Aller au contenu
Le Web des Cheminots

DU 94 LGV

Membre
  • Compteur de contenus

    661
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par DU 94 LGV

  1. Bonsoir, Je ne sais pas qui peut se vanter de toujours comprendre le discours politique... pas moi en tout cas, surtout quand il y a de gros raccourcis. Alors voilà ce qui peut être possible: (je parle sous le contrôle des pros qui j'espère me corrigeront) à l'exception des voies des dépôts, ateliers, ateliers- magasins de la voie et des voies supportant des installations dédiées à la visite ou à l'entretien du matériel, la SNCF n'investit pas pour le travaux d'infra au sens payer le chantier. Mais sa branche Infra possède un parc de près de 1700 engins (draisines, bourreuses, rail- route...), 380 locos, des wagons en pagaille et surtout des agents, là c'est la SNCF qui achète et renouvelle son parc. Donc on peut dire que la SNCF investit pour la rénovation du réseau quand elle investit pour son parc en rachetant des engins, modernisant son parc de bourreuses... et en faisant des "gains de productivité". Je pense d'ailleurs que la dernière partie doit être prise en compte par RFF, non? Si elle réalise des gains de plusieurs millions c'est ça de gagné, donc ça compte... Après ce n'est qu'un avis d'un non pro donc ça vaut pas grand chose, mais c'est comme ça que je le vois. Cordialement
  2. Salut à tous, Idem, pensée pour lui et sa famille! Tout drame (de la sorte) ne peut qu'attrister...
  3. Un comme ça: http://www.dailymotion.com/relevance/searc...h_train-fou_fun ? Là c'est des nuits de calcul, et je pense que l'on ne couperait pas aux intégrales de Fresnel... mdrmdr
  4. Tiens y aurait de jolis jeux de mots à tenter, trop politiques pour moi... je le laisse à d'autres plus courageux... hihihi mdrmdr
  5. Une petite question à nos spécialistes infra: on en avait déjà parlé dans le sujet "bourrage et entretien de la géométrie" il me semble... le dévers dans les raccordement paraboliques monte-t-il et descend-t-il constamment: en gros est ce que le gauche est constant? Il me semble qu'on avait dit que ce n'est pas le cas au niveau des doucines, est- ce ça? Car s'il est constant on aura d=k.l (où k est une constante et l la longeur de l'arc parcouru) et comme on a d= eV2/RG soit k'/R on aura k.l=k'/R d'où R.l=k'/k=cste. En revanche pour trouver l'expression du dévers dans les RP le plus simple doit être de dire que le dévers c'est l'intégrale du gauche par rapport à la distance parcourue. Merci de votre éclaircissement sur les doucines! Cordialement
  6. Bonsoir à tous! Merci Flakaf pour les schémas plus clairs que mes paint... Très clair pour l'explication du 1/20, disons que la différence de vitesse entre la roue située sur le grand rayon et celle sur le petit rayon (de la courbe) est de We (où e est l'écartement et W la norme du vecteur rotation angulaire). Pour la démo dans R, c'est un choix ce qui compte c'est d'arriver au même résultat. A titre tout à fait personnel je préfère la dynamique en référentiel non galiléen pour des cas comme ça. Pousse Cailloux et gomen: merci! J'avais complétement oublié les TTX: un comble d'autant plus qu'une dégarnisseuse doit plus appuyer sur la file du petit rayon que sur l'autre file ! Cordialement
  7. Salut! Oui pour l'équation aux dimensions, c'est ultra puissant comme outil même dans la résolution d'équa diff. Pour le dévers pratique, une question: sur LGV ça devrait être plus simple non? Il ne cohabite pas des circulations lentes avec les rapides (non?) donc la seule insuffisance de dévers résulte du fait que l'on peut pas dépasser 180mm? Me trompe- je? Merci!
