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Le Web des Cheminots

Main basse sur la cagnotte des retraites


fabrice

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La réforme des retraites reste discrète sur le siphonage des 33 milliards d’euros du Fonds de réserve des retraites créé par Lionel Jospin. Fonds qui devait alléger la charge des retraites du papy-boom pour les jeunes générations à partir de 2020.

Avec le vote de la réforme des retraites meurt le fonds de réserve pour les retraites (FRR). Certes, ce fonds n’est qu’un vulgaire portefeuille contenant des actifs financiers. Mais ces réserves, destinées à être placées sur les marchés financiers pour générer des dividendes, devaient participer à l’équilibre des régimes de retraite après 2020, au plus fort de la génération du papy-boom. Une mécanique vertueuse. Mais plutôt que de privilégier la prévoyance, la réforme Woerth liquide les bijoux de famille –en l’occurrence de la nation– dans une stratégie à courte vue.

Créé en juillet 2001 par Lionel Jospin, ce fonds a connu une existence mouvementée. Pas d’un point de vue politique, toutefois: jusqu’à ce que Nicolas Sarkozy veuille réformer les retraites, tout le monde sur l’échiquier politique justifiait cette structure déjà mise en place dans de nombreux pays (Japon, Suède, Norvège, Espagne…).

Pour assurer l’équilibre du système par répartition, le FRR introduisait un quatrième levier (en plus de la durée de cotisation, du taux de cotisation et du taux de remplacement, qui définit le montant de la pension par rapport au salaire de référence) pour permettre à la génération du papy-boom de créer elle-même des réserves pour ne pas reporter l’intégralité de la surcharge sur les jeunes générations.

En l’occurrence, le FRR ne devait pas être utilisé avant 2020. Un louable projet, que l’on peut qualifier de responsable pour cimenter la solidarité entre les générations grâce à un travail d’anticipation. Tout le monde était d’accord.

33 milliards d’euros… tout de même

Encore faut-il alimenter un tel fonds. L’objectif initial était de le doter progressivement de 300 milliards d’euros en lui réservant une partie du produit des privatisations et autres cessions de participations de l’Etat. Il fut également prévu qu’une part (2%) des prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine et des placements vienne l’abonder (1,5 milliard d’euros en 2009). A charge pour la Caisse des dépôts, où le FRR est logé, de gérer les sommes ainsi déposées.

Mais la prévoyance n’est pas le fort des gouvernements plus enclins à gérer la pression du quotidien. Et les projections économiques sont une gymnastique aléatoire quand il s’agit d’anticiper les effets de bulles spéculatives. En juin 2007, le FRR détenait 17 milliards d’euros. Six mois plus tard, à la suite de l’emballement de la Bourse, ses actifs se montaient à 35 milliards … avant de dégringoler à 25 en décembre 2008 sous l’effet de la crise. Fin juin 2010, faute de nouvelles contributions publiques (hormis la ponction sur le prélèvement des revenus et des placements) et à cause des performances boursières médiocres, le montant des actifs revenait à 33 milliards d’euros.

Exit les 300 milliards de l’hypothèse Jospin. Un rêve démesuré à l’échelle de la folie boursière du tournant du siècle. De toute façon, la politique a toujours été fâchée avec l’arithmétique. Toutefois, selon des projections dont fait état le think tank Terra Nova (proche du PS) en s’appuyant sur une étude du FRR validée par le Conseil d’orientation des retraites, le FRR aurait pu être doté de 65 milliards d’euros à l’horizon 2020 et assurer environ 15% des besoins de financement de retraite. Ce qui n’aurait pas été négligeable.

Mais la tentation était trop forte de faire main basse sur cette cagnotte au lieu de la laisser fructifier encore dix ans sans y toucher. Le ministre du Travail Eric Woerth a tenté de justifier ce détournement de fonds, estimant que, à cause de la crise financière, le déséquilibre du régime de retraites s’était déclaré dix ans plus tôt que prévu. D’où le pompage dans les réserves. Mais c’est le principe même du fonds qui est dévoyé puisqu’au lieu d’utiliser les dividendes d’un portefeuille pour amortir les effets d’un choc démographique, la réforme va déboucher sur l’utilisation du capital de ce fonds avant que ce choc ne se manifeste. D’autant que les réserves qui auront été asséchées ne pourront plus être reconstituées : les privatisations sont des fusils à un coup…

C’est clairement un déshabillage des générations à venir pour habiller les retraités de la prochaine décennie, quoi qu’en dise le ministre. Et c’est aussi la démonstration que cette réforme n’est pas financée puisqu’elle épuisera le fonds de secours en à peine dix ans.

