce jugement, ce que le député européen a jugé "incompréhensible". "La SNCF ne reconnaït pas la continuité entre la SNCF d'aujourd'hui et la SNCF de l'époque", a-t-il expliqué sur LCI, "elle en vient même à dénier ce qui est pourtant dans le rapport des historiens".
Ce rapport révèle que pendant la Seconde Guerre mondiale, "la SNCF se faisait payer et elle s'est fait payer même après la Libération par la République française", a expliqué Alain Lipietz. "La direction de la SNCF a tout fait pour livrer les juifs aux nazis dans le pire état possible", a-t-il jugé, tout en déplorant que l'entreprise n'exprime aucun regret sur son rôle joué pendant la déportation .
"L'Etat n'a pas fait appel. L'Etat reconnaîtt totalement qu'il était coupable et responsable", a-t-il également souligné.
D'autres plaintes contre la SNCF ont déjà échoué devant des juridictions civiles. Ainsi, en juin 2004, la cour d'appel de Paris avait confirmé la prescription des poursuites engagées par Kurt Schaechter, 83 ans, contre la SNCF pour avoir transporté ses parents dans les camps de la mort nazis.
AP
fin de l'article.
Pour historia.fr :
http://www.historia.fr/data/mag/716/71601002.html
Début de l'article:
Déportation : la SNCF accusée
Par Frédéric de Monicault
La bataille judiciaire n'est pas terminée, mais elle vient de connaître un sérieux rebondissement : pour la première fois, l'Etat et la SNCF ont été condamnés, début juin, pour avoir contribué à la déportation de juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Le tribunal administratif de Toulouse a donné gain de cause au député européen Alain Lipietz, à sa soeur Hélène et à leurs proches : leur plainte reposait sur le rôle de la SNCF dans le transport, en 1944, de plusieurs membres de leur famille, de Toulouse vers Drancy. La SNCF a fait aussitôt appel en rappelant, par l'intermédiaire de son avocat, « avoir agi sous le régime de la réquisition sans marge de manoeuvre ». La requête de « complicité de crime contre l'humanité », déposée par les plaignants, n'a fait l'objet d'aucune mention dans le jugement.
A l'origine de la plainte des Lipietz, on trouve les travaux de Kurt Werner Schaechter, de l'association Ethic (Enquête sur la tragique histoire des internements dans les camps). En 1992, celui-ci découvrait une facture pour le transport de déportés présentée par la SNCF au député de Haute-Garonne et acquittée après la Libération, ce qui a conduit l'entreprise à ouvrir ses archives et à confier à l'Institut d'histoire du temps présent le soin de faire la lumière sur ce dossier. Publié en 2000 sous la responsabilité de Christian Bachelier, le rapport de 1 600 pages, La SNCF sous l'occupation allemande , avait conclu à la participation active de la SNCF dans la déportation.
Fin de l'article.
Et enfin le rapport commandé par la SNCF sur l'entreprise pendant la seconde guerre mondiale(j'ai "préselectionné" la partie sur les déportations):
En résumé:
http://www.ahicf.com/rapport/partie4.htm
Début de l'article:
Les chemins de fer et la déportation
Mais surtout, l'année 1942 est celle des déportations [des Juifs vers le Reich]. Le premier transport de déportation part de la région parisienne le 27 mars 1942. Il entre dans le cadre des mesures de représailles annoncées par le MBF et organisées par le Sipo-SD. Les Chemins de fer ont un rôle essentiel dans le processus de déportation. L'historien Raul Hilberg considère que les cheminots ont été "indispensables" dans ce processus (25). Par ailleurs, il faut noter la faiblesse quantitative de ces transports spéciaux, vers les camps d'extermination, dans la masse des transports ferroviaires : 3 000 convois de déportation de Juifs ont été mis en route entre octobre 1941 et octobre 1944 par la Reichsbahn, sur l'ensemble des territoires occupés ou contrôlés, ce qui, au total, équivaut à 15% du nombre de trains de marchandises roulant en une journée sur son réseau.
Pour les chemins de fer, la déportation est prise en compte en termes techniques d'horaires et de matériel disponible. Ainsi lorsque la SNCF est confrontés à l'expulsion des Juifs de Bade sur la zone sud, en 1940, sa direction générale demande au secrétaire d'État aux Communications d'intervenir auprès de l'intérieur "afin que les transports en cause qui pourraient éventuellement avoir lieu, soient exécutés suivant un programme établi d'accord avec les autorités allemandes et que ce programme nous soit communiqué à l'avance". Ainsi la SNCF, qui souhaite que "des accords gouvernementaux auront réglé au préalable, dans tous leurs détails, les problèmes que pose la migration des populations dont il s'agit", ne conçoit pas ces transports - qui viennent de lui être imposés par surprise par les autorités allemandes - sans l'établissement d'une programmation.
