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Le Web des Cheminots

likorn

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Tout ce qui a été posté par likorn

  1. Pour travailler dans un pays trilingue qui utilise depuis très longtemps des formulaires pré-remplis, je ne puis que saluer des deux mains. Pour moi, entre le bulletin SNCF à remplir mot par mot et le formulaire pré-imprimé CFF, y a pas photos, je préfère le second, et de loin. Premièrement, un bulletin près rempli est bien plus simple. On sait dans quel ordre vont arriver les informations, et ce quelque soit l'intervenant ou la cause du bulletin (arrêt exceptionnel, franchissement ou abaissement de panto exceptionnel), on n'a pas de surprise même si c'est un agent de Luterbach qui s'exprime en patois local. Deuxièmement, c'est beaucoup plus rapide. Ça réduit les risques d'incompréhension tant linguistique que causée par une mauvaise qualité radio (de nouveau, l'ordre étant toujours constitué de la même manière, on peut limiter le nombre de mot à échanger au strict minimum). Troisièmement, c'est beaucoup plus sûr. Il y a des case à cocher ou à remplir, et dès lors s'il en manque une, on sait qu'une information primordiale n'est pas présente. Enfin, comme tous les formulaires d'ordre tiennent sur une page (il y en à sept possibles chez nous, sans compter les bulletins de dépassements/croisements*), il y a beaucoup moins à emporter avec soi. Non, personnellement, je préfère de loin le fonctionnement par formulaires pré-imprimés. Alors si sur Bellegarde on pouvait aussi un jour y venir, j'dirais pas non... * – Ordre 1 : Franchissement de signaux présentant l’image d’arrêt – Ordre 2 : Marche à vue supprimée – Ordre 3 : Entrée sur voie occupée – Ordre 4 : Arrêt à – Ordre 5 : Installation de passage à niveau hors service – Ordre 6 : Réduction de la vitesse – Ordre 7 : Circuler avec pantographes abaissés
  2. Bah, quand tu vois qu'on a du enlever les plaques de nos machines (les Ae 6/6 tout particulièrement) parce que des "passionnés" les volaient ou étaient près à les racheter à des malandrins sans se poser ne serait-ce qu'un début de question quant à la provenance des dits blason, ça ne m'étonne pas.
  3. Le Conseil n'a pas ce pouvoir, et heureusement. Et ce qui est inadmissible, c'est d'avoir pondu une loi autant peu clair. Et ça c'est la faute du pouvoir législatif (et aussi executif) mais certainement pas du pouvoir judiciaire, qui ne fait que constater que cette loi est simplement incompréhensible et inapplicable. Pour punir quelqu'un, il faut encore savoir pourquoi on le puni. Lorsque personne ne comprend de la même façon un texte législatif, c'est qu'il y a un soucis. Et le droit pénal n'a pas à être interprété. Soit on commet une infraction, soit non, il n'y a pas de marge grise les conséquences seraient trop graves.
  4. Oui A.Meyer est un directeur qui prend le temps de venir s'expliquer et de parler, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème. Et puis surtout, il n'est que le directeur des CFF, la plupart des problèmes sont politiques, pas entrepreneuriaux. Mais si je ne l'adule pas, je reconnais que c'est un homme honnête, qui fait son travail de manière plus que correcte. Il sait où il va, et aussi comment y aller, c'est rare. Après qu'il n'aille pas forcément là où nous voudrions nous rendre, nous les employés, est relativement normal.
  5. D'ailleurs j'ai souvent observé ça, à faible vitesse, on fait moins attention. Et pourtant les distances de freinages sont toujours là. Petite pensée aux collègues me concernant - y a aucune raison - ça peut arriver à tout le monde ce genre d'erreur, et c'est une casserole que tu te traînes pour pas grand chose.
  6. Je pense que tu oublies un autre élément qui est l'humain. Un expert (CTT) ou un formateur qui se plante, qui dit un truc faux, en soit, je ne vois pas trop le problème. Presque tous les jours je fais des trucs faux, tant sur la route que sur les rails, des petits trucs en général, mais je les fais faux. J'essaye juste de faire le plus juste possible tout le temps, et eux aussi pour la plupart. Alors évidemment il faut éviter les trop grosses et graves erreurs, mais après en soi il sera impossible d'avoir en tout temps et en tout lieux une même compréhension d'un texte de réglementation. La seule et vraie différence apparaît quand certains sont incapables d'entendre qu'ils ont tort. Là ça devient inquiétant. Et c'est un travers souvent constaté chez les experts tant ferroviaire qu'aéronautique. Il est difficile d'être à la fois l'autorité et la potentielle source d'erreur. Je suis persuadé que les meilleurs formateur et experts que j'ai eu était ceux qui gardaient un pied important dans la pratique. Ceux-là, ils se remettent souvent plus en question ne serait-ce que parce que eux-même constatent leurs erreurs de tous les jours, ce qu'un type dans un bureau ne fait plus tellement. Conduire 200 heures par an (le minimum pour garder le permis) ne permet pas d'avoir des situations qui font que l'on se remette en question et que l'on confronte notre théorie à la pratique. De fil en aiguille, on devient imbus, obtus, on interprète faussement sur son fauteuil à roulette un article qui dans la pratique ne cause aucun soucis mais qui en théorie peut donner n'importe quoi et vice-versa. Et on aboutit droit à l'exemple que j'ai cité avant. Mais ça, c'est vraiment un problème lié à l'humain, à la personnalité. Pas forcément aux compétences.
  7. La concurrence joue effectivement un rôle la dedans, et pas que dans les relations Sud-Sud Avant, Genève-Milan/Venise, c'était le même personnel de bout en bout (sauf mécanicien). Maintenant il y a un changement complet à la frontière (y compris pour le resto). De plus, les trains perdent du temps car la ligne internationale du Simplon n'est plus entretenue par les Italiens qui n'y font pas rouler de train (signalisation suisse, réglementation, trains suisses jusqu'à Domodossola). Du coups on roule à 30 au lieu de 110, et on déraille de temps à autre. Bref, rien que de très normal entre deux boites concurrentes qui ne peuvent évidemment pas s'entendre (vous avez déjà vu Mac et PC s'entendre tout seul, sans intervention extérieur? Moi pas).
  8. Ce sujet me fait rire. Sincèrement. Il me rappel mon examen pour faire la ligne Genève-Bellegarde, avec un expert suisse mais formé par les français et qui tordait le règlement dans tous les sens. Notamment, à propos de la bande lumineuse jaune horizontale, j'avais indiqué que l'on pouvait trouver à sa suite, entre autre, un convoi. Il m'avait alors dit "Un convoi? Et vous le voyez comment votre convoi?". Je vous laisse réfléchir, tentez de trouver une réponse intelligente à cette question conne, la garder dans un coin de votre tête et lire ce qu'il attendait; sachant que j'avais répondu "avec mes yeux" ne voyant pas trop quoi dire d'autre. La réponse était "On le voit à son signal de queue!" Et il était fier, jusqu'à ce que je lui demande ce que l'on faisait s'il s'agissait d'un train dont on voyait les feux blancs avants, ou qui était même sans feux (manœuvre, attelage...). Un convoi, on le reconnait, on le voit tout court, et on se met en condition de pouvoir le voir. Je déteste ce genre de théoriciens de l'extrême qui en oublient la moitié dans leurs raisonnements biaisés! Bref, cette triste anecdote m'est revenue en lisant ce sujet, parce que c'est un peu pareil. La situation posée par le formateur est biaisée dès le début, si on demande ce que l'on doit faire devant un signal qui se met à l'avertissement, on ne peut pas ensuite dire que l'on ne peut pas être sur de l'état du signal, ce n'est pas la même question, c'est simplement un non-sens. Un signal, on le voit, et on agit selon ce que l'on voit. Il passe à l'avertissement? C'est sur? Alors il passe à l'avertissement. On n'a pas su le reconnaître? On agit en conséquence. Point! Ce genre de questions à tiroirs, idiotes et non pertinentes, c'est juste ce qu'il faut pour ensuite ne plus rien comprendre et faire des conneries.
  9. Ho je vous rassure, dans une situation identique (arrachage caténaire) pour vider une rame pleine d'environ 400 festivaliers se rendant au Montreux Jazz Festival (et pour qui les minutes sont comptées et les remboursement très chers), à 10 minutes de Lausanne, on met trois heures. Et tout ça pour les amener 10 kilomètres plus loin... Sept heures, au vue de la taille de la France et de l'état de la SNCF, moi je trouve que c'est encore bien.
  10. Je dois m'être mal expliqué quelque part parce que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, qu'un signal était infranchissable et que la marche à vue n'était pas pratiquée ici. Ce que j'ai dit, c'est qu'il n'y a pas de block permissif, et donc pas de signaux franchissables par décision du mécanicien seul et ce même en cas de dérangement. Nuance de taille. Et j'ai juste indiqué que l'avantage était peut-être que la marche à vue restait exceptionnelle et donc peu sujette au délit d'habitude. L'autre défaut étant que certains partent du principe que, puisque l'agent-circulation nous a donné un ordre, le canton est libre alors qu'il ne peut que censé l'être (et donc qu'il ne peut pas être considéré qu'il l'est). Le fait de porter secours n'est pas comparable car il s'agit d'une manœuvre de pleine voie qui n'est par définition pas dépendante de la signalisation principale ni d'ailleurs d'une partie de la signalisation de manœuvre (c'est le principe même de ce type de mouvement) et est donc régie par d'autres règles. S'il est spécifié qu'il faille circuler en marche à vue pour porter secours c'est simplement parce que la vitesse maximale de la manœuvre de pleine voie est de 60 km/h. AJOUT Euh, quel rattrapage? Nez-à-nez et prise-en-écharpe, certes, mais rattrapage? Pas tant que ça à ma connaissance... Sauf problème de frein bien sur (ce qui n'a rien à voir).
  11. Très simple. Tu vas à pied jusqu'à la gare suivante. Non sérieusement, il n'y a pas d'autre explication. Tu dois entrer en contact avec le chef-circulation, point barre. Il n'y a pas d'autre règle. Néanmoins il me semble que l'occupation d'un block est toujours visible par un agent-circulation quelconque (gare adjacentes, télécommande ou centre d'exploitation). D'ailleurs j'ai déjà été appelé, après un arrêt en pleine voie, par la gare qui me demandait ce qui se passait. Arrêt de moins de trente secondes j'entends. A vérifier auprès d'un agent-circulation.
  12. Bah oui. La permissivité n'existe pas chez moi, jamais, nul part. Un rouge est un rouge, infranchissable sans ordre écrit ou signal auxiliaire (signal de secours). Même un signal de block, même un signal de protection de PN qui pourtant n'est parfois même pas dépendant du block... Un train par canton, c'est le principe. S'il y un dérangement, c'est pareil. L'avantage? La marche à vue reste exceptionnelle, on ne s'y habitue pas particulièrement, on y reste extrêmement attentif, sans doute plus que quelqu'un qui en fait régulièrement... Conduire un train à vue n'est pas particulièrement difficile, ça demande simplement énormément de concentration.
  13. Il y a aussi le SOB qui dispose rampes de 50o/oo et sur lesquelles circule l'IR "Voralpen Express" Lucerne-St-Gall.
  14. Oui, c'est d'ailleurs pourquoi j'ai refusé ce texte. Que l'on prenne acte, dans la constitution (car une initiative populaire est une demande de modification de la constitution émanant du peuple. En l’occurrence tant le gouvernement que le parlement s'opposait à cette mesure) que depuis 1984 (mise en place des 4 semaines de congés payés), le dialogue social avait permis à la très grande majorité des travailleurs d'avoir 5 semaines m'aurait paru normal. Ça équivalait à déclarer de force obligatoire un gain largement pratiqué dans les faits, et obligeait les derniers récalcitrants à s'aligner. Mais prendre une semaine de plus d'un coups? Pourquoi? Forcer ainsi une "avancée sociale", si c'est pour que les entreprises se tirent et que le chômage augmente, cela n'a aucun intérêt ni pour les employeurs ni pour les employés. Autant gagner, par-çi par là, régulièrement, en discutant, des petits jours, et d'ici 20 ans, de nouveau, on aura une semaine de plus (et donc 6 semaines de vacances).
  15. Sur un train dont les accouplements seraient fermés par mégarde, le frein serait aussi actif puisqu'une dépression dans la partie arrière du train freinerait celle-ci. Et pourtant... Maisbref, moi, si je mets la clé du frein (=BV ici) en position fermée (où si je place le robinet en position neutre pour les machines avec BV commandé électriquement, ce qui est la norme), je refais un essai de frein simplifié comme c'est prescrit. Evidemment, la vérification de l'étanchéité fait exception, sinon on ne s'en sortirait pas.
  16. Euh c'est moi là au dessus... Alors, déjà, je ne sais pas trop pourquoi j'ai deux comptes ici (Orabh est bien un de mes pseudonymes mais ... euh... pas ici. Enfin, bref...), et surtout je ne vois pas pourquoi j'ai soudain été connecté sur celui-ci? Donc, voila, comme ça on sait qui dit quoi. Au passage, on peut supprimer le compte Orabh?
  17. Ouaip, c'est bien connu, le vin, le vrai, sans bulle, c'est Suisse. Vous ne savez faire que du mousseux pétillant sans intérêt et réservé aux riches (c'est à dire à nous). :tongue:
  18. Bah ouaip, pourquoi pas. Faudrait juste que je corrige l'orthographe. Parce que là c'est pas ... top. Ouaip, de la vallée d'Emmen, en fait, ce qui semble logique. Donc le gruyère d'emmental, c'est un peu comme le camembert du cantal... Et, règle d'or, ne jamais proposer du fendant à un vaudois. jamais! (Bienvenue dans le monde compliqué des guéguérres du pinard suisse, c'est à celui qui aura le plus de mauvaise foi ).
  19. Si déjà, que l'on ai une harmonisation des balises de répétitions des signaux, là je suis pour. C'est à mon avis une bonne chose, ça évitera d'avoir 5o capteurs par engin pour, au final, assurer la même, une répétition des signaux et une transmission voie-machine... Par contre, pour le reste, hum... Mettre l'ETCS partout, comme le souhaite actuellement l'OFT, c'est un peu comme à l'époque des tentatives d'imposition de l'attelage automatique. Les suisses les ont achetés, étant plus royaliste que le roy et donc plus européens que les européens, et ... et après on les a regardé rouiller. Mais comme on a du pognon, parait-il... Au passage, comment cela se passe-t'il pour les mécanos français de la région RA qui roulent Genève? Ils devront très prochainement se mettre à la signalisation suisse, ce me semble. Auront-ils un permis limité? Qui s'occupe de leur formation? Etc... Etc...
  20. Un genevois te parlera du lac de Genève avec l'accent genevois. Les autres romands te parleront du lac Léman avec leur propre accent. Mais il est normal que les habitants d'un petit village de pêcheurs situé à l'embouchure d'une petite rivière s'approprient un lac pour se donner de l'importance L'expression "il n'y a pas le feu au lac" n'est pas suisse. Elle a été créé sur mesure pour nous, et notre grand sens de la dérision nous l'a fait adopter, mais nous ne l'avons pas inventée... Personne ne dit Octante en Suisse. On dit huitante, sauf à Genève et Neuchâtel (où l'on dit quatre-vingts comme chez vous), mais de octante point. Sinon, les vélos ont été supprimé de l'armée en mille neuf-cents nonante-cinq (mwahahahaha). Servent à rien les glaçons dans le verre, fait déjà trop froid.
  21. La réponse est très simple, à Zurich Hbf, 40 secondes est considéré comme un retard pénalisant une autre entrée ou une autre sortie. Je ne l'invente pas, c'est le chef de poste qui me l'a expliqué un jour que je me baladais au haut de la tour. Pour rappel, un train en suisse est en retard dès 3 minutes et si Zurich garde le train et qu'il ne passe pas la frontière à l'heure, c'est la faute de cette même gare, et des CFF, et les seconds ne vont pas tarder à demander des explications aux premiers*. Comme c'était une journée problématique, personne n'a voulu prendre le risque de retarder ne serait-ce que de quelques secondes de trop une liaison internationale soumise à un impératif de ponctualité contre remboursement, remboursement qui n'existe absolument pas de la même façon en trafic intérieur puisqu'en Suisse le seul impératif est de ramener un passager à bon port dans la journée de validité de son ticket. Conclusions: si quelques mecs ratent la correspondance suite aux soucis du trafic national il n'y a pas de problème particulier de remboursement tant qu'il y a d'autre liaisons dans la journée. Mais si une liaison internationale est retardée, alors là, ça coute bonbon. Du coups on n'en retarde plus que la dernière relation en question et uniquement en cas d'extrême nécessité. Alors les correspondances pour ce genre de train, actuellement, c'est pour faire joli dans le décor. *Il n'y pas longtemps j'ai reçu une demande de rapport pour un retard de 4mn. Trois jours après les "faits" en questions. Si si, on se fait chi** pour 4mn, et ce en trafic régional! P.S Sinon d'accord avec toi pour le train de nuit, mais je parlais juste de la ponctualité et non pas de la diversité de service.
  22. Oui, bon, que le RhB ai du retard ne m'étonne pas, c'est normal. Les conditions étaient quand même rudes et c'est un chemin de fer de montagne, logiquement soumis aux aléas climatiques: ça avait du retard mais ça roulait. D'ailleurs, dans le principe, qu'on ai des trains en retard était clairement prévisible, il n'est pas possible de faire comme si il ne faisait pas froid, qu'il n'y avait pas de neige et que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes à 20° Celsius. Non, 10 minutes de retard depuis Coire, même pas 40 sur un chemin de fer d'altitude, à défaut d'être remarquable c'est néanmoins très correct. Je ne suis pas sur "qu'avant", dans cette fameuse époque où "tout allait mieux", ça l'aurait été, mieux. Ce qui l'est moins, c'est quand tu as des retards totalement évitables comme le furent une partie de ceux enregistrés sur l'arc lémanique. On savait qu'il n'y avait pas de réchauffeurs, on savait que les agents n'avaient que des balais, on savait que ça allait geler, on aurait put prévoir deux ou trois personnes formées aux réchauffeurs portatifs (puisque maintenant il faut l'être, on ne va pas changer le monde hein...) dans la journée pour assurer un minimum de réactivité. Ça n'a pas été le cas, et du coups au lieux de lutter contre les éléments, on les a subis, ce qui n'est pas pareil. Après, moi, comme disait l'autre, je n'ai pas la vue d'ensemble. :tongue:
  23. likorn

    En roue libre !

    Connu pour son impeccable service, sa desserte horaire, sa densité et sa légendaire ponctualité, le réseau suisse est souvent considéré comme étant une sorte de paradis ferroviaire. Il y a pourtant des jours durant lesquels le petit paradis se transforme en gros foutoir, les nuages se désagrègent, et ça part irrémédiablement en roue libre. Au soir d'un hiver plus rigoureux que les précédents et déjouant d'ailleurs en partie les pronostiques pessimistes tablant sur un réchauffement climatique, je m'en revenais de ma pause l'esprit libéré et le ventre alourdi par une flammekueche salvatrice en ces période de grand froid. -9°, de grosses rafales de bise à 80km/h facile, de la neige qui vole, un temps à décorner les boeufs en somme. Sur mon LEA, le TOP indique une reprise de service à la voie deux, à 20h58. Comme il me reste huit minutes, je m'arrête dans le couloir qui mène aux voies et sert de local de pause aux agents de manœuvre, j'en profite pour prendre le petit café que je n'ai pas eu le temps de commander au restaurant, en attendant de traverser les voies. Je n'ai que moyennement envie d'attendre au froid, et puis je serai sur place en deux minutes, il y a le temps. En discutant avec les deux agents qui se réchauffent au même endroit que moi, j'apprend que le secteur suisse est en partie perturbée par des aiguillages gelés. A Genève, c'est bien connu, il ne fait jamais froid, ne neige jamais, et personne n'a jamais cru bon d'installer des chauffages d'aiguilles et ce même sur les voies principales, fait unique sur le réseau. D'après ce que j'entends, on le paie ce soir comme à chaque hiver d'ailleurs. Rien de bien neuf en fait, je me réjouis néanmoins de ne pas m'être trouvé en avance sur le quais, il y a peu de chance que le collègue arrive à se pointer en avance. À l'heure dite, me voila néanmoins en train de monter le quai. Une légère appréhension s'empare de moi en constatant, en bout de quai, la présence d'une navette dont l'unique feu blanc allumé m'indique qu'elle est clairement en mode "parc", sans cabine en service... Aurais-je mal-lu ma consigne et raté sa préparation? Il n'en est rien d'après ce que je vois mais un doute s'empare néanmoins de moi. Je constate alors sur voie une la présence de la navette qui fait le croisement, et m'informe auprès de l'autre mécano qui m'explique, ou plutôt me prévient: "écoute, moi je finissais il y a une heure, et là franchement, je ne sais même pas si je remise ou si je repars sur Coppet". Je sens que ça va pas être simple... Une troisième navette, affichant bravement "Lancy-Pont-Rouge", arrive alors sur la voie deux, pourtant déjà occupée par une rame qui l'empêchera clairement de continuer. Le mécano en cabine m'annonce qu'il ne fait pas le 11090 de 20h58 mais le 11088 de 20h28 et que donc, bien qu'étant à l'heure, je suis un train trop tôt (et non pas un pont trop loin). Néanmoins, la gare l'appelle à ce moment même pour lui signifier de changer de bout (de sens) et d'attendre d'autres informations pour remiser son train; aucune précision n'est apportée quand à la façon dont la soixantaine de passagers présent dans le train pourrait poursuivre leur voyage, apparemment au poste c'est un peu la panique... Pendant que le mécano change de bout, j'appelle la régulation des mécaniciens afin de tenter d'avoir un début d'information sur ce que je pourrais éventuellement faire, en lieu et place de me les geler sur le quai. Après trois essais la voix plus que lasse et désabusée de la régulatrice de service me répond, s'ensuit un dialogue résumant bien la réalité du moment: -Salut salut, c'est la merde à ce que je vois? -M'en parle pas... Tu fais quoi toi? -11090, enfin il parait, y a 11088 qu'est là, qu'est supprimé, et qu'ils remisent apparemment. -Ah bon? Ah je sais pas, et 11090, il est où? -J'ésperais que tu le saches en fait. Y a une seconde navette sur la voie deux là, c'est elle qui doit faire 11090 au moins entre Genève et Lancy? -Euh...Je sais pas, mais je crois pas... -Mouais... Bon en gros j'appelle la gare quoi? -Ouais, fait ça, parce que moi franchement je savais même pas que 11088 était partiellement supprimé. C'est la merde, y a un message toutes les 15 seconde sur ALEA (le système d'information inter-service). Appelle à la gare, dont on peut résumer ainsi la teneur: -Je recherche 11090. -On espère qu'il arrive sur la trois, dans quelques minutes, prie avec nous. -...Amen Effectivement, surgissant du néant, mon train arrive à 21h15 sur voie trois, pendant que sur voie deux se trouve deux autres navettes dont une toujours annoncée comme allant à Lancy alors que la première, en bout de quai, toujours hors-service, l'en empêchera clairement. Après entente avec le mécano de ladite navette, information haut-parleur, modification des affichages, contrôle à bord du train, à 21h25 mon train s'ébranle à destination de Lancy. Là-bas, ça fonctionne plutôt bien, et j'arrive juste à temps pour un départ à l'heure lors de mon retour à Genève. 22h03, sortie fermée... Ah non ça s'ouvre, c'est la classe, ça roule! Hop, on m'aiguille ... à gauche? Huh? Euh... Arrêt au signal de sortie, appelle à la gare: -11091, tu m'aiguilles sur les principales? On ne dessert rien jusqu'au Vengeron? -Euh... Ho m4/&&ç/! Attends, je reprends le signal, merci. Puis quelques longues secondes plus tard. -11091? Tu peux changer de bout? Ces put...punaises d'aiguilles ne tournent pas... -T'en as marre toi, je le sens. -Totalement... Un jour comme ça, autant rester à boire du thé! Retour à la voie une, re-changement de bout, ré-ouverture du signal, on repart sur la bonne voie cette fois. A la vue de la halte de sécheron, je constate que le vent à déplacé une bonne partie des éléments du chantier qui borde la voie et qu'il y a notamment un ... un truc sur la voie? Blong! Choc léger, mais choc quand même, je m'arrête à quai et pendant que le service voyageur s'effectue je rappelle la gare. -Tu me reconnais? 11091, le chantier de Sécheron s'est déplacé sous l'effet du vent, y a des objets sur la voie. Je vais voir si j'ai des dégats et constater si les voies sont utilisables, tu me fais de la marche à vue en entendant. Et désolé... -Boarf, tu sais, on point où ça en est, t'es notre train le plus à l'heure actuellement... Au début du quai, sous l'effet des rafales, des barrières de protections sont tombées sur la voie, et j'ai chopé le montant de l'une d'elle, sans dégât apparent. Après m'être débattu un temps avec celles-ci, des éléments isolants qui volaient au vent et plusieurs morceaux de tuyaux de plastique qui roulaient sur la quai, avec 50 minutes de retard, je reprends ma marche. La neige soufflée rendant le rail très mauvais, dès 400ampères le différentielle explose, malgré l'utilisation continue de l'anti-patinage et du sable, je ne verrais jamais la lampe cesser de clignoter et le compteur se stabiliser sur une quelconque vitesse; d'après lui j'oscille entre 45 et 150km/h, y a pas à dire, je lime. Arrivée à Coppet, terminus. Genève m'annonce que je ferais le dernier train qui part, selon l'horaire, à 0h33 soit il y a 20 minutes. 11002, c'est mon joli nom, on approche d'une heure du matin. Sur le retour, les conditions d'adhérence sont encore moins bonne, mais étant dans la cabine de l'automotrice il m'est plus simple de gérer la chose, et mis à part un serrage d'urgence pour rattraper l'arrêt en rampe de 12pour mille de Pont-Céard, il n'y a rien de particulier à signaler. Beaucoup de sable, une intervention du ZUB pour cause d'emballement des essieux considéré par lui comme une survitesse, rien que de très banal.A Versoix, on me dicte une marche à vue pour le quai de Sécheron, là où précédemment j'ai attrapé une barrière. Selon le train qui est rentré avant, "ça devient vraiment le bordel", je ferai attention donc. Alors que j'approche du signal avancé d'entrée de Genève, je vois le signal de queue d'un inter-regio du Valais et constate qu'il vient de taper l'avertissement et que ... que je vais taper faire de même.Nous voila arrêté ensemble, côte à côte. -Quelle merde... -Ouais, tu as des infos? -Ils n'ont plus qu'une voie utilisable dans la gare... Tout est gelé. -Ah ouais, une sur les huit? -Bah oui... Ledit IR repart quelques minutes plus tard, puis un train Poste s'arrête sur ma droite, au même endroit, et la même conversation reprend. Genève m'appelle alors pour s'assurer que j'ai bien reçu mon bulletin de marche à vue, et m'indique que si l'entrée va s'ouvrir, "je ne suis pas encore à quai". Le long du quai de Sécheron, durant le service voyageur, je constate effectivement que le chantier est devenu un sacré bordel. En gros, plus rien n'est en place, tout vole, tout roule, tout s'est renversé. Il y a deux agents de l'Infra qui jouent à "attrape-moi si tu peux" avec un tas d'objets bien plus rapide qu'eux, mais la voie, à défaut d'être libre, est dégagée. Au signal de tronçon, me voila de nouveau arrêté, le train poste me rattrape et, surprise, c'est lui qui voit en premier le signal passer à l'image 2 lui intimant l'ordre d'entrer en gare. Quelques minutes plus tard, à 1h25, le 28546 s'arrête à ma droite, il est censé arriver à 0h57, mais s'il est en retard, ce n'est que depuis Nyon (à 30km de Genève) qu'il traîne. Tout baigne ailleurs, en somme. Puis c'est enfin mon tour d'entrer, arrivée sur voie deux, avec toujours la navette que j'avais vu à 22h00 en bout de quai. La gare m'indique qu'elle ne sait pas où mettre mon train, qu'elle va tenter le halle de l'entretien, si les aiguilles tournent, si les portes s'ouvrent, si les circuits de voie tiennent, si ... Ca fonctionne en partie, et à 1h50, après avoir dû franchir deux signaux à l'arrêt, me voila enfin arrêté dans la halle. S'avance alors le responsable du garage du centre d'entretien: -T'es le 2500 et quelques? -Euh non, j'suis 11002, le dernier qui revient de Coppet. -Et tu fois quoi ici? -Je remise, demande au coordinateur. -Il vient de me dire qu'il croyait que tu étais toujours à Coppet? -Euh... écoute, franchement, c'est le bordel, alors regarde avec la gare si tu veux, j'attends 5 minutes, après je me casse, je finissais à 1h10, il est 2h10, je n'ai plus le repos pour demain et j'ai l'intention de limiter les dégâts. -Eh...Euh...Bonne soirée, t'as raisons. Le lendemain, jusqu'à 6heure du matin, aucun train n'est parti à l'heure, et plus personne ne savait où était quel train. Ponctualité record, pays habitué à la neige, hihihi... :tongue:
  24. Ah non non désolé, Siemens n'est pas omniprésent. Avant c'était BBC, SLM, Vevey, Sécheron et Oerlikon, maintenant c'est Bombardier, Stadler et Alstom. Siemens est clairement minoritaire (à ma connaissance seules les Re 474 sont des Siemens, et les CFF n'ont disposent pas même de vingt). C'est simplement philosophique, économique et technique. Avec du 15'000 V alternatif et un réseau particulier (Les CFF produisent plus de 60% du courant qu'ils utilisent et le distribuent par l’intermédiaire d'un réseau séparé du réseau domestique, avec des tensions propres) il y a un réel intérêt à économiser du courant. A l'origine le fait que les CFF disposent de leur propre courant était une question en rapport avec le domaine de la défense. Les transports ne devaient plus être dépendant de l'extérieur, et donc du charbon ou d'une électricité étrangère.
  25. Je mettais plus l'accent sur le fait qu'il me semblait, de par mon expérience de vie, compréhensible qu'ils ne réalisent pas la gravité de leurs gestes. Après, une claque, une torgnole, un coups de fois, un passage au cachot, etc... Pourquoi pas, j'ai aussi pris quelques coups dans ma vie, et clairement ils me furent salutaires, ce qui me dérange c'est cette manie de croire que la volée de claques résout tout alors que comme toi j'ai des exemples qui prouvent le contraire, et ce à la pelle. Dans ce cas précis, c'est bien sur justifié, et je ne prétendais pas que la très grosse engueulade que j'ai vécu à l'époque suffirait pour tout le monde, je disais juste que selon les cas, elle suffisait. Punir un gosse qui fait des bêtises ne passe pas automatiquement par un coup, sinon celui-ci perd de son caractère exceptionnel et tu te retrouves, pour l'enfant, avec des conneries qui sont de son point de vue comparables en terme de punition et donc de gravité, une mauvaise note et faire dérailler un train par exemple. Après, je dis ça, élever des gosses, ça fait des millénaires qu'on essaie et qu'on y arrive pas toujours. Tout à fait, et heureusement que la majorité ne suivent pas ce genre de route d'ailleurs. J'ai bien conscience d'avoir été très con, et le mot est faible, lors de mon adolescence. C'est ainsi néanmoins, j'étais con, j'avais une grande faim de transgresser l'interdit pour voir ce que ça allait faire, et j'avais bien envie d'emmerder l'autorité, c'était mes buts, je m'en souviens assez bien. Par contre, je ne recherchais pas la catastrophe, les dégâts, les blessés, j'avais, nous avions mes amis d'époques et moi une assez grande capacité à ne pas vouloir voir ce qui pourrait se passer et à refuser d'admettre la dangerosité de nos actes. On jouait, on emmerdait le monde, point barre. Des risques? Voyons... Après, pourquoi est-ce qu'un jour j'ai commencé à me rendre compte de ce que nous aurions pu faire? Aucune idée, j'ai simplement grandi peut-être. Certains de mes amis de cette époque ont tous cas sont restés dans cette mentalité et c'est clair que ça mène au mieux à être inutile, au pire à la vrai délinquance. Mais ce que je voulais relever, c'est que ne pas se rendre compte, même à cet âge là, c'est très faisable. Et je ne suis pas sur qu'une torgnole amène à une prise de conscience. Après la solution je ne l'ai pas, si j'avais réussi à éviter que mes compères de bêtises ne se perdent comme c'est le cas actuellement, c'est sur que ça m'aurait arrangé.
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