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Le Web des Cheminots

Pour les euros - député(e)s , tout baigne !


Invité Gnafron 1er

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Invité MarcM

Pendant ce temps là, les eurocrates font trempette...

L'affaire pourrait paraître anecdotique. Mais à l'heure où l'on enregistre 3.500 demandeurs d'emploi supplémentaires chaque jour et où familles, Etat et collectivités publiques doivent se serrer la ceinture, elle est symbolique. En 2007, le Bureau du Parlement européen, la Commission des budgets et l’assemblée plénière du PE ont donné leur feu vert à la rénovation et l’extension du club de sport situé dans les locaux de l’institution à Bruxelles. Un ensemble piscine-Spa de plusieurs millions d’euros pour les députés et le personnel de la maison. Le député vert Gérard Onesta, qui porte ce projet depuis 2006, essaye de tempérer : il ne serait question que d'une "rénovation", avec construction d'un simple espace "aquagym" de "85 cm de profondeur", pour tout de même « 5,6 millions d’euros ». Et la moitié des bénéfices devrait être reversé aux institutions européennes par l’exploitant.

Pourtant, le projet que le vice-président écolo du Parlement européen décrit dans son rapport initial de 2006, annonce bien une "extension" du club de 46% de la surface actuelle, et il a tout d’un complexe comprenant piscine ronde avec nage à contre-courant et jets de massage, hammam, sauna, solarium, cabinets d’esthétique, ostéopathe etc…et ce pour un montant estimé à l’époque à 4 millions d’euros.

Afin d'échapper aux cris d’orfraie des quelques eurodéputés soucieux des deniers publics en Commission des budgets, M. Onesta a réécrit un peu le projet dans lequel il n’est formellement plus question de «piscine », mais où il faut aller fouiller dans les annexes pour retrouver «les deux bassins de l’espace aquatique » ainsi que des spécifications techniques qui ne laissent aucun doute : ce n’est pas un vivier pour les homards à servir au restaurant des eurodéputés, mais bien un complexe aquatique. Entre temps, les coûts ont d’ailleurs plus que doublé : l’appel d’offres en cours porte sur un montant non plus de 4, ni de 5,6 mais de 7,8 millions d’euros, auxquels s’ajoutent les études et le pilotage, soit 9,3 millions d’euros. Le gestionnaire, une société néerlandaise, est déjà sélectionné par appel d'offres. Le 18 février dernier, le bureau du Parlement a décidé d'attendre un peu pour signer son contrat...après les élections ?

Il en est de la piscine des eurocrates comme de la Constitution européenne ou de la directive Bolkestein : lorsque surgit un « non », le projet revient maquillé sous une autre appellation.

1) Un projet controversé de complexe avec piscine, hammam, sauna et solarium dans l'enceinte du Parlement européen

Début novembre 2006, le comité de gestion du centre de sport approuve un projet proposé par les services du Parlement, de réaménagement avec extension de 46% de la surface, gagnée sur des places de parking sous-terrain inutilisées.

Le futur Centre de Sports rénové et étendu comporterait différentes zones :

- une zone "Santé/Beauté" avec kinésithérapeute, ostéopathe, esthéticienne et solarium,

- une zone "Gymnastique",

- une zone "Squash",

- une zone "Saunas"

- une zone "Balnéo" comprenant une "piscine ronde" (avec système de "nage à contre-courant", "jets de massage"), "trois petits bassins à températures variées (frigidarium, caldarium et tépidarium)", un jacuzzi, deux hammams et un espace de repos.

Le budget prévisionnel table alors sur un investissement d'environ 4 millions d'euros.

Le projet est approuvé à l'unanimité par le Collège des Questeurs en sa réunion du 28 novembre 2006, puis transmis au Bureau du Parlement qui l'adopte le 13 décembre 2006, soulignant notamment "la nécessité d'offrir aux députés et aux personnels des installations sportives correctes, de telles installations représentant un service ayant une dimension sociale et dans le domaine de la santé".

Le Bureau transmet ensuite ce projet pour examen à la Commission des Budgets du PE, où plusieurs députés s'insurgent : s'ils acceptent le principe d'une rénovation a minima du centre sportif, ils refusent toute idée d'extension et encore moins de piscine.

