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Il y a 150 ans .


Invité Gnafron 1er

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Rattachement de la Savoie à la France

Chronologie de la Savoie

L'Annexion de la Savoie est le nom générique donné à la réunion, selon l’expression utilisée dans le traité, de l’ensemble de la Savoie (futurs départements de la Savoie et de la Haute-Savoie), correspondant au duché homonyme, et du comté de Nice, alors partie intégrante du royaume de Sardaigne, à la France en 1860. Il est régulièrement utilisé avec un A majuscule.

Bien que le pays fut occupé voire annexé à plusieurs reprises (par les Français : 1556-1559 ; 1600-1601 ; 1689 puis 1703-1713 ; par les Espagnols 1742-1749 ; à nouveau par la France durant la Révolution de 1792 à 1814), l’expression renvoie à la clause de « réunion » prévu par l'Article premier du traité de Turin du 24 mars 1860.

Si le mot « Annexion » est le terme retenu lors des débats de 1860, préféré à celui de « cession », c'est celui de « réunion » qui apparait dans le texte du traité de 1860. En effet, celui-ci donne l'impression que les populations consentent aux décisions des princes. Cette acceptation est d'ailleurs mise en avant avec les résultats du plébiscite d'avril 1860. Ce terme est d'ailleurs repris lors du cinquantenaire de 1910 (voir infra). Cependant, lors des commémorations du centenaire de 1960, les documents officiels utiliseront plutôt celui de « rattachement », que l'on retrouve encore lors des célébrations du cent-cinquantenaire. Toutefois, les historiens savoyards, comme Jacques Lovie ou Paul Guichonnet, lui préfèrent le terme « annexion » correspondant plus à la réalité juridique.

Utilisation « officielle » du terme

Les principales villes de Savoie possèdent une rue de l'Annexion. Toutefois, l'expression est beaucoup plus présente dans le nord de la Savoie que dans le sud, où Chambéry, ex-capitale du duché, l'a faite remplacer.

Prélude : Un accord secret

Camille Benso, comte de Cavour, en costume officiel.Le 21 juillet 1858, l’empereur Napoléon III et Camille Benso, comte de Cavour, président du conseil du Royaume de Piémont-Sardaigne, se rencontrent secrètement à Plombières pour discuter d’une aide au royaume d’Italie dans sa lutte contre l'Empire autrichien, en échange des territoires savoyards et niçois. À la suite, un traité est signé à Turin le 26 janvier 1859 pour sceller |'alliance franco-piémontaise par le prince Napoléon Jérôme, qui se marie quatre jours plus tard avec la princesse Clotilde de Savoie.

Cependant, le 7 juillet 1859, à la suite de l'armistice de Villafranca, Napoléon III renonce à la Savoie, dans la mesure où « les buts de guerre rêvés n'ayant pu être atteints »[3]. À leur passage, les troupes françaises sont acclamées par les populations savoyardes. Cavour, ne voyant aboutir ses projets, doit abandonner le pouvoir et laisser la place à l'impopulaire Urbain Ratazzi.

Les débats sur une réunion à la France

Victor-Emmanuel II de SavoieDe août 1859 à janvier 1860, la Savoie est parcourue par l'incertitude de son avenir. Les libéraux se mobilisent en faveur de l'attachement de la Savoie pour leurs souverains. Un parti annexionniste - pro-français - voit le jour, tandis que dans le nord du duché, l'idée d'un rattachement à la Suisse voit le jour.

Ainsi le 25 juillet 1859, vingt-cinq ou trente personnalités savoyardes sans réelles envergures politiques ou économiques, principalement chambériennes, menées par le docteur Gaspard Dénarié et l’avocat Charles Bertier[4], rédacteur en chef du journal conservateur Courrier des Alpes, posent une adresse au roi Victor-Emmanuel II de Savoie lui demandant de prendre en compte les vœux de la province ducale :

« ... les actes mêmes émanés de Votre Gouvernement proclament la fondation d'une nationalité italienne nettement dessinée par les Alpes ainsi que par la race, les mœurs, la langue de ceux qui sont appelés à en faire partie. Ces conditions, Sire, excluent la Savoie. La Savoie n'est pas italienne, ne peut pas l'être. Quel est donc l'avenir qui lui est réservé ? Nous espérons, sire, que votre majesté, qui s'est montrée si chevaleresque envers l'Italie, voudra bien aviser aux intérêts de la Savoie d'une manière conforme à ses vœux . »

Ces mots sont l’affirmation d'une « nationalité savoisienne », selon la La Revue des Deux Mondes. Cette adresse fait l'objet d'un pétionnement à travers la Savoie, marquant à partir d'août un mouvement d’opinion à travers le pays, et notamment à travers la presse savoyarde, turinoise, genevoise et française...