  8. Bonsoir et merci d'avoir suscité cette réflexion! Pour l'origine de la constante 11,6- 11,8 elle provient (comme on le voit dans les équations aux dimensions postée précédemment) de l'harmonisation des unités car le calcul fait avec la formule SNCF met en jeu des unités non SI (Système International). On a donc au numérateur l'écartement en mm comme on cherche le dévers en mm on doit se débrouiller pour que toutes les autres unités "se neutralisent". Comme on veut conserver le rayon en mètre on a un facteur 0,001 qui intervient ce qui nous arrange puisque on convertit g (9,81 m/s-2) en km/h-2 ce qui revient à multiplier par 3,6 puis 3600. On a donc au final (comme montré) cste= 1470/(9,81x3,6x3,6)=11,8 (environ). Cordialement
  9. Salut à tous! Alors, si ça vous intéresse je vous propose de regarder comment la formule donnée par Kerquel et donnant le dévers théorique a été obtenue: Cordialement
  10. Bonjour Pousse Cailloux, J'ai pas non plus dit ce qui m'a mis en retard dans la mise en ligne de la démo... Plus sérieusement, ce n'est que de la théorie, faire cohabiter en pratique tout ces types de circulations de manière pérenne je trouve ça ultra intéressant... Bon, sinon pour terminer avec mon occupation d'hier, je me suis aperçu que dans la première application de la formule j'avais pris un écartement un peu faible en courbe, si on considère le surécartement en pleine courbe on obtient toujours pour une circulation de 44,44 m/s (160 km/h) un dévers théorique de 148,2 mm. L'erreur est donc moins grande...
  11. (suite et fin pour ce soir) désolé pour ceux que cela barberait, donc pour les 4-5 qui restent, (j'oublie pas celui va se réveiller du dodo demain) schéma et relations nécessaires à ce qui précède (toujours sur paint): Avant de discuter de la formule obtenue: Application numérique: pour une circulation à v=160 km/h (soit 44,44 m/s) dans une courbe de 2000m avec un écartement de 1437mm on a un dévers calculé d=0,145m. On a donc une approximation qui se respecte. Cordialement
  12. Bon tant que j'y suis je continue (je suis près à réexpliquer de manière plus compréhensible demain mais je vais au bout pour notre ami demandeur Flakaf), désolé pour les schémas sous paint... IV) Modèle proposé et établissement de la formule: On incline donc la voie, je vous ai expliqué que j'ai fait en fonction de mes connaissances en maths et méca d'où certaines approximations (de toute manières on est toujours amené a en faire). Référentiels, système tout reste identique, le jeu de l'essieu dans la voie reste négligé d'où l'absence de force de Coriolis. La rotation du train autour de l'axe vertical est supposé constante (par rotation du train je fais référence à sa trajectoire circulaire dans le référentiel R). Bilan des forces: P, fe, Rn je vous entend: où est passée Rt? Je fais le choix de la négliger et c'est cela qui va conduire à une petite imprécision au niveau du 3e chiffre significatif du résultat... On la néglige car son intensité doit être très inférieure aux autres intensités de force en présence. Si Rt est une inconnue en revanche en ayant la valeur réelle du dévers en voie et la calculée on peut par contre la déterminer par la suite en remontant le raisonnement. On réecrit l'équilibre dans R': 0=fe+Rn+P en projetant selon Ox: fe-P.sin(alpha)=0 en projetant selon Oy: Rn-P.cos(alpha)=0 en remplacant dans la projection selon Ox l'expression de fe m.W^2.HM=P.sin(alpha) ou m.W^2.R= P.sin(alpha) (je continue sur document paint pour faire les traits de fraction) formule:
  13. Je mettrais les schémas à la fin car ça me prends du temps... je les fait au fur et à mesure. On continue la démo: III) Si le dévers n'existait pas... Imaginons une courbe sans dévers, pas évident... voilà ce que ça donnerait: Equilibre dans R': 0=Rn+P+fe+Rt Projection de l'équilibre sur Ox et Oz: selon Ox: fe-Rt=0 (on parle ici de normes) selon Oz: Rn-P=0 ce qui nous donne (en norme) Rn=P et fe=Rt cette dernière expression voudrait dire que la réaction tangentielle devrait être égale à la norme de la force centrifuge, en terme d'intensité de force c'est une abbération. La réaction du rail ne peut pas compenser la force centrifuge. Donc dans l'idéal il faudrait "incliner" le poids pour qu'il ait une composante selon Oz et ainsi compenser la orce centrifuge. Pour "incliner" le poids on va incliner la voie, en effet l'angle alpha d'inclinaison sera le même que l'inclinaison du poids par rapport à l'axe vertical à la voie. Les schémas: référentiels: si le dévers n'existait pas: la réaction du rail:
  14. Bon alors, débutons... En premier lieu je ne veux juste dire que je ne cherche pas à me la péter (vous allez comprendre pourquoi ), j'ai horreur des gens comme ça (je prends ça comme un exo pour me permettre de voir si j'y arrive encore) C'est Flakaf qui nous a invité à réfléchir à tout cela... et surtout dans des cas pareils on choisit un modèle et des approximations, je ne fais donc avec mes maigres compétences sachant que je suis encore en formation... autrement dit le modèle choisit n'englobe que les paramètres simples. Je commencerai en plus par vous dire (rien que pour être intellectuellement honnete) où j'ai fais des simplifications -peut être hasardeuses-... Avant de regarder ce modèle et surtout où il coince (et oui si au premier coup d'oeil ça tient, j'ai comme l'impression qu'au moment de passer aux applications numériques je vais pleurer ), regardons pourquoi le dévers est nécessaire. I) Définition du problème Voici ce que nous aurions. On définit comme système {motrice} de masse m assimilé à son centre de gravité (déjà c'est de la physique du point donc pas transcendant...). On définit deux référentiels R (galiléen) et R' (non galiléen) auxquels on associe deux repères de l'espace (O,x,y,z) et (O,x',y',z'). R' suit la motrice et est donc en rotation autour de R. La motrice a une trajectoire circulaire dans R et est fixe dans R'. 1) La motrice est- elle bien fixe dans R'? Si on considère que R' "suit" la motrice dans son mouvement de rotation alors on ne peut que s'interroger sur un déplacement selon l'axe Ox ou Oz, la machine ne s'envole pas donc pas de mouvement selon Oz. Selon Ox? Et bien j'ai négligé le jeu de l'essieu dans la voie. Je ne sais pas de combien il est: est- ce que le boudin de la roue droite ou gauche touche systèmatiquement la face intérieure du champignon? J'ai supposé que ce mouvement était négligeable d'où l'absence de force de Coriolis. Son expression étant en effet fc=-2mW^V' (les lettres en gras sont des vecteurs) où V' est la vitesse du point matériel dans R': nulle ici. 2) La rotation se fait selon l'axe Oz, elle est supposée uniforme, le vecteur rotation selon Oz est W il correspond à la dérivé de l'angle (têta). Là aussi c'est une liberté prise de considérer la vitesse angulaire uniforme, mais cela reste du domaine du semblable. 3) Et c'est là que ça devient limite: la trajectoire est considérée circulaire, autrement dit, on se place au niveau de la pleine courbe à dévers constant et pas au niveau des raccordements paraboliques. Je suis désolé, mais pour le moment j'ai pas pu regarder ce que ça donnerait au niveau des raccordements parabolliques (à mon humble avis c'est trrrrrrrrrès chaud ). II) Bilan des forces Le poids: P=mg (g: constante de pesanteur 9,81 m.s-2) La réaction normale à la voie: Rn La force d'inertie d'entrainement (ou centrifuge): fe=mW2HM (lire W2=WxW et HM: vecteur position reliant M centr de gravité à son projeté orthogonal sur l'axe de rotation). La réaction tangentielle: c'est la réaction qu'exerce le rail du grand rayon sur le boudin dirigée vers le centre de la courbe.
