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Le Web des Cheminots

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Grippe A : « Ils ont organisé la psychose »

Révélation :

président de la commission santé du Conseil de l’Europe,

l’allemand Wolfgang Wodarg accuse les lobbys pharmaceutiques et les gouvernants.

Il a obtenu le lancement d’une enquête de cette instance sur le rôle joué par les laboratoires

dans la campagne de panique autour du virus. Entretien sans détour.

Ex-membre du SPD, Wolfgang Wodarg est médecin et épidémiologiste.

Il a obtenu à l’unanimité des membres de la commission santé du Conseil de l’Europe

une commission d’enquête sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion de la grippe A par l’OMS et les états..

Qu’est ce qui a attiré vos soupçons dans la prise d’influence des laboratoires sur les décisions prises à l’égard de la grippe A ?

Wolfgang Wodarg. Nous sommes confrontés à un échec des grandes institutions nationales, chargées d’alerter sur les risques et d’y répondre au cas où une pandémie survient. En avril quand la première alarme est venue de Mexico j’ai été très surpris des chiffres qu’avançait l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour justifier de la proclamation d’une pandémie. J’ai eu tout de suite des soupçons : les chiffres étaient très faibles et le niveau d’alarme très élevé. On en était à même pas mille malades que l’on parlait déjà de pandémie du siècle. Et l’alerte extrême décrétée était fondée sur le fait que le virus était nouveau. Mais la caractéristique des maladies grippales, c’est de se développer très vite avec des virus qui prennent à chaque fois de nouvelles formes, en s’installant chez de nouveaux hôtes, l’animal, l’homme etc. Il n’y avait rien de nouveau en soi à cela. Chaque année apparaît un nouveau virus de ce type « grippal ». 
En réalité rien ne justifiait de sonner l’alerte à ce niveau. Cela n’a été possible que parce que l’OMS a changé début mai sa définition de la pandémie. Avant cette date il fallait non seulement que la maladie éclate dans plusieurs pays à la fois mais aussi qu’elle ait des conséquences très graves avec un nombre de cas mortels au dessus des moyennes habituelles. On a rayé cet aspect dans la nouvelle définition pour ne retenir que le critère du rythme de diffusion de la maladie. Et on a prétendu que le virus était dangereux car les populations n’avaient pas pu développer de défense immunitaires contre lui. Ce qui était faux pour ce virus. Car on a pu observer que des gens âgés de plus de 60 ans avaient déjà des anticorps. C’est-à-dire qu’ils avaient déjà été en contact avec des virus analogues. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs il n’y a pratiquement pas eu de personnes âgées de plus de 60 ans qui aient développé la maladie. C’est pourtant à celles là qu’on a recommandé de se faire vacciner rapidement.

Dans les choses qui ont suscité mes soupçons il y a donc eu d’un côté cette volonté de sonner l’alerte. Et de l’autre des faits très curieux. Comme par exemple la recommandation par l’OMS de procéder à deux injections pour les vaccins. Ca n’avait jamais été le cas auparavant. Il n’y avait aucune justification scientifique à cela. I y a eu aussi cette recommandation de n’utiliser que des vaccins brevetés particuliers. Il n’existait pourtant aucune raison à ce que l’on n’ajoute pas, comme on le fait chaque années, des particules antivirales spécifiques de ce nouveau virus H1N1, « complétant » les vaccins servant à la grippe saisonnière. On ne l’a pas fait car on a préféré utiliser des matériaux vaccinales brevetés que les grands laboratoires avaient élaborées et fabriqué pour se tenir prêts en cas de développement d’une pandémie. Et en procédant de cette façon on n’a pas hésité à mettre en danger les personnes vaccinées.

Quel danger ?

Wolfgang Wodarg. Pour aller vite dans la mise à disposition des produits on a utilisé des adjuvants dans certains vaccins, dont les effets n’ont pas été suffisamment testés. Autrement dit : on a voulu absolument utiliser ces produits brevetés nouveaux au lieu de mettre au point des vaccins selon des méthodes de fabrication traditionnelles bien plus simples, fiables et moins coûteuses. Il n’y avait aucune raison médicale à cela. Uniquement des raisons de marketing.