2) L'idée revient camouflée sous l'expression "espace aquatique" avec "deux bassins de débordement"

En mars 2007, l'eurodéputé vert Gérard Onesta rédige une nouvelle note - qui restera confidentielle plusieurs mois - dans laquelle la "zone balnéo" a formellement disparu.

Il faut aller lire les annexes pour trouver l'expression «espace aquatique». La "piscine" n'est plus explicitement mentionnée, pas plus que la zone spa, hammam, sauna et solarium.

En revanche les spécifications techniques relatives à l'hygiène sont aussi limpides que l'eau dans laquelle les députés et leur personnel vont pouvoir tremper : "deux bassins de débordement", filtration et traitement de l’eau, carrelage, séparation des « usagers déshabillés pieds nus » et du « public habillé » etc.

3) Bureau, Commission des Budgets et Parlement donnent leur feu vert à "l'espace aquatique" pour 5,4 millions d'euros

Le 6 juin 2007, le Bureau du Parlement "confirme son accord de principe" sur la base de cette présentation édulcorée - sans la "piscine" - et charge le Secrétaire général de lancer des appels d'offres pour le contrat de gestion du Centre sportif qui "devra être basé sur le principe d'autonomie financière", ainsi que pour l'exécution des travaux. L'opération est désormais estimée à 5,4 millions d'euros.

Le 7 juin 2007, le Parlement européen, à la suite de la Commission des Budgets, accepte le projet par un vote à main levée en plénière, sous réserve de plus de précisions (la "piscine" avait suscité l'ire de plusieurs députés).

Le 11 octobre 2007, après présentation de cette étude ayant camouflé la "zone balnéo" dans un "espace aquatique", la Commission des Budgets au PE renonce à bloquer le projet.

4) Au terme du dernier appel d'offre, les travaux sont réévalués à 9,3 millions d'euros

En novembre 2007, l'appel d'offres pour les travaux est en revanche déclaré infructueux "eu égard aux montants élevés des offres déposées". Pour la gestion du Centre, une société néerlandaise est retenue au terme de l’appel d’offres.

La Commission européenne annonce alors son intention de participer financièrement au projet, à hauteur de 1,5 million d'euros.

Un nouvel appel d'offres est lancé pour la réalisation des travaux de rénovation et d'extension, pour un montant de 7.835.093 euros auxquels s'ajoutent 1,35 million pour les études, pilotage et différents contrôles, soit 9,3 millions d'euros au total.

"Une meilleure santé conduit à moins de dépenses publiques"...

L’investissement doit être théoriquement « avancé » par le Parlement et la Commission européenne puis remboursée au fur et à mesure par l’exploitant sélectionné. Mais l’équilibre financier de cette opération sur fonds public est loin d’être garanti : le coût prévisionnel a été multiplié par plus de deux depuis l’origine, à 9,3 millions d’euros, avec entre-temps un appel d’offre infructueux justement en raison des montants élevés des offres.

Quoiqu’il arrive, on voit mal comment les nouvelles installations dans les sous-sols du Parlement européen ne resteront pas en définitive à sa charge, intégralement ou partiellement. Dans son rapport de mars 2007 précité, le député Onesta tente de réfuter cet argument en affirmant sans rire qu’: « Une meilleure santé conduit à moins de dépenses publiques liées aux cotisations sociales, aux traitements des maladies ainsi qu'à moins d'absentéisme au travail, ce qui permet d'économiser des sommes colossales»…

5) Le 18 février 2009, la piscine marque une pause avant les élections européennes

Le 18 février 2009, le dossier est de nouveau à l'ordre du jour du Bureau du Parlement européen se réunissant à huis clos.

Il auditionne Gérard Onesta qu'il félicite pour la "remarquable qualité de son travail". S’agissant des nouvelles décisions qu’il doit prendre pour faire avancer le projet (conclusion du contrat d’exploitation avec l’entreprise sélectionnée, travaux d'extension etc), il annonce qu’il les reporte « à une prochaine réunion ».

Selon une source directe, c’est bien l’impact symbolique de ce projet sur l’opinion publique, à quelques mois des élections européennes et dans un contexte de récession grave, qui a conduit le Bureau à marquer une pause.

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