  15. Merci Kerquel pour les éloges dont je ne suis pas digne... disons que les maths et la méca j'en mange pas mal... Après j'ai toujours eu envie de bosser la dedans allez savoir pourquoi... Durant le silence qui a suivi le "je vous fais un schéma"; je me suis amusé à établir une petite démo de l'expression du dévers. Je vous la recopie ce soir et on en discute parce qu'évidemment c'est de la physique, il y a des approximations choisies selon le modèle que l'on prend. On verra si sa tient la route... A+
  16. Salut Rail Cassé, tu sais que ce genre de réponse j'ai rêvé plus d'une fois de l'écrire en devoir surveillé de physique... pas à propos de train évidemment mais sur des questions de thermo... Ou des trucs du genre peut-on... ? Si oui calculez truc bidulle... l'envie de répondre NON est parfois grande mdrmdr
  17. Bonjour, d'accord avec vous sur le principe; notamment pour tan(alpha)= alpha... Après le schéma statique ce n'est qu'une aide à la compréhension car la force centrifuge (ou force d'inertie d'entrainement) ne s'appréhende qu'en dynamique: si on se place en statique on est fixe ou à la rigueur en mouvement rectiligne uniforme. C'est surtout le référentiel qu'il faut bien choisir: surtout pas le terrestre mais bien le référentiel du train. Je ne pense pas avoir le temps de tout faie dans ce message mais je le continuerai après: Système: {motrice} Soit R un référentiel galiléen. Soit R' un référentiel non galiléen. Soit M un point de masse m. Principe fondamental de la dynamique dans R: ma=F (lettre en gras correspondent à des vecteurs) or a= a'+a(entrainement)+a(coriolis); donc ma=F=ma'+ma(entrainement)+ma(coriolis); d'où ma'=F+(-ma(entr.))+(-ma(cori.)) Nota: [F, -ma(entr.), -ma(corio.) ont la dimension de forces] Nota2: On comprend donc que si R' est en translation rectiligne uniforme par raport à R ma'=F donc R' est galiléen. Ici ça va, R' est en rotation par rapport à R. On supposera R' en rotation UNIFORME par rapport à R, c'est à dire que W(vecteur rotation(vertical) du train dans le référentiel terrestre))= constante Bilan des forces extérieures: Poids: mg Force centrifuge: mW^2HM (HM:vecteur position du point de gravité de la motrice par rapport à son projeté orthogonal sur l'axe de rotation) Réaction du support: R Force de coriolis: -2mW^V' (ici ^ veut dire produit vectoriel); elle n'existera que si la motrice est en mouvement dans le repère R' c'est à dire le repère lié à sa rotation (autrement dit cette force de coriolis n'existe pas ici car le seul mouvement est le jeu de l'essieu dans la voie qui est négligeable dans notre problème). On se placera donc à l'équilibre dans R' ! Je vous fais un petit schéma et je le mets après...
  18. Salut à vous! Merci Marc pour ces textes très intéressants. Pour les cendres il peut y avoir confusion aussi avec le retour des cendres de l'Aiglon (Napoléon II) rendues par Hitler en 1940 et transférées à Paris au cours d'une cérémonie sans la moindre présence de grands dignitaires français mais en présence de Otto Abetz, "l'ambassadeur" d'Allemagne en France.
  19. Salut à tous, Ah je l'avais pas compris comme ça, le DUP et son assistant ont réellement participé au RR? Sinon AENK c'est quoi: agent entretien qualifié? Merci!
  20. Discours lors de l’inauguration du Monument de la Résistance du plateau des Glières 2 septembre 1973 Discours prononcé par André Malraux le 2 septembre 1973 à l’occasion de l’inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Émile Gilioli sur le Plateau des Glières. Je parle au nom des Associations des Résistants de Haute-Savoie et de l’Ordre de la Libération. En mémoire du général de Gaulle, pour les survivants et pour les enfants des morts. Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu’à l’Amérique latine, depuis la Grèce et l’Iran jusqu’aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l’une de ses voix, puisqu’elle avait retrouvé la voix de la mort. L’histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n’étaient pas nés alors — et depuis, combien de millions d’enfants ! — sachent qu’elle n’est pas d’abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l’entendirent sur les ondes brouillées, c’est qu’ils y retrouvèrent l’un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang. Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l’inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci : « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi. » Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu’à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu’ils ont été vos témoins. On ne sait plus guère, aujourd’hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu ; presque inaccessible, et c’est pourquoi les maquis l’avaient choisi. Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison — peu importe : la France ne choisit pas entre ses morts ! — avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l’armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : « Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. » La Haute-Savoie, c’était les Glières. Pour les multitudes éparses qui entendaient les voix du monde libre, ce plateau misérable existait à l’égal des Balkans. Pour des fermiers canadiens au fond des neiges, la France retrouvait quelques minutes d’existence parce qu’un Savoyard de plus avait atteint les Glières. La Milice de Darnand, les troupes italiennes, la police de l’Ovra, n’avaient pas suffi pour venir à bout de ces combattants toujours regroupés. Hitler y mit la Gestapo, et contre nous, la Gestapo pesait lourd. La Gestapo ne suffit pas. En janvier 44, les maquis de l’Ain sont harcelés par trois divisions. Ceux de Haute-Savoie reçoivent l’ordre de se regrouper ici, au commandement du lieutenant Tom Morel, décoré en 40 pour l’un des plus éclatants faits d’armes des unités alpines. La montée commence. Les accrochages aussi. Le 13 février, les messages codés de la BBC annoncent le premier parachutage. Voici la nuit. Le champ — pauvre champ — est éclairé par cinq torches électriques et des lampes de poche. On n’entend pas les avions. On n’entend rien. Jusqu’à ce que les sirènes antiaériennes d’Annecy emplissent lentement la nuit. Bon augure : les avions approchent. Mauvais augure : ils sont repérés. On allume les quatre énormes bûchers de sapin préparés. Le bruit des moteurs. Le premier avion, invisible, fait clignoter son signal. Le bruit s’éloigne. La neige, le flux et le reflux des sirènes dans la nuit préhistorique. Pas encore d’ennemis, plus d’amis. Mais sur le ciel noir, apparaissent un à un, éclairés en roux par les feux du sol, cinquante-quatre parachutes. Pas d’armes lourdes. Tant pis. Les accrochages reprennent. Le 9 mars, cent hommes des Glières vont attaquer Entremont pour délivrer des prisonniers. Après deux heures et demie de descente, ils atteignent le village qu’alertent les chiens. Village conquis, prisonniers délivrés, 47 gardes, prisonniers à leur tour, montent ici, tirant un monceau d’armement. Tirant aussi le corps de Tom Morel, tué par le commandant des gardes capturé, à qui il avait laissé son revolver. Le maquis enterre son chef. Et entend, bouleversé, le glas de toutes les églises monter de la vallée comme montait l’appel des sirènes pendant le parachutage. Ici, le drapeau claque dans les rafales de neige, sur ce que Tom Morel appelait « le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ». Le mot « Non », fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l’humanité ont dit Non à César. Prométhée règne sur la tragédie et sur notre mémoire pour avoir dit Non aux Dieux. La Résistance n’échappait à l’éparpillement qu’en gravitant autour du Non du 18 juin. Les ombres inconnues qui se bousculaient aux Glières dans une nuit de Jugement dernier n’étaient rien de plus que les hommes du Non, mais ce Non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne et d’Antigone... L’esclave dit toujours oui. Les gardes de Vichy attaquent au Sud, du côté de Notre-Dame, pour délivrer les leurs, et sont repoussés. Le combat s’achève à peine lorsque la BBC transmet le message : « Le petit homme casse des tessons de bouteille. » Avant minuit, trente quadrimoteurs larguent 90 tonnes de matériel. Quand un avion allemand vient en reconnaissance, la vaste neige est encore constellée de parachutes multicolores : le ramassage n’est pas terminé. Le lendemain, trois Heinkel bombardent et mitraillent à loisir le plateau redevenu innocent. Sans grands résultats. Sauf celui-ci : les Allemands savent désormais que le maquis ne possède pas d’armes antiaériennes. Donc cinq jours plus tard, Stukas et Junkers. Chalets transformés en torches. Le capitaine Anjot remplace Tom Morel au commandement des Glières. Nouvelle attaque des gardes, de nouveau repoussée. Le 23, bombardement massif. Les Allemands prennent le commandement. Une division alpine de la Werhrmacht arrive à Annecy. Assistée de deux escadrilles de chasseurs et de bombardiers. Police allemande, Milice vichyste. L’artillerie divisionnaire, les automitrailleuses. En face, le maquis dont nous attendons, heure après heure, que la radio de Londres nous parle. Entre tant de Français à l’écoute, pas un ne sait que ce maquis est un fantôme. Moins de cinq cents combattants. L’armement qui attend leurs compagnons ne comprend que des armes légères. Contre l’artillerie divisionnaire allemande et les