Comment a-t-on pu justifier de cela ?

Wolfgang Wodarg. Pour comprendre il faut en revenir à l’épisode de la grippe aviaire de 2005 - 2006. C’est à cette occasion là qu’ont été définis les nouveaux plans internationaux destinés à faire face à une alarme pandémique. Ces plans ont été élaborés officiellement pour garantir une fabrication rapide de vaccins en cas d’alerte. Cela a donné lieu à une négociation entre les firmes pharmaceutiques et les Etats. D’un côté les labos s’engageaient à se ternir prêts à élaborer les préparations, de l’autre les Etats leur assuraient qu’ils leur achèteraient bien tout cela. Au terme de ce drôle de marché l’industrie pharmaceutique ne prenait aucun risque économique en s’engageant dans les nouvelles fabrications. Et elle était assurée de toucher le jack pot en cas de déclenchement d’une pandémie.

Vous contestez les diagnostics établis et la gravité, même potentielle, de la grippe A ?

Wolfgang Wodarg. Oui, c’est une grippe tout ce qu’il y a de plus normale. Elle ne provoque qu’un dixième des décès occasionnés par la grippe saisonnière classique. Tout ce qui importait et tout ce qui a conduit à la formidable campagne de panique à laquelle on a assisté, c’est qu’elle constituait une occasion en or pour les représentants des labos qui savaient qu’ils toucheraient le gros lot en cas de proclamation de pandémie.

Ce sont de très graves accusations que vous portez là. Comment un tel processus a-t-il été rendu possible au sein de l’OMS ?

Wolfgang Wodarg. Un groupe de personnes à l’OMS est associé de manière très étroite à l’industrie pharmaceutique.

L’enquête du conseil de l’Europe va travailler aussi dans cette direction ?

Wolfgang Wodarg. Nous voulons faire la lumière sur tout ce qui a pu rendre cette formidable opération d’intox. Nous voulons savoir qui a décidé, sur la base de quelles preuves scientifiques, et comment s’est exercé précisément l’influence de l’industrie pharmaceutique dans la prise de décision. Et nous devons enfin présenter des revendications aux gouvernements. L’objectif de la commission d’enquête est qu’il n’y ait plus à l’avenir de fausses alertes de ce genre. Que la population puisse se reposer sur l’analyse, l’expertise des instituions publiques nationales et internationales. Celles ci sont aujourd’hui discréditées car des millions de personnes ont été vaccinés avec des produits présentant d’éventuelles risques pour leur santé. Cela n’était pas nécessaire. Tout cela a débouché aussi sur une gabegie d’argent public considérable.

Avez-vous des chiffres concrets sur l’ampleur de cette gabegie ?

Wolfgang Wodarg. En Allemagne ce sont 700 millions d’euros. Mais il est très difficile de connaître les chiffres précis car on parle maintenant d’un côté de reventes de vaccins à des pays étrangers et surtout les firmes ne communiquent pas, au nom du principe du respect du « secret des affaires » les chiffres des contrats passés avec les Etats et les éventuelles clauses de dédommagements qui y figurent.

Le travail de « lobying » des labos sur les instituts de santé nationaux sera-t-il aussi traité par l’enquête du conseil de l’Europe ?

Wolfgang Wodarg. Oui nous nous pencherons sur l’attitude des instituts comme le Robert Koch en Allemagne ou Pasteur en France qui auraientt dû en réalité conseiller leurs gouvernements de façon critique. Dans certains pays des institutions l’ont fait. En Finlande ou en Pologne, par exemple, des voix critiques se sont élevées pour dire : « nous n’avons pas besoin de cela ».

La formidable opération d’intox planétaire n’a-t-elle pas été possible aussi parce que l’industrie pharmaceutique avait « ses représentants » jusque dans les gouvernements des pays les plus puissants ?

Wolgang Wodarg. Dans les ministères cela me paraît évident. Je ne peux pas m’expliquer comment des spécialistes , des gens très intelligents qui connaissent par cœur la problématique des maladies grippales, n’aient pas remarqué ce qui était en train de se produire.

Que s’est-il passé alors ?