Quelques jours plus tard, le 28 juillet 1859, à Annecy, une dizaine de députés savoisiens, « tous conservateurs-catholiques », demandent au gouvernement de se préoccuper du sort matériel de la province de Savoie.

Le gouvernement de Urbano Rattazzi tente cependant d'en limiter les effets, et suspend la parution du Courrier des Alpes le 3 août 1859 , pour avoir réclamé pour la Savoie les mêmes droits de vote de nationalité que les populations de l’Italie centrale (les parutions reprendront le 1er décembre).

Appel du Comité de Saint-Jean-de-MaurienneEn août 1859, le comte de Cavour, qui se repose en Suisse, rentre dans le royaume de Sardaigne en passant par la Savoie. Il en profite pour rencontrer des personnalités comme l’Intendant général Pietro Magenta démocrate, en fonction à Chambéry depuis 1856, mal vu des conservateurs , ainsi que les anti-annexionnistes François Buloz, co-fondateur de La Revue des Deux Mondes et le libéral Albert Blanc, qui publie La Savoie et la Monarchie constitutionnelle. Cette "visite" est suivie par celle des deux jeunes fils du roi, mais l'accueil reste poli constate les historiens de la période comme Henri Menabrea. Cependant, La Revue des Deux Mondes, anti-annexionniste, indique : « En vain a-t-on essayé de soutenir, surtout dans les feuilles ultramontaines de France, que la réception faite à ces jeunes princes avait été froide. M. Albert Blanc a très bien réfuté cette allégation dans un écrit où il a réduit à sa valeur le mouvement séparatiste de la Savoie (...) ».

Entre décembre 1859 et janvier 1860, des émissaires secrets sont envoyés par le gouvernement pour savoir si l’opinion savoyarde était favorable - ou non - au projet de réunion à l’Empire français. « Tout démontre la grande impopularité du régime piémontais, d'abord auprès des élites et de l'Église, mais aussi dans la population. Rejoindre la France, pays prospère et puissant, représente une grande tentation pour les Savoyards ».

À Turin, le comte de Cavour revient au pouvoir le 16 janvier 1860, après six mois de retrait, en tant que président du conseil, prêt à réaliser l'unification italienne : « Ma tâche est plus laborieuse et plus pénible maintenant que par le passé. Constituer l’Italie, fondre ensemble les éléments divers dont elle se compose, mettre en harmonie le nord et le midi, offre autant de difficulté qu’une guerre avec l’Autriche et la lutte pour Rome ».

Courant février et mars, des pétitions circulent en faveur d'une réunion à la Suisse, dans les communes du Chablais et du Faucigny. La pétition indiquait : « Nous avons été réunis à la France pendant quelques années et un grand nombre sentent encore leur cœur battre au souvenir de cette époque. Nous sommes étroitement unis au Piémont depuis 1848. Cependant, malgré toutes nos sympathies soit pour l'Italie libre, soit pour la France, d'autres sympathies d'un autre ordre plus élevés nous mènent à décider l'annexion à la Suisse... Oui, tel est notre désir le plus ardent, fondé sur nos rapports exclusifs avec Genève, sur nos intérêts commerciaux, sur tant d'avantages que nous ne saurions trouver ailleurs. ». Cette dernière reçut 13 651 signatures dans 60 communes du Faucigny, 23 du Chablais français et 13 aux environs de Saint-Julien-en-Genevois (cité par Paul Guichonnet). Mais l'affaire ne dure pas plus longtemps. Quelques journaux extérieurs à la province s'en firent l'écho. Le Journal de Genève publie la pétition, le journal parisien La Patrie participe au débat en publiant une motion émanant de Savoisiens habitants le nord du duché. Le 20 juillet, la Diète helvète décide de ne pas prendre en compte cette demande. La réaction des conservateurs pour le maintien de l'unité savoisienne ne se fait pas attendre, ils rappellent dans les journaux locaux la domination bernoise du XVIe siècle.

Le 26 février 1860, le gouvernement français écarte l'idée d'une Savoie indépendante.

Le 1er mars 1860, Napoléon III annonce au Corps législatif son intention de réclamer le pourboire convenu à Plombières, c'est-à-dire de « réclamer le versant occidental des montagnes des Alpes »[14], à savoir Nice et la Savoie, en échange de son appui à l’unité italienne. Les conseils divisionnaires, réunis à Chambéry, émettent un vœu en faveur du maintien de l'unité savoisienne le 8 mars 1860 (c.-à-d. le refus d'une partition de la Savoie entre la Suisse et la France).