Un premier pas vers le recul de la répartition

Contrairement aux sens de la responsabilité et de la solidarité auxquels l’Elysée et Matignon font sans cesse référence, le pompage du FRR dépouille le régime par répartition de tout amortisseur pour la période à laquelle il aurait été le plus nécessaire. Les futurs actifs combleront… à moins qu’on assiste là au premier acte d’un recul programmé de la retraite par répartition. Car moins les charges de retraite seront supportables pour les jeunes générations, plus ténue sera la répartition et plus elle devra être remplacée par des systèmes de capitalisation. Le plus paradoxal étant que l’on sait déjà qu’une nouvelle réforme devra être mise en place dans dix ans pour éviter le creusement de nouveaux déficits. Mais qu’importe, les négociateurs de demain pourront bien blâmer ces gouvernants qui auront vidé les caisses, ceux-ci ne seront plus aux affaires pour leur répondre.

Certes, il fallait bien dégager des ressources pour gérer la période transitoire avant l’équilibre. Et un fonds ne saurait remplacer une réforme à laquelle la gauche au pouvoir n’a pas voulu se risquer.

Pour coller au projet du président de la République, le ministre du Travail se livre à une bien mauvaise gestion des fonds publics, lui qui a pourtant exercé au Budget. Dans ses anciennes fonctions, il savait bien distinguer fonctionnement et équipement, surtout lorsqu’il fallait expliquer des choix d’investissement et des mesures d’économie. Une bonne gouvernance serait-elle à géométrie variable? A moins qu’il ne s’agisse d’opportunisme… Les jeunes générations apprécieront.

Gilles Bridier

http://www.slate.fr/story/29407/fonds-reserves-retraites-detournement

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combien de personne sur ce forum vont y croire? et je ne parle même pas des français

Vu les commentaires de certains au sujet de cette grève, le démantèlement du système de retraite par répartition est sur de bons rails.

je suis vraiment inquiet. :unsure:

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Invité Gnafron 1er

tirelire2.jpg

http://www.slate.fr/story/29407/fonds-reserves-retraites-detournement

Le principe de vouloir anticiper d'éventuelles difficultés financières à venir , étaient très louables ........Cette démarche est déjà bien plus logique et sérieuse que la réforme votée récemment , non ?

J'en viens tjrs à mes principes terre à terre .

Un ménage sait qu'il va connaitre un passage délicat d'ici qlq mois ou qlq années ..Il fait quoi , si il le peut ...........Il essaie de mettre de l'argent de côté avant toute chose ? non ?

Cette approche de Jospin était juste ....bon après les formes de placement ????Par contre , les sommes déjà engrangées varient selon les sources (entre 15 et 30 milliards ) lotrela

Modifié par Gnafron 1er
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L' avenir de la Branche Vieillesse de la Sécu, et celui des 2 autres branches (maladie et famille) passe nécéssairement par un réexamen des ressources et donc des cotisations assises sur la masse salariale.

Ce que refusent d'un même effet de manche UMP et MEDEF .... Il est évidemment plus simple de puiser dans la cagnotte qui était destinée à l'échéance de 2020 ...

Ce que veut le MEDEF, et que met en place l'UMP, c'est le désengagement des entreprises du Social, le remplacement progressif des salariés par des prestataires indépendants sur lesquels les charges sont bien moins importantes.

L'objectif de l'Entreprise, c'est de rémunérer ses actionnaires (+14,8 % chez Molex ..) Point barre .

Le MEDEF a beaucoup changé avec la perte d'influence de la Métallurgie, et également du Bâtiment dans ses instances.

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Dans la même ligne...

Les 3 Frères Sarkozy...

http://lociol.wordpr...0/les-3-freres/

Extrait : 

Le Pôle Emploi, né de la fusion de l'ANPE et de l'ASSEDIC sur une idée de Nicolas Sarkozy, compte 50.000 employés. La Sécurité Sociale, comprenant l'Assurance Maladie, l'Assurance Vieillesse et les URSSAF compte 120.000 employés. Ces deux organismes ont été concernés par une réforme récente concernant les complémentaires santé. Ainsi, depuis le 1er janvier 2009,  170.000 employés ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une "mutuelle employeur obligatoire". Ceux qui ont des enfants ont également été obligés d'inscrire ces derniers sur le nouveau contrat (sauf s'ils étaient déjà ayant-droits sur le compte du conjoint via une mutuelle employeur obligatoire). On peut appeler ça du passage en force. C'est une conséquence de la loi Fillon de 2003.

Ce qui est encore plus étonnant, c'est de constater que c'est le même organisme qui a remporté les deux marchés.Je ne connais pas les modalités des appels d'offre mais je m'étonne de voir que c'est le groupe Malakoff-Médéric  qui a raflé la mise, obtenant d'un coup, d'un seul, 170.000 adhérents supplémentaires, sans compter les ayant-droits.Ajoutez à cela les 800.000 salariés CHR (café-hôtellerie-restauration) qui rentreront dans le dispositif en janvier 2011… c'est encore Malakoff Médéric qui a emporté le marché. Revenons donc sur l'histoire de cette compagnie d'assurance et de prévoyance pour comprendre un peu mieux les enjeux.

et la suite de cet article...sur le groupe Malakoff-Méderick

http://lociol.wordpress.com/2010/10/15/malakoff-mederic/

Modifié par Dom Le Trappeur
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Dans la même ligne...

Les 3 Frères Sarkozy...

http://lociol.wordpr...0/les-3-freres/

Extrait :

Le Pôle Emploi, né de la fusion de l'ANPE et de l'ASSEDIC sur une idée de Nicolas Sarkozy, compte 50.000 employés. La Sécurité Sociale, comprenant l'Assurance Maladie, l'Assurance Vieillesse et les URSSAF compte 120.000 employés. Ces deux organismes ont été concernés par une réforme récente concernant les complémentaires santé. Ainsi, depuis le 1er janvier 2009, 170.000 employés ont été contraints de résilier leurs contrats avec leurs mutuelles pour adhérer à une "mutuelle employeur obligatoire". Ceux qui ont des enfants ont également été obligés d'inscrire ces derniers sur le nouveau contrat (sauf s'ils étaient déjà ayant-droits sur le compte du conjoint via une mutuelle employeur obligatoire). On peut appeler ça du passage en force. C'est une conséquence de la loi Fillon de 2003.

Ce qui est encore plus étonnant, c'est de constater que c'est le même organisme qui a remporté les deux marchés.Je ne connais pas les modalités des appels d'offre mais je m'étonne de voir que c'est le groupe Malakoff-Médéric qui a raflé la mise, obtenant d'un coup, d'un seul, 170.000 adhérents supplémentaires, sans compter les ayant-droits.Ajoutez à cela les 800.000 salariés CHR (café-hôtellerie-restauration) qui rentreront dans le dispositif en janvier 2011… c'est encore Malakoff Médéric qui a emporté le marché. Revenons donc sur l'histoire de cette compagnie d'assurance et de prévoyance pour comprendre un peu mieux les enjeux.

En ce qui concerne la Mutuelle Pole Emploi : l'ANPE était à la MGAS (Mutuelle Générale des Affaires Sociales) ; l'Unédic et les Assédic étaient à Malakoff-Médéric (Décision paritaire à l'époque) et il n'y avait pas de remise en cause de cette Mutuelle.

Pas de changement de mutuelle donc pour les personnels ex-Unédic/Assédic dans le cadre de la nouvelle convention Collective de Pôle Emploi. Pour les ex-ANPE ayant opté pour cette nouvelle convention, ils ont basculé effectivement chez Médéric.

Ce n'est donc pas si étonnant que ça

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