Wolfgang Wodarg. Sans aller jusqu’à la corruption directe qui j’en suis certain existe, il y a eu mille manières pour les labos d’exercer leur influence sur les décisions. J’ai pu constater très concrètement par exemple comment Klaus Stöhr qui était le chef du département épidémiologique de l’OMS à l’époque de la grippe aviaire, et qui donc a préparé les plans destinés à faire face à une pandémie que j’évoquais plus haut, était devenu entre temps un haut cadre de la société Novartis. Et des liens semblables existent entre Glaxo ou Baxter, etc. et des membres influents de l’OMS. Ces grandes firmes ont « leurs gens » dans les appareils et se débrouillent ensuite pour que les bonnes décisions politiques soient prises. C’est à dire celles qui leur permettent de pomper le maximum d’argent des contribuables.

Mais si votre enquête aboutit, ne sera-t-elle pas un appui pour les citoyens d’exiger de leurs gouvernements qu’ils demandent des comptes à ces grands groupes ?

Wolfgang Wodarg. Oui, vous avez raison, c’est l’un des grands enjeux lié à cette enquête. Les Etats pourraient en effet se saisir de cela pour contester des contrats passés dans des conditions, disons, pas très propres. S’il peut être prouvé que c’est la prise d’influence des firmes qui a conduit au déclenchement du processus alors ils faudra les pousser à ce qu’ils demandent à être remboursés. Mais ça c’est uniquement le côté financier, il y a aussi le côté humain, celui des personnes qui ont été vaccinés avec des produits qui ont été insuffisamment testés.

Quel type de risque ont donc pris, sans qu’ils le sachent, ces gens en bonne santé en se faisant vacciner ?

Wolfgang Wodarg. Je le répète les vaccins ont été élaborés trop rapidement, certains adjuvants insuffisamment testés. Mais il y a plus grave. Le vaccin élaboré par la société Novartis a été produit dans un bioréacteur à partir de cellules cancéreuses. Une technique qui n’avait jamais été utilisée jusqu’à aujourd’hui.

Pourquoi, je ne suis évidemment pas un spécialiste, mais comment peut-on prétendre faire un vaccin à partir de cellules malades ?

Wolfgang Wodarg. Normalement on utilise des œufs de poules sur lesquels les virus sont cultivés. On a besoin en effet de travailler sur des cellules vivantes. Car les virus ne peuvent se multiplier que de cette manière et donc, par définition, les préparations antivirus qui vont avec. Mais ce procédé présente un gros défaut, il est lent, il faut beaucoup d’œufs. Et il est long et complexe sur le plan technique. Une autre technique au potentiel remarquable consiste à cultiver les virus sur des cellules vivantes dans des bio-réacteurs. Pour cela il faut des cellules qui croissent et se divisent très vite. C’est un peu le procédé que l’on utilise pour la culture du yaourt que l’on réalise d’ailleurs aussi dans un bio-réacteur. mais dans ce contexte la cellule a été tellement bouleversée dans son environnement et sa croissance qu’elle croît comme une cellule cancéreuse. Et c’est sur ces cellules au rendement très élevé que l’on cultive les virus. Seulement pour fabriquer le vaccin il faut extraire à nouveau les virus de ces cellules sur lesquelles ils ont été implantés. Et il peut donc se produire que durant le processus de fabrication du vaccin des restes de cellule cancéreuse demeurent dans la préparation. Comme cela se produit dans la fabrication classique avec les œufs. On sait ainsi que dans le cas d’une vaccination de la grippe classique des effets secondaires peuvent apparaître chez les personnes qui sont allergiques à l’ovalbumine que l’on trouve dans le blanc d’oeuf. Il ne peut donc pas être exclu que des protéines, restes d’une cellule cancéreuse présentes dans un vaccin fabriqué par bio-réacteur, engendrent une tumeur sur la personne vaccinée. Selon un vrai principe de précaution il faudrait donc, avant qu’un tel produit ne soit autorisé sur le marché, avoir la certitude à 100% que de tels effets sont réellement exclus.

Et cela n’a pas été fait ?