Le traité et le plébiscite

Le 12 mars 1860 est signé à Turin la convention préliminaire secrète reconnaissant la cession de la Savoie et de Nice à la France. Le principe de la consultation des populations est retenu.

Les conseils divisionnaires du duché se réunissent le 21 mars 1860 et décident de l'envoi d'une délégation de 41 savoisiens (nobles, bourgeois, officiers ministériels) favorables à l'Annexion, menée par le comte Amédée Greyfié de Bellecombe qui sera reçue solennellement aux Tuileries par l'Empereur.

Le 24 mars 1860 a lieu la signature et la publication du traité d'Annexion, dit Traité de Turin. Les trois premiers articles précisent assez bien les conditions de cette annexion : tout d'abord, il n'est pas fait référence à une « annexion » mais à la « réunion » (art.I) ; d'où l'appel à l'assentiment des Savoyards et l'organisation d'un plébiscite ; ensuite la zone neutralisée de la Savoie du Nord, garantie par le traité de Turin de 1816, est maintenue (art.II) ; enfin « Une commission mixte déterminera (...) les frontières des deux États, en tenant compte de la configuration des montagnes et de la nécessité de la défense » (art.III).

Au cours du mois d'avril 1860 débute la mission du sénateur français Armand Laity (4 au 28 avril) en vue de la préparation du plébiscite[16] Par exemple, des émissaires français parcourent le Chablais et le Faucigny. Parallèlement, on diffuse les avantages de l'entrée dans l'Empire comme la diminution de la durée du service militaire, la suppression des douanes avec la France et l'entrée de denrées à bas prix, un afflux de capitaux, une meilleure répartition des impôts et surtout un pays avec lequel les Savoyards partagent la même langue. À partir du 28 mars 1860 des troupes françaises arrivent à Chambéry.

Le plébiscite se déroule le 28 avril 1860 : c'est la première élection au suffrage universel en Savoie, et les électeurs doivent répondre à la question « La Savoie veut-elle être réunie à la France? » des 21 et 22 avril 1860 se déroule dans le calme. « Pour Napoléon III, il ne s'agit pas de demander l'avis des citoyens mais de démontrer que sa politique bénéficie d'un soutien populaire. Tout se trouve mis en œuvre pour que les résultats du vote répondent aux attentes de l'Empereur » explique un historien. Les conditions de vote ne permettraient pas de caractériser aujourd'hui le vote de totalement démocratique ; « les urnes étaient aux mains des mêmes autorités qui avaient issues les proclamations. Les contrôles étaient impossibles », les églises chantent la messe et le "Domine salvum fac Imperatorem" (Seigneur protège l'empereur). Le 29 avril, la proclamation des résultats du plébiscite par la Cour d'appel de Savoie (Chambéry) est officialisée :

Le 29 mai 1860, la chambre de Turin ratifie par 229 voix contre 33 et 25 abstentions le traité de cession du 24 mars, et le Sénat par 92 voix contre 10. Le 12 juin, la France ratifie à son tour le traité, et le 14 juin 1860 prend officiellement possession du territoire après la signature du traité. Le lendemain, un décret impérial créé les deux départements de la Savoie et Haute-Savoie.

À Bonneville, les élections pour le parlement de Turin, donnent une nette victoire aux députés pro-français. Les habitants en colère arrachent les drapeaux suisses, et les affiches apposées par les réfugiés, et les autorités de la ville voulant éviter le scandale invitent les Genevois à rentrer chez eux au plus vite.

Le député radical Genevois John Perrier, dit Perrier-le-Rouge, orfèvre de profession et homme de main de James Fazy, accompagné d'une délégation armée Suisse, se rend le 29 mars 1860 à Thonon-les-Bains, pour organiser un soulèvement, mais aussitôt arrivés, ils sont insultés et hués par les habitants. Ils se réfugient à Évian-les-Bains, d’où ils seront chassés à bord du bateau nommé « Italie », en direction de Lausanne. Les autorités, de Chambéry et d'Annecy, dénoncent « les manœuvres de toutes sortes dans la ville de Genève et au-dehors, visant à détacher de la vieille famille savoisienne les provinces du Chablais, du Faucigny et même une partie de celle d’Annecy. ».

La Savoie sous le second empire

Napoléon III Empereur (par Nadar)« C'est au nom de l'empereur que je vous reçois dans la grande famille française qui est heureuse et fière de vous ouvrir ses rangs. Confondus avec les nôtres, vos intérêts seront désormais l'objet de la constante sollicitude du souverain qui a porté si haut la gloire et la prospérité de la France. »

— Déclaration d'Armand Laity, affichée après la proclamation des résultats du plébiscite.

