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Le Web des Cheminots

Mécano CFF aux commandes d'engin SNCF


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  • 8 mois plus tard...

Après avoir changé de bout, me voici sous le carré avec l'agent d'escale de Bellegarde qui attend à côté de moi, sur le quai. Etant arrivé après mon heure de départ, je suis totalement hors de mon sillon de retour ce qui n'est pas sans causer quelques soucis en ces heures de fort trafic.

Le seul avantage, c'est que dans le sens Bellegarde-Genève, il n'y a presque personne et que les rares passagers souhaitant faire ce trajet on pris un TER (à l'heure, lui) de la SNCF. Derrière moi, il n'y a qu'une donc qu'une infortunée passagère.

-Bon alors la trottinette est prête à remonter, tu penses l'envoyer quand? demande l'escale.

-...Euh...Alors demande lui de m'appeler pour une divagation de bestiaux.

L'agent me regarde, ne sachant pas trop comment interpréter mon regard mélangeant haine, désespoir et fatalisme.

"Aucun collègue ne me croira jamais... Seul L réussissait à avoir autant de merde sur un seul train!" finis-je par articuler.

La dictée est simple, et je connais suffisamment bien la ligne pour me rendre compte que les animaux annoncés doivent être à hauteur de l'avant-dernière ferme avant la frontière, celle située à gauche près de la zone à huitante kilomètres à l'heure. Et puis bon, j'ai une marche prudente mais les animaux pourraient avoir foutu le camp d'ici là.

Le carré s'ouvre, je dégage, emprunte le tunnel et me retrouve évidemment arrêté au sémaphore de sortie du Longeray. De sa tour, l’aiguilleur m'annonce que le train précédant a confirmé la présence de mouton sur les voies mais qu'il est reparti. Quelques minutes plus tard, en effet, le signal passe au vert et me voila reparti en direction de la fin de mon odyssée.

Russin avalé, je me mets en devoir de respecter mon ordre de marche prudente en arrivant dans la zone concernée. Rien. Rien de rien du tout. Pas l'ombre d'un pet de bestiau.

Arrivé en fin de zone, je suis un peu dubitatif, ne rien voir ne me rassure absolument pas et je décide de maintenir mon allure réduite, parce que le fait que le troupeau disparaisse ne me semble pas plausible en dehors de tout avis de tournage d'un film fantastique ou de science-fiction.

Et 500 mètres plus loin, après la première courbe amenant à la Plaine, les voila. Une bonne trentaine de moutons, bêlant sur les voies et solidement décidés à ne pas lâcher leur nouvel eldorado. Coups de sifflet, grands-phares, hurlement et avancées au pas ne produisent pas d'autres effets que de les faire progresser dans la file des rails, les idiots. Aussi, je m'arrête définitivement, appelle La Plaine et lui demande l'interruption de l'autre voie - que j'obtiens - puis sors de ma cabine. Dans mon train, j'informe la seule et au final amusée passagère avant de descendre du convoi, armé de mon drapeau rouge de mécanicien-berger, et me mets en devoir de repousser les moutons sur le côté.

Après une amusante scène où l'on vit un type habillé d'orange gesticulant en maniant un drapeau déployé et subissant de fait un cours de gardien de troupeau accéléré, les bêtes finirent par quitter le plateau de tournage du film comique dans lequel personne ne m'avait dit que je jouais.

Retourné en cabine, j'annonçais alors à La Plaine que je me remettais en marche, que l'interdiction pouvait être levée et que j'en avais plein les baguettes. À mon grand désespoir, le chef-circulation m'annonça:

-Oui bon alors je te prends sur la 1 occupée dès que le TGV t'auras croisé et que la navette sera rentrée à la suite, tu es supprimé de toute façons. Une fois sur la une tu vides ta rame et mets tes passagers dans la navette en tête côté Genève et tu toi vas me chercher la Bem que tu m'as abandonnée sur la 14, ça t'apprendra à foutre le bronx.

-Et gnangnangnan... Compris!

Après m'être remis en marche jusqu'au signal d'entrée de La Plaine puis avoir attendu d'autres inexorables minutes, voici le rouge-clignotant se présenter et m'autoriser à rentrer sur voie une. Arrêté, mon train promptement vidé, me voila repartant sur la 14 sachant d'avance que l'attelage allait être au moins compliqué à effectuer. Il le fût, d'ailleurs, mais moins que craint au début et quelques écorchures de plus ainsi qu'un bricolage avec une branche pour maintenir le crochet dans l'axe me permirent enfin de reprendre la marche en direction de Genève, à 50 km/h de nouveau, traînant derrière moi la cause de mes ennuis qui à d'autres occasions fit encore parler d'elle.

Cette fois néanmoins fut la bonne, et arrivé sur la voie 7 de Genève j'eu le très grand plaisir de voir un mécanicien de manœuvre me relever pour le remisage et la feuille m’appeler pour m'annoncer qu'il était temps de m'en retourner chez moi, le reste de mon tour ayant été remis à la réserve. Heureux, regardant ma montre, je constatais que mon périple avait durée moins de trois heures et que j'allais arriver chez moi bien en avance.

Modifié par likorn
  • J'adore 5
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