Wolfgang Wodarg. On ne l’a pas fait. L’AME ( Agence Européenne du Médicament), une institution sous la responsabilité du commissaire européen à l’économie, basée à Londres, qui donne les autorisations de mise sur le marché des vaccins en Europe, a donné son feu vert à la commercialisation de ce produit en arguant, en l’occurrence, que ce mode de fabrication ne constituait pas un risque « significatif ». Cela a été très différemment apprécié par de nombreux spécialistes ici en Allemagne et une institution indépendante sur le médicament, qui ont au contraire alerté et fait part de leurs objections. J’ai pris ces avertissements au sérieux. J’ai étudié le dossier et suis intervenu dans le cadre de la commission santé du Bundestag dont j’étais alors membre pour que le vaccin ne soit pas utilisé en Allemagne. J’ai fait savoir que je n’étais certainement pas opposé à l’élaboration de vaccins avec cette technique. Mais qu’il fallait d’abord avoir une garantie totale d’innocuité. Le produit n’a donc pas été utilisé en Allemagne où le gouvernement a résilié le contrat avec Novartis.

Quel est le nom de ce vaccin ?

Wolfgang Wodarg. Obta flu.

Mais cela veut dire que dans d’autres pays européens comme la France le produit peut être commercialisé sans problème ?

Wolfgang Wodarg. Oui , il a obtenu l’autorisation de l’AME et peut donc être utilisé partout dans l’Union Européenne.

Quelle alternative entendez vous faire avancer pour que l’on échappe à de nouveaux scandales de ce type ?

Wolfgang Wodarg. Il faudrait que l’OMS soit plus transparente, que l’on sache clairement qui décide et quelle type de relation existe entre les participants dans l’organisation. Il conviendrait aussi qu’elle soit au moins flanquée d’une chambre d’élue, capable de réagir de façon très critique où chacun puisse s’exprimer. Ce renforcement du contrôle par le public est indispensable.

N’est ce pas la question d’un autre système capable de traiter une question qui relève en fait d’un bien commun aux citoyens de toute la planète qui affleure ?

Wolfgang Wodarg. Pouvons nous encore laisser la production de vaccins et la conduite de ces productions à des organisations dont l’objectif est de gagner le plus possible d’argent ? Ou bien la production de vaccins n’est-elle pas quelque chose du domaine par excellence , que les Etats doivent contrôler et mettre en œuvre eux même ? C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut abandonner le système des brevets sur les vaccins. C’est à dire la possibilité d’une monopolisation de la production de vaccin par un grand groupe. Car cette possibilité suppose que l’on sacrifie des milliers de vies humaines, simplement au nom du respect de ces droits monopolistiques. Vous avez raison , cette revendication là a pris en tout cas pour moi l’aspect de l’évidence.

Entretien réalisé par Bruno Odent

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Sur le même fond philosophique...

"Le principe de précaution oblige à exagérer la menace"

LE MONDE | 09.01.10 |

Philosophe du risque, François Ewald est professeur titulaire de la chaire d'assurances du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et directeur de l'Ecole nationale d'assurances. Ancien assistant de Michel Foucault au Collège de France, il a fondé l'observatoire du principe de précaution qu'il préside et vient de coordonner un ouvrage collectif "Aux risques d'innover" (éditions Autrement). Il décrit l'origine de ce principe de gestion de risques et les possibles dérives de son utilisation.

Le principe de précaution s'est imposé comme principe cardinal de gestion de crise en France. Comment expliquer cette évolution ?

Dans sa définition originelle, c'est un principe de gestion environnementale et non un principe de gestion de crise. Il apparaît en Allemagne à la fin des années 1960 ("Vorsorgeprinzip"). Les Allemands vont le décliner selon trois dimensions : éviter les dangers immédiats, prévenir les risques de moyen terme et avoir une gestion optimale, à long terme, des ressources naturelles. Il va ensuite prospérer sur le plan international en devenant une figure imposée de tous les traités internationaux en matière d'environnement - le premier acte important étant le Sommet de la Terre de Rio en 1992.

Etait-ce une conception nouvelle de l'action des pouvoirs publics ?