En outre, dans cette première expérience, la SNCF s'en remet pour la décision de ces transports au niveau gouvernemental. Dans les archives, on peut retrouver des éléments portant sur une programmation des transports d'internés politiques jugés dangereux de zone sud sur l'Afrique du Nord en 1941, de Juifs de zone libre sur la zone occupée à l'été 1942 ; d'internés politiques dangereux de zone sud vers la zone nord en 1943, d'internés anglo-saxons en 1944. Les travaux de Serge Klarsfeld ont établi le rôle des autorités politiques françaises (Laval) et de l'intérieur (Bousquet) dans la décision et l'organisation des déportations.
De même dans la procédure de transfert des juifs de zone sud sur Drancy, il y a une décision gouvernementale. Celle-ci motive la convocation des administrations intéressées. Parmi celles-ci, se trouve un commanditaire, en l'occurrence l'Intérieur, et des exécutants. Dans l'exécution, s'établit une chaîne reliant la Délégation technique SNCF de Vichy au ministère de l'intérieur via la direction générale des Transports du secrétariat d'État aux Communications. Cet intermédiaire disparaît par la suite, sans doute pour des raisons fonctionnelles, telles l'efficacité, la rapidité ou l'instauration d'une routine plus rapide après une période de rodage administratif.
La mise sur pied des déportations de Juifs a partir de 1942 empreinte le circuit suivant :
décision d'Eichmann (RSHA IV-B-4), après proposition de son représentant à Paris, Dannecker (Beauftragte des Chefs der Sipo-SD für den Bereich des MBF, Abt. 4J, c'est-à-dire le chargé des affaires juives auprès de Knochen) ;
- Novak, le Transportoffizier d'Eichmann, prend alors contact avec le RVM (Amtsrat Otto Stange, Unterreferat 211, dépendant du Ministerialrat Paul Schnell, 21, sous la direction du Dr.-Ing. Max Leibbrand, Ministerialdirektor de EII Eisenbahnabt.) qui lui fait part, après consultation de son correspondant à Paris, la WVD (ou HVD) Paris, des possibilités de transport, dont les principaux éléments sont retransmis à Dannecker via Novak ;
- mais la mise en œuvre relève de la WVD Paris, en l'occurrence, Möhl, (Abteilung Eisenbahnen, 33 Bfp 7) qui, en dernière instance confirme ou modifie les horaires et conditions du transport en fonction de ses disponibilités ;
or, la WVD Paris ne possède aucun matériel en propre, ni structure d'exploitation; elle a donc recours à la SNCF pour l'exécution de ce transport: la WVD Paris transmet alors ses directives à son bureau de liaison auprès du service central du Mouvement [de la SNCF].
Non seulement - cela va de soi -, les transports de déportation et de transfert des Juifs n'ont pas été effectués à l'insu de la SNCF mais, durant l'été 1942, des représentants de la SNCF ont participé à l'élaboration des conditions techniques de transports ferroviaires à la rafle du Vél' d'Hiv' et la livraison des Juifs de zone sud en zone nord, aux autorités allemandes. Les transferts des camps d'internement aux gares d'embarquement ont été effectués au vu et su des populations locales et des cheminots, de même que les chargements dans les wagons à marchandises, de même que les conditions de "transport" tout au long des trajets et pendant les stationnements.
Ces transports relèvent de programmes élaborés par la HVD Paris et le service de liaison du Mouvement, ainsi que par la Délégation technique SNCF à Vichy, en particulier les transferts de zone sud vers la zone nord ou les transferts entre le Vél' d'Hiv et les camps du Loiret. Ils entrent également dans le cadre des conférences horaires européennes, comme la plupart des convois de déportation. Le matériel roulant utilisé est probablement allemand dans les débuts, les autorités allemandes souhaitant rapatrier le matériel de la Reichsbahn vers le Reich ; puis français car constituant parfois un prélèvement déguisé ; puis indifférencié par l'introduction de la banalisation, d'abord de fait, puis dénommée "utilisation réciproque" ; en ce qui concerne le matériel moteur, il est français jusqu'à Novéant (point-frontière Région Est-ancien réseau AL). Ces convois sont formés, dirigés et conduits par les cheminots français, en vertu du principe de la division des Compétences, exécution française et surveillance allemande.
Des cheminots ont manifesté des actes de solidarité, individuels et isolés, avec les persécutés. Aucune protestation contre ces transports émanant de la SNCF ne figure ni dans les archives, ni dans les témoignages.
Fin de l'article.
Pour accéder à la version complète du rapport cliquez sur le lien en bas de page à gauche après le texte du résumé toujours à cette adresse:
http://www.ahicf.com/rapport/partie4.htm
Voilà, pas mal d'éléments pour comprendre, bonne lecture.