Pour fêter l'évènement, des fêtes populaires sont organisées pendant plusieurs jours dans les campagnes et les villes de Savoie. L'empereur français effectue avec l'impératrice Eugénie, un voyage triomphal du 27 août au 5 septembre[27], à travers la nouvelle province française. Le couple impérial est accueilli à Chambéry, Annecy, Thonon, Chamonix, Evian, Sallanches, Aix-les-Bains et Bonneville, par des parades militaires, des défilés en costumes régionaux, des bals organisés et des promenades sur les lacs. L'impératrice ira sur le glacier des Bossons et sur le col de Montenvers à dos de mulet et sur la Mer de Glace, le 3 septembre 1860.

La nouvelle administration

La nouvelle province savoyarde divisée en deux départements, et subdivisées en arrondissements, possède en 1860, 542 535 habitants, dont 267 496 en Haute-Savoie et 275 039 en Savoie :

79% de la population vit de l'agriculture,

80,8% des habitants de la Haute-Savoie vivent dans des localités de moins de 2000 âmes,

84,5% des habitants de Savoie vivent dans des localités de moins de 2000 âmes.

Hippolyte Dieu ancien secrétaire du gouvernement provisoire de 1848, premier préfet hors classe de Savoie, siégeant à la préfecture de Chambéry, est chargé des affaires financières des deux départements. Réaliste, il ordonne que des circulaires soient expédiées aux communes pour expliquer simplement les nouvelles institutions, avant de rencontrer les conseillers municipaux et d'appliquer les lois françaises.

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cartonrouge et en plus on a failli être suisse, jusqu'à Nice.

Juste un petit peu ....Mais bon !

Les Germanophones Suisses se battaient farouchement contre car , le Français , dans ce cas , ultra majoritaire en Suisse ce dont ils ne voulaient pas .

Il faut intégrer aussi que:

- les milieux intellectuels étudiaient en "France ", Lyon entre autre .Cavour avait fait ses études à Lyon .Et non à Turin .

- les classes paysannes et ouvrières étaient délaissées par le Duché de Piémont Sardiagne et voyaient leurs voisins "françaises " être mieux lotis au quotidien ....

Et aussi , il y a qlq chose qui était très ancré dans les esprits , c'est qu'avec la France , "ils" connaitraient la stabilité économique ,sociale et se sentaient protéger par l'effet "grande puisance " .

Il y avait une grande misère qui faisaient que beaucoup de Savoyards s'exilaient en Amérique latine (argentine principalement )

Donc , c'était perdu d'avance car les savoyard étaient francophones de culture .....

En ce moment à Chambéry , au musée Savoisien* , une expo (3euros)sur cette hisotire =intérréssant !

* Situé à moins d'1/4h de la gare de Chambéry .Durée de la visite =1h environ .

Modifié par MarcM
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bigbisous et en plus on a failli être suisse, jusqu'à Nice.

Euh, non, les hautes Alpes, et les basses Alpes, étaient françaises cartonrouge

Au niveau géographique, les hautes alpes ne possedent plus le plus haut sommet alpin, le fleuve Var suite au redécoupage du département ne coule plus dans ce département.

Tende et la brigue attendront 1947 pour devenir françaises

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Juste un petit peu ....Mais bon !

Les Germanophones Suisses se battaient farouchement contre car , le Français , dans ce cas , ultra majoritaire en Suisse ce dont ils ne voulaient pas .

Il faut intégrer aussi que:

- les milieux intellectuels étudiaient en "France ", Lyon entre autre .Cavour avait fait ses études à Lyon .Et non à Turin .

- les classes paysannes et ouvrières étaient délaissées par le Duché de Piémont Sardiagne et voyaient leurs voisins "françaises " être mieux lotis au quotidien ....

Et aussi , il y a qlq chose qui était très ancré dans les esprits , c'est qu'avec la France , "ils" connaitraient la stabilité économique ,sociale et se sentaient protéger par l'effet "grande puisance " .

Il y avait une grande misère qui faisaient que beaucoup de Savoyards s'exilaient en Amérique latine (argentine principalement )

Donc , c'était perdu d'avance car les savoyard étaient francophones de culture .....

En ce moment à Chambéry , au musée Savoisien* , une expo (3euros)sur cette hisotire =intérréssant !

* Situé à moins d'1/4h de la gare de Chambéry .Durée de la visite =1h environ .

Bien, une bonne idée de visite, après un bon repas, ou avant, c'est mieux

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