Pas du tout. L'idée que les autorités en charge de la police administrative doivent faire preuve de précaution dans l'exercice de leur charge date du XVIIe siècle. On en retrouve trace dans le Traité de la police, de Nicolas de La Mare (1707), dans lequel la police de l'environnement est déjà inscrite (gestion de l'eau, de l'air, des déchets...). Sans parler strictement de principe de précaution, on retrouve la même notion dans la loi sur les communes de 1884 qui définit les devoirs du maire. Avec le principe de précaution, on réactive donc de vieilles notions dans un contexte d'événements nouveaux. Mais nous ne sommes pas à l'origine d'une interrogation qui, de Aristote à Hegel en passant par les jansénistes, est aussi vieille que la morale et la décision en situation d'incertitude.

En France, quand apparaît le principe de précaution ?

Jusqu'au Sommet de Rio, la France reste étrangère au débat. Les Français ne sont pas pionniers en la matière, ils prennent le train en marche : la première législation qui inscrit le principe de précaution, la loi Barnier de 1995, ne suscite à l'époque quasiment aucun débat. Par contre, l'inscription de ce principe dans la Constitution, au niveau des valeurs fondatrices de la République, avec la Charte de l'environnement de 2005, a fait prendre une longueur d'avance à la France.

Mais en France, le principe de précaution s'est surtout fait connaître à l'occasion des crises sanitaires...

Tout à fait, et c'est une spécificité française. Dans notre pays, le principe de précaution a d'abord été entendu comme principe de responsabilité de l'Etat, notamment à l'occasion de l'affaire du sang contaminé. Ce principe a été réfléchi en fonction des responsabilités qu'il pourrait engager. Il est devenu à la fois un épouvantail et un principe de couverture. En faire trop semble vous protéger d'une mise en cause éventuelle. J'ajoute qu'il y a deux manières différentes d'envisager le principe de précaution : soit on considère qu'il s'agit d'un processus de délibération qui ne préjuge pas de la décision finale - en situation d'incertitudes, j'analyse tous les paramètres et j'opte pour la solution la plus adaptée ; soit j'interprète le principe de précaution en décidant qu'à partir du moment où il y a une incertitude, je suspends toute action, j'omets d'agir : c'est la logique du moratoire. Sous le label "principe de précaution", on trouve toutes les utilisations.

Comment expliquer cette diversité d'usages ?

Le principe de précaution est toujours lié à la défense d'un système de valeurs précis. Si vous considérez que la santé n'est pas une valeur qui doit être hautement protégée, alors il n'y a pas de précaution particulière à prendre en matière sanitaire. Les choix faits par Roselyne Bachelot dans le cas du risque H1N1 supposent que la société veut se protéger au maximum, que le décès d'une seule personne devrait pouvoir être évité. Si vous vous appelez Marc Gentilini ou Bernard Debré, que vous êtes médecin, que vous voyez beaucoup de gens mourir et que vous relativisez les situations, vous ne donnez pas au principe de précaution la même interprétation. Une association écologiste qui se bat contre une société qui fabrique des OGM va surpondérer la protection de l'environnement face aux bénéfices potentiels d'un progrès technique. Nous sommes donc, en réalité, dans une bataille de valeurs.

Jugez-vous excessive la gestion de la crise de la grippe A par le gouvernement ?

Mais le principe de précaution est en soi-même excessif ! Il commande de donner le plus grand poids au plus petit risque. Il oblige à exagérer la menace. On ne peut pas faire le reproche à Mme Bachelot d'avoir engagé une démarche de précaution, notamment au début de la crise : les informations en provenance de l'Organisation mondiale de la santé étaient très alarmistes. Vient ensuite, logiquement, la phase de la déception. Le temps passe. On découvre que les choses ne sont pas comme on les avait imaginées. Il faut alors s'adapter. C'est ce que tente de faire, sous des critiques qui ne sont pas toujours honnêtes, Mme Bachelot.

Il faut bien voir que, dans une conjoncture de précaution, les politiques ne gèrent pas seulement le risque objectif, difficile à établir scientifiquement en raison du manque de connaissances, mais aussi le risque subjectif, créé par l'imaginaire collectif autour de la menace. La dimension de la communication, la gestion des craintes absorbent la gestion du risque "réel". Les communicateurs prennent les choses en main et les politiques sont liés.

Comment analysez-vous le fait que la population n'ait pas adhéré à la campagne de vaccination ?

On assiste dans cette crise au croisement de deux logiques : une logique étatique classique, vaccinale et préventive, qui suppose que tout le monde va obéir aux prescriptions d'hygiène publique. Et une logique presque postmoderne selon laquelle on ne peut pas gouverner les gens par obligation parce qu'ils décident de ce qu'ils font, en fonction de l'information qu'ils reçoivent et de leurs propres jeux de valeurs. C'est une des dialectiques du principe de précaution : il ne conforte pas la légitimité du pouvoir de l'Etat, il disperse la décision au niveau des individus.

Cette gestion de crise révèle une situation éminemment contemporaine. L'Etat est pris dans cette double obligation d'avoir à offrir tous les moyens pour la vaccination alors que les moyens seront utilisés librement par chacun. D'une certaine manière, le prix des vaccins en trop, c'est le prix de la liberté des gens ! Car s'ils voulaient se faire vacciner et que vous n'aviez pas les doses correspondantes, ils vous le feraient payer très cher.

Quelle leçon tirer pour une prochaine crise sanitaire ?

L'application, demain, du principe de précaution a toutes les chances de passer par les mêmes phases : excès dans l'évaluation de la menace, puis déception.

Qu'est-ce que cela veut dire de la société d'aujourd'hui ?

Avec le principe de précaution, on revient sur cette ascèse chère aux philosophes du XVIIIe selon laquelle un jugement juste devrait être dépassionné. Nous revendiquons un nouvel usage des émotions, de la peur en particulier, qui ne préserve pas de l'erreur. Le principe de précaution, loin de renforcer l'autorité de l'Etat, l'affaiblit et finalement prive la décision publique de sa légitimité. Enfin, en raison de l'exagération des émotions qui le constitue, il tend à placer la société dans une situation de crise, d'urgence permanente comme on le constate par exemple avec la question du climat.

Cela témoigne d'un changement de paradigme politique, à une sorte d'hyperdémocratie des individus qui est fort préoccupante. Car on ne voit plus ce qui, dans un tel monde de dispersion des valeurs et des passions, pourrait rassembler les individus déboussolés.

Propos recueillis par Cécile Prieur

Publication:

Et le fait que nos chers décideurs puissent être soupçonnés d'être main dans la main avec les labos pharmaceutiques n'a rien à voir. Restons au niveau du débat philosophique. controleursncf

Invité JLChauvin
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Et le fait que nos chers décideurs puissent être soupçonnés d'être main dans la main avec les labos pharmaceutiques n'a rien à voir. Restons au niveau du débat philosophique. controleursncf

Et puis d'ailleurs, le principe de précaution est appliqué avec zèle dans l'industrie: stock abondant en cas de rupture d'approvisionnement, matériel utilisés avec toute la redondance nécessaire à la continuité de la production, personnel suffisamment abondant pour palier à tout problème intempestif, formation très poussée du personnel maison, contrôle très strict de la formation et de la qualification des personnels intérimaires, contrôle scrupuleux de la qualité de la fabrication tant en interne que par la sous-traitance, analyse sans concessions du retour d'expérience... Vous voyez bien que nous avons affaire là à des gens qui maitrisent absolument tous les domaines du principe de précaution.

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Et puis d'ailleurs, le principe de précaution est appliqué avec zèle dans l'industrie: stock abondant en cas de rupture d'approvisionnement, matériel utilisés avec toute la redondance nécessaire à la continuité de la production, personnel suffisamment abondant pour palier à tout problème intempestif, formation très poussée du personnel maison, contrôle très strict de la formation et de la qualification des personnels intérimaires, contrôle scrupuleux de la qualité de la fabrication tant en interne que par la sous-traitance, analyse sans concessions du retour d'expérience... Vous voyez bien que nous avons affaire là à des gens qui maitrisent absolument tous les domaines du principe de précaution.

controleursncf

  • 2 mois plus tard...
Publication:

Coût vaccination Grippe H1N1 Pour la CPR

Lettre au 1er ministre - cgt 21 janvier 2010

4 566 000 euros : ce serait le coût de la vaccination contre le virus de la grippe H1N1

pour un nombre indéterminé d'agents

Alors que le coût de la vaccination pour la grippe saisonnière est de l'ordre du 600.000 euros pour 92.000 cheminots

ça gronde de plus en plus !

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/...amp;xtor=RSS-17

au fait vous avez eu des gens grippés autour de vous récemment ? j'ai l'impression qu'il y en a moins que d'habitude !

lapleunicheuse

Publication:

ça gronde de plus en plus !

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/...amp;xtor=RSS-17

au fait vous avez eu des gens grippés autour de vous récemment ? j'ai l'impression qu'il y en a moins que d'habitude !

okok

le virus a peur du vaccin ,mon toubit m' avait déconseillé le vaccin (je suis sujet à risque diabète type 2) je comprend mieux pourquoi.des mauvaises langues disent que maman bachelot aurait bossée dans un labo avant d'etre ministre et quelle continuerait a toucher quelques émoluments du labo mais c'est des ragots.

salut

Publication:

Merci pour avoir rapporté ces propos de l'Allemand et la suite philosophique !!!

  • 2 mois plus tard...
Publication:

Exclusif : les labos ont poussé à l’overdose de vaccins H1N1

tout le monde s'en doutait ,mais la preuve est là ! on va voir s'il y a des suites ,la canaille ne craint rien maintenant , surtout si elle est dans les hautes shères !

http://www.marianne2.fr/Exclusif-les-labos-ont-pousse-a-l-overdose-de-vaccins-H1N1_a193903.html?com&order=2&start=20#comments

Publication:

tout le monde s'en doutait ,mais la preuve est là ! on va voir s'il y a des suites ,la canaille ne craint rien maintenant , surtout si elle est dans les hautes shères !

http://www.marianne2.fr/Exclusif-les-labos-ont-pousse-a-l-overdose-de-vaccins-H1N1_a193903.html?com&order=2&start=20#comments

et ils insistent , il faut épuiser les stocks de vaccins !

http://www.lefigaro.fr/sante/2010/06/17/01004-20100617ARTFIG00817-un-virus-h1n1-mutant-detecte-chez-le-porc.php

mais rassurez vous la mutation n'est pas dangereuse ,alors pourquoi on en parle ?

  • 1 mois plus tard...
Publication:

la pandémie est officiellement terminée ,mais rassurez vous ,ils ont trouvé autre chose .

les superbactéries arrivent tsoin tsoin !

http://www.lefigaro.fr/sante/2010/08/11/01004-20100811ARTFIG00453-l-inquietante-emergence-de-superbacteries.php

Publication:

ben oui, les virus ça marche pas, on tente avec les bactéries.

Et pis si ça marche pas mieux, il reste les parasites, les champignons ....

Publication:

suite à l'article du figaro j'ai fait une breve recherche sur google "superbactéries" les articles liés dataient de 2007 hormis celui du figaro , alors ,c'est soit un "marronnier" de la presse ,soit une tentative pour nous vendre de nouveaux médocs? mystère .

Publication:

c'est parti mon kiki .............

La bactérie ultra-résistante indentifiée sur un patient français

http://www.leparisien.fr/societe/la-bacterie-ultra-resistante-indentifiee-sur-un-patient-francais-13-08-2010-1030845.php

http://news.google.fr/news/story?pz=1&cf=all&ned=fr&ncl=dmoKZ44WHkRMXdMxuFIFI9lRntHaM&topic=h

bonne vacances à tous

  • 2 semaines plus tard...
Publication:

6 Cas de narcolepsie avec cataplexie notifiés en France

après une vaccination contre la grippe A/H1N1,

selon l'Afssaps

http://fr.news.yahoo.com/3/20100826/tfr-grippe-a-h1n1-vaccination-afssaps-56633fe.html

Six cas de narcolepsie avec cataplexie survenus chez trois enfants et trois adultes ont été notifiés depuis le 23 août en France

à la suite d'une vaccination contre le virus de la grippe A/H1N1,

a annoncé jeudi l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

  • 4 mois plus tard...
Publication:

Salut ,

En Suisse aussi :

http://www.tdg.ch/actu/suisse/suisse-elimine-41-millions-francs-vaccins-2011-01-09

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