automitrailleuses, par un canon, pas un bazooka. Plus de ravitaillement. Autour, vingt mille hommes. Le premier grand combat du Peuple de la Nuit s’engage. Écoutons les dépêches allemandes : Le 24 : « Terroristes font sauter train renforts allemands devant Annecy — Attaque Milice au-dessus d’Entremont. Sentinelles espagnoles tuées — Rejointes par groupes terroristes — Milice engagée deux heures stop — Troupes Milice regroupées à l’arrière. » Le 25 : « Préparation artillerie et bombardement aviation. » Le 26 : « Attaque Milice ouest et nord-ouest. Troupes regroupées — Attaque allemande nord stoppée, envoyez aviation — Nos mortiers mis en place — Attaque Milice et garde de réserve deux points ouest depuis cinq heures — Attaque générale 11 heures. » Ils attaquent, en effet, de tous côtés. L’avant-poste de la passe d’Entremont — dix-huit hommes — est attaqué par deux bataillons. Deux sections de renfort atteignent la passe. Le premier fusil-mitrailleur s’enraye. Le second est détruit, son servant tué. L’un des deux chefs de section, Baratier, a l’impression d’être seul à tirer: il ignore qu’il survit seul. Il se replie en continuant à combattre, est pris à revers et tué. Il défendait la passe depuis une heure et demie. Les maquisards, qui se rabattent vers le centre, reçoivent plus vite les munitions, et tiennent. Pourquoi l’ennemi s’enfouit-il dans la neige ? Dix minutes plus tard, commencent les piqués ininterrompus des Stukas, serrés comme des fers de herse. La nuit va descendre. Le capitaine Anjot combat devant les tombes de Morel et de Descours. L’aviation s’en va, remplacée par le pilonnage méticuleux de l’artillerie. Il fait nuit. Le 27 au matin, les troupes allemandes de l’est touchent le poste de commandement du maquis, commencent le feu. En face, des cris allemands, poussés par leurs camarades de l’ouest. Les maquisards ont disparu. Ils connaissaient bien ce terrain, que les Allemands ne connaissaient pas du tout. Anjot a convoqué les chefs de section, et ils ont décidé de décrocher. Pendant que toute la Résistance, à l’écoute, attend le pire (chacun sait maintenant que les Glières n’ont ni canons ni avions), des chaînes de fantômes qui se tiennent par la main dans la nuit pour pouvoir relever leurs blessés lorsqu’ils tombent, traversent l’anneau discontinu des troupes d’assaut. Encore leur faut-il arriver jusqu’aux agglomérations de la vallée, où leurs camarades que l’on appelle les sédentaires leur donneront asile. Le jour se lève. Alors, commence la grande trahison de la neige. Ces insaisissables fantômes dont les Allemands ne rencontraient que les balles et ne trouvaient que les cadavres, sont partis avec la nuit. « La petite aube dissipe les spectres », dit le proverbe espagnol qu’un des miliciens de l’Ebre cite au capitaine Anjot. Ces ombres, hélas ! sont devenues des traces. Les Allemands cherchent le gros du maquis réfugié dans quelque abri de montagne, car ils croient combattre quelques milliers d’adversaires. Mais nombreuses ou non, les traces mènent aux hommes, et les sections ennemies occupent les pentes. Le lendemain, le capitaine Anjot et les six Espagnols qui combattent avec lui sont tués. De ce qui fut l’épopée des ombres, il ne restera le jour venu que 121 cadavres tués entre les villages, exécutés sur les places ou torturés à mort. « Inutile de reprendre l’interrogatoire des lessés, télégraphie la Gestapo : ces débris sont vides. » C’est l’heure des représailles. Les paysans suspects de contacts avec le maquis sont exécutés ou déportés, et l’on reconnaît les hameaux, la nuit, aux torches des chalets qui flambent. Pourtant, si les torturés sont vides, la Résistance ne l’est pas encore. Le premier chef est mort, le second chef est mort; les rescapés organisent d’autres maquis, rejoints par des jeunes de plus en plus nombreux. Le gros des unités allemandes est appelé en Normandie. Le 1er mai, les maquis les plus proches reviennent manœuvrer sur ce plateau où ils retrouvent les cylindres couverts de rouille des parachutages, entre les chalets incendiés. Le 14 juillet, ils défilent à travers Thônes. Le 1er août, les camions ont rassemblé 1 500 hommes de l’armée secrète et 400 FTP. À onze heures, les forteresses volantes lâchent le dernier parachutage, qui apporte enfin les armes lourdes. Fini le temps des maquis de misère ! Un char qui se dresse est certes une terrible bête ; mais pour lui, un bazooka invisible est un monstre caché. C’est le bazooka, non la mitraillette, qui a fait des vrais maquis une force supplétive considérable. Un char est plus fort qu’une compagnie de mitraillettes, il n’est pas plus fort qu’une torpille. Le 13, pendant trois jours, les automitrailleuses ennemies combattent les maquis, et sautent. Le 19, lorsque la radio annonce que l’insurrection générale commence à Paris, cinq mois jour pour jour après l’attaque des Glières, le général Oberg, qui la commandait, apporte au capitaine Nizier, chef militaire de la Résistance, la capitulation de ses troupes. Alors, dans tous les bagnes depuis la Forêt-Noire jusqu’à la Baltique, vos déportés qui survivaient encore se levèrent sur leurs jambes flageolantes. Et le peuple de ceux dont la technique concentrationnaire avait tenté de faire des esclaves parce qu’ils avaient été parfois des héros, le peuple dérisoire des tondus et des rayés, notre peuple ! pas encore délivré, encore en face de la mort, ressentit que même s’il ne devait jamais revoir la France, il mourrait avec une âme de vainqueur. Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d’espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. Avec son lieu de recueillement, sa statue dont les bras dressés sont pourtant des bras offerts. Avec ses voix entrecroisées, qui feront penser à l’interrogation des tombeaux égyptiens : « Que disent les voix de l’autre monde, avec leur bruit d’abeilles... » Elles disent : « Nous sommes les torturés agonisants, dont la Gestapo disait qu’il était inutile de les lui envoyer puisqu’ils étaient vides. » Les Espagnols tombés ici en se souvenant des champs de l’Ebre et du jour où la Révolution vida les monts-de-piété de tout ce que les pauvres y avaient engagé. Les Français qui avaient rejoint après avoir combattu, eux, dans la ligne Maginot jusqu’au dernier jour. Les gens des villages sans lesquels le maquis n’aurait pu ni se former ni se reformer ; ceux qui ont sonné le glas pour lui ; ceux que les hitlériens ont déportés, ceux qu’ils ont fait courir pour rigoler, pendant la répression, devant leurs mitrailleuses qui les descendirent tous. Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l’Ebre, du nom de cette dernière bataille. Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l’un des nôtres. La fermière dont le fils n’est pas revenu. Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu’elle risquaient la leur. Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l’ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles. Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger ; nous n’en avions pas beaucoup. Comme depuis des siècles. Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d’extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs. Jeanne d’Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l’ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück. Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d’en bas, c’est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu’ils veulent dire lorsqu’ils chuchotent seulement qu’ils vous aiment bien. Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu’elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu’elle entend les oiseaux sur l’agonie des combattants de la forêt ; ils chantaient sur les corps des soldats de l’an II. Il y a longtemps qu’elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l’hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s’effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu’avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu’ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l’éternité.
  21. Salut, J'avais bien compris, je partage bien évidemment cet avis.. Je crois que c'est Laurent Gerra qui s'était foutu de Jack Lang et Bernard Kouchner comme ça: "c'est Malraux et Talleyrand"
  22. Ce qui est exceptionnel chez Malraux c'est la dimension que ce personnage s'est lui même taillée, ses qualités et son érudition sont indéniables mais il reste toujours chez lui une part de secret qu'il a su ménager. C'est ce qui contribue à faire naître la légende. Après c'est presque le seul homme pour qui De Gaulle a eu un sentiment de profonde amitié, il y avait entre eux une admiration réciproque: je pense que faire lire dans les lycées Les chênes qu'on abat permettrait d'éclairer autant qu'un cours l'idée même du Gaullisme.
  23. Merci! D'une très rare puissance. Deux hommes hors normes qui ont bien mérité leur place au Panthéon... Jean Moulin où l'exemple même que la désobéissance dans ce genre de circonstances est l'honneur même du haut fonctionnaire. Malraux, l'orateur de la République... de l'eau coulera sous les ponts avant qu'on retrouve un ministre de cette trempe! Cordialement
  24. Bonsoir, normalement ça devrait le faire pour le 17 (à condition de bien planifier mon trajer "j'suis un pov' provincial moi") cheyenne44 - Vinces* - CRL COOL* - BB4100 - fulfilllife - michael02 - Rail cassé* - DavidKorner - