PARIS (AFP) - La grève à la SNCF et la RATP, qui a entraîné de fortes perturbations jeudi malgré moins de grévistes, devrait se poursuivre vendredi, la base rechignant à se satisfaire de l'annonce de négociations entre syndicats, directions et gouvernement.
Le trafic SNCF restera perturbé vendredi mais connaîtra une "nouvelle amélioration", avec 250 TGV sur 700 en circulation, 60 trains Corail, entre 1 et 4 Transiliens par heure et près d'un millier de TER, a prévu jeudi la direction.
Le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, a indiqué jeudi devant la presse, peu avant la réunion des syndicats de la SNCF, que "le mouvement est reconduit jusqu'aux assemblées générales de demain" vendredi.
Le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux de retraite était suivi par 42,8% des salariés de la SNCF jeudi en milieu de journée, contre 61,5% mercredi, selon la direction, qui a été devancée par l'Elysée dans son annonce des taux de grévistes.
De son côté, la CGT-Cheminots a fait état de 46% de grévistes contre 64% la veille.
Avec sept syndicats sur huit appelant à la grève, le trafic était toujours perturbé jeudi, mais avec quelques améliorations notamment pour les TGV et Corail.
A la RATP, où quatre syndicats sur huit poursuivent le mouvement, la direction comptait jeudi 27,2% d'agents grévistes, contre 44% mercredi. Vers 14H00, 5 lignes de métro ne fonctionnaient pas, de même que les RER A et B.
Chez EDF et GDF, où seuls FO et la CGT poursuivaient le mouvement, les pourcentages de grévistes étaient très faibles, selon les directions : respectivement 2,1% et 3,6%. La Comédie-Française a annulé pour le deuxième jour consécutif le spectacle programmé en soirée dans son grand théâtre.
Les assemblées générales tenues dans la matinée sur les sites SNCF et RATP ont en majorité reconduit la grève jusqu'à vendredi, selon les syndicats CGT et FO-cheminots.
Les cheminots de Nantes, Caen, Le Mans ont ainsi voté jeudi à une large majorité la reconduction, comme ceux de Haute-Normandie et de trois établissements de Paris-Nord.
La lettre du ministre du Travail Xavier Bertrand, envoyée mercredi soir aux syndicats, "a été analysée par les AG, qui ont conclu que les cheminots ne peuvent s'en contenter", selon FO, pour qui "il faut maintenir la pression" jusqu'à l'ouverture de négociations.
Dans sa missive, M. Bertrand accorde "un mois" aux syndicats pour trouver avec les entreprises une issue, et accepte la participation de représentants de l'Etat aux négociations, comme l'avait réclamée la CGT.
Mais il exige "le respect des principes d'harmonisation" : ces discussions "ne sont pas faites pour annuler le passage aux 40 ans" de cotisation, a-t-il prévenu jeudi.
D'ores et déjà, la RATP prévoit pour vendredi un trafic encore "perturbé" avec une rame de métro sur 5 en moyenne, sauf sur la 1 et la 14, des lignes A et B du RER "très perturbées" et 40% en moyenne des bus et tramways.
La SNCF devait donner ses prévisions en milieu d'après-midi.
Les syndicats de cheminots devaient se réunir à 16H30 pour "examiner la situation", selon le secrétaire général de la CGT-cheminots Didier Le Reste.
Pour François Chérèque (CFDT), les éléments sont réunis pour "suspendre la grève à la SNCF".
Mais selon Jean-Claude Mailly (FO), "tout doit être sur la table" durant les négociations, sans condition "préalable" de la part du gouvernement.
Sud-Rail, 2e syndicat de l'entreprise ferroviaire, a jugé sans intérêt "la copie" de M. Bertrand, appelant les cheminots à "rejeter très massivement ce cinéma".
Le porte-parole de l'Elysée a déclaré à la mi-journée que l'exécutif n'était "pas pessimiste" sur une issue prochaine de la grève, ajoutant qu'il travaillait à ce que le mouvement "ne dure pas".
un mouvement fort et unitaire koiquesse