Bonjour,
Cette discussion s'articule beaucoup sur une partie Ouest de la France mais d'autres cas de figures se présentent.
Parlons de la Haute-Savoie où le transport autocar a longtemps été l'apanage d'entreprises privées "historiques locales" (Frossard, SAT puis Jumbobus, Touriscar (Genève), Crolard puis encore Philippe (cruellement célèbre) et d'autre que j'oublie ainsi que de "petites" entreprises. Mais jamais au grand jamais la route n' a été exploitée frontalement face au chemin de fer par un réseau de régie, autonome ou départementale contrairement aux voisins de l'Ain ou de l'Isère. Je parle bien sûr de l'ère d'avant les grands groupes de transport.
Aujourd'hui bon nombre de ces sociétés travaillent sous contrats avec les "gros" tels que Véolia, Transdev (je ne sais pas si Kéolis roule déjà en HS). Bien entendu, comme le dit le site du CG 74 cela fait 20 ans qu'elle investi dans les lignes routières mais c'est globalement sous forme de subventionnement des sociétés privées, jamais en investissement propre pour créer "son" réseau. On peut comprendre un intérêt de ne pas devenir un concurrent des entreprises autocaristes qui rapportent des deniers. Mais bon ... laissant au bon vouloir de ces société la décision d'étoffer ou pas leurs lignes ou leur réseau. Un bel exemple de "protectionnisme intime" hors de toute considérations autres que financières : http://ardsl.over-bl...t-65752842.html
Le réseau autocar jusqu'aux années 90 s'articulait sur :
- Lignes intervilles type Evian - Annecy ou Thonon - Genève/Annecy. On comptait alors seulement deux aller-retour quotidiens entre Evian et Genève et Evian - Annecy. Bien plus entre Annemasse et Thonon, Annemasse - Annecy ou sur des petits parcours.
- Lignes scolaires de dessertes fines jusqu'au coeur rural des pré-alpes ou du Haut-Chablais jusqu'aux stations ... des services invisibles hors scolaire habituant les hauts savoyards a se "ballader" en voiture dans leurs chers alpes.
- Lignes saisonnières (parfois gratuites) de navettes vers les stations de sports d'hiver. Autocars de transfère entre les gares et les stations lors des superpointes d'hiver (Cluses, St Gervais, Thonon, Evian, Annecy).
Point de dessertes quotidiennes de maillage fin efficace en contrées reculées. Ni du fait des "privés", ni du fait d'une volonté départementale. Seul restait le train qui pouvait alors avoir la part belle mais uniquement sur les axes de fond de vallées en étoile autour d'Annemasse.
La régionalisation des TER est arrivée mais avec elle l'instauration plus fréquente de dessertes en bus ... marginale et acceptée au départ puis systématisée sur l'autel de la rationalisation des dépenses en fonctionnement et exploitation des trains là où le faible nombre de voyageurs le justifie.
Ce sont d'abord les sociétés privées locales qui s'y sont collées avec leur matériel classique genre bus scolaire 35 places ou bus de ligne intérieur de 45 places ...
Puis Rhône-Alpes a imposé "ses" bus tous décorés de sociétés pas souvent identifiables. Là encore, la distribution matériel reste aléatoire (et c'est général maintenant) avec parfois un bus simple tout étriqué et au confort de roulement digne d'un bus urbain, parfois des bus conforts ou grand confort tourisme, certes plus agréables mais ça reste de l'autocar. En tout cas pour les TER actuellement, il n'y a visiblement pas de critère de niveau de confort attribué à telle ou telle desserte. J'ai fait une fois un Bellegarde - Evian (70 km) dans un 10,50 m type "scolaire" .. tape-cul jusqu'au fond du squelette, sans accoudoirs et des fourmies dans les jambes au bout de 30 mn (je ne fait que 1,73 m).
On peut aussi inclure dans cette description la mise en place croissante des bus de substitutions travaux ou toutes les sociétés disponibles sont sous-traitées. Mais viennent aussi les "grèves" ou autres "situation de crise" où l'on fait appel à ces même sociétés pêl-mêle.
Mais toujours pas de société de service publique en vue !!!!!!!!!!
Je fait du coup une parenthèse sur la problématique des substitutions par autocar toutes situations confondues à inclure maintenant dans les lignes dites régulières TER en bus :
- Aucune information n'est données à la SNCF sur le nom du conducteur et le téléphone (portable) où le joindre. Donc entre deux gares, les voyageurs sont "invisibles" pour le service clientèle SNCF, coupés du monde sans information sur leur voyage notamment en cas de retard du bus.
- Impossibilité de garantir l'horaire et on connait la réputation des routes haut-savoyardes autour d'Annemasse avec Genève à coté, Annecy vers Cruseilles et même la pays chablaisien où un 39 t va gentillement vous scotcher à 60 km/h sur deux seules routes classiques sans aménagements de dépassement ... lieu de la fameuse bataille de l'A 400 "Transchablaisienne" qui rime avec arlésienne, même pas sous forme de route 2 X 2 voies sur parcours actuel ponctuellement. Le jour de la visite des travaux de la marquise d'Evian par les grandes pompes y compris Josiane Beaud, j'ai mis 3 h 30 pour faire St Gervais - Evian (pour dire de ne pas prendre la voiture si je peux faire autrement) dont 57 mn de train, 1 heure 20 d'attente à Annemasse car pas de corres pour Evian (si, 10 mn avant mon arrivée) et un trajet en bus prévu de 45 mn pour 37 km passé à 1 h 10 pour cause de travaux à l'entrée d'Evian (annoncés par la DDE dans la presse) et interdiction d'utiliser une autre route entre Thonon et Evian qui lui aurait permis d'éviter les travaux sans sauter un arrêt. Je suis donc arrivé à la fin de la visite et je ne me suis pas gêné pour décrire haut et fort mon parcours aux élus .... ça serait arrivé à un journaleux du Dauphiné ou pire, du Messager .. la SNCF et La Région en auraient pris pour leur grade dans les grandes largeurs !!! On constate donc bien qu'un trajet passé du rail à la route n'offre qu'une garantie minimale au voyageur d'être à l'heure en cas de circulation difficile ou de travaux pourtant souvent annoncés bien en amont par les services concernés. Mais dans ce cas, rien n'est dit aux voyageurs sur cette possibilité de retard et surtout, les correspondances sont souvent ignorées par les CRO ... d'autant plus qu'un bus en retard, les chefs de services n'ont aucune idée du retard à annoncer puisque non reliés aux chauffeurs et que souvent il n'y a pas de contrôleur embarqués. Dans ce cas, on peut déjà objectivement sans parti-pris se demander jusqu'à quel point le bus est une alternative attrayante face au train, pour le voyageurs bien sûr. Je parle bien sûr à coût égale puisque il s'agit ici toujours de bus TER ...
- Les aléas climatiques réduisent la sensation de sécurité pour les passagers. En cas de neige ou de route difficile ... le bus souvent fait comme les autres : il patine ou ne peut que suivre la troupe d'automobilistes bien moins équipés ou trop peureuse (quand il pleut on perd tout de suite 40 km/h sur route et 30 km en ville !!!).
- Le bus ne correspond pas à la qualité de confort "vendue" pour un voyage ferroviaire telle qu'elle est proposée par un train, d'autant que la matériel TER est maintenant en grande partie rendu apte à ce confort. Vu le prix galopant des billets, on est en droit de se demander si un parcours fait en bus ne devrait pas être payé moins cher. D'où l'idée qu'une concurrence frontale n'est opportune pour le voyageur que s'il est conscient que le prix moindre est "involontairement" à indexer à la diminution notable du confort d'un autocar sans prise 220 v, sans tablettes larges, sans places pour les jambes (pire que les 1er TGV PSE en 2de), sans possibilité de marcher pendant le voyage. Les gens ne sont pas dupes ... même au volant de leur voiture ils sont installés plus confortablement que dans un bus.
- Les limites de temps de travail de la convention des conducteurs routiers qui aboutissent parfois à ce qu'un autocar en retard n'arrive jamais dans une gare ... ça date du jour de l'inauguration du Haut-Bugey lorsqu'à Annemasse alors que la neige envahissait la région, un autocar devant faire Annemasse - Annecy n'est jamais arrivé d'Evian. Le chauffeur a fait demi-tour en route n'ayant plus de voyageurs à son bord pour ne pas être en dérogation et (version officieuse) n'ayant pas avec lui l'équipement adéquat pour la neige, neige annoncée par une vigilance orange depuis 48 h et arrivée à 2 h près comme prévue et dans les proportions évoquées par Météo France. Les clients de trois arrêts PL et ceux d'Annemasse ont donc attendu un train passant 1 h 30 plus tard ... et ce n'est pas un exemple isolé ! D'ailleurs ce même soir, malgré près de 20 cm de peuf fraîche, tout les trains ont roulé à l'heure en Haute-Savoie alors que la route était paralysée en de nombreux points.
- Des parcours ferroviaires passant au bus obligeant le shuntage de certaines gares normalement desservies, du fait souvent de l'excentration des gares par rapport aux voies principales routières mais surtout, pour pallier au fait que la route (j'entends la route départementale ou nationale s'il en reste) est incapable d'offrir la même desserte fine que le rail dans le même temps donné ... donc on prend l'autoroute et la substitution envoi les voyageurs dans leur propre voiture ... peut être définitivement !! N'oublions pas que malgré nos voies uniques et peu rapides, routes et rail sont généralement sur le même alignement géographiques avec cependant des virages en plus pour La Roche - Annecy. C'est sûr, un bus fait St Gervais - Annemasse en ou 50 mn par l'autoroute mais sans arrêt intermédiaire ... sinon c'est pas loin de 1 h 30 lorsqu'il dessert les gares intermédiaires (et pas toutes en plus) ... le train met 1 h voir 1 h 10 si corres à La Roche mais en s'arrêtant partout. Pareil pour les bus Annemasse (Genève) - Annecy qui peuvent à présent passer par Liane le barreau de connexion Genève - Cruseilles sous le Mont - Sion. Avant par Findrol et Evires les petites gares n'étaient généralement pas desservies sauf Groisy et encore ... cela obligeait à ne pas prendre l'autoroute au départ de La Roche sur Foron donc moins performant.
Cela m'amène donc au troisième acte de mon descriptif : le réveil du CG 74 !!!
Alors que beaucoup d'autres départements on montré la voie des TC routiers structurés, le CG 74 pourtant grand rentier de la route et de l'autoroute n'a jamais eu l'idée d'amortir les budgets routiers colossaux qu'elle a englouti pendant des décennies en s'enrichissant sur le dos des automobilistes quitte à ignorer les risques pour les transports ferroviaires ... et attendez la suite !
En 2009, le CG 74 s'est donc enfin lancé dans la création d'une entité de TC dénommée LIHSA pour Lignes Interurbaines de Haute-Savoie. Là encore, ce réseau s'articule sur des sociétés privées locales ou de grands groupes ou même les deux à la fois qui sont mandatées pour assurer ces lignes.
Une identité visuelle a même été créée pour que le contribuable voit bien le changement.
Voilà donc une bonne chose pour la cause des TC en Haute-Savoie et un changement de cap à saluer. Le CG annonce 38 lignes, 45 sociétés mandatées. Bien. On remarque cependant que le réseau fait la belle étoile autour d'Annecy et surtout vers Genève (frontaliers d'Annecy bien moins nombreux que les frontaliers de l'Arve et du Chablais réunis) un maillage irriguant autour de Genève et Annemasse mais toujours peu dense dans les moyennes vallées,en tout cas celle n'ayant pas de grands "axes de transit" ... donc on chie encore sur les contribuables qui font l'effort de faire construire en pays reculés pour ne pas payer 1000 € le m² de terrain ... en contrepartie ils sont condamnés à rouler en voiture alors que leurs gamins ont droit à un large choix de transports scolaires (tant mieux bien sûr).
Voici le clou et les dernières frasques du CG 74 qui dit définitivement merde au transport ferroviaire : la création d'une ligne de bus St Gervais - Genève avec 5 aller-retour quotidiens directes sans aucune desserte intermédiaire. C'est bien pour les frontaliers de St Gervais ... à savoir presque personne. Par contre, le CG 74 dit vouloir améliorer le transport multimodale en créant un second parking de co-voiturage qui sera desservi aussi par ces bus, à Bonneville ... de la route à la route ... c'est super multimodale ça !!! Mais bon, regrouper des conducteurs séparés dans un bus c'est pas con ... on peut rien dire. Sauf que là, le Pdt tape littéralement à coup d'enclume ACME sur la tronche du ferroviaire en parlant d'une desserte calamiteuse (jusqu'à cette connerie de SA 2011 on peut pas dire que c'était tant une catastrophe que ça quand même). Il argumente une "complémentarité" compétitive en terme de temps de parcours ... sauf que pour aller les prendre ces bus il faudra les rejoindre en voiture en seulement trois points pour toute la vallée d'Arve depuis la large vallée et ses contrées environnantes. Et de toute façon, même en doublant la ligne ferroviaire partiellement comme prévu dans le fantastique Plan de Transport Multimodale Olympique signé le 29 janvier dernier, il ne faut pas rêver ... là où la ligne passe on ne va pas gagner grand chose en vitesse de fond. Améliorer le débit oui mais pas aller plus vite. En plus, ils défoncent une porte ouverte car ce plan reprends à son compte en fait trois points déjà au programme de RFF (bien avant les JO) : Modernisation de St Gervais - Vallorcine (2 ans de retard + 6 mois en plus pour attendre la décision du CIO); Fluidification de Aix (Grésy) - Annecy par doublement sur presque 3/4 du parcours; modernisation (BAL) de la ligne La Roche sur Foron - Le Fayet.
Mais il faut lire et surtout écouter .... les critiqueurs ne seront décidément jamais les payeurs (pour les JO, 121 M€ pour la route, 9,5 M€ pour le rail pour le CG 74) :
http://ardsl.over-bl...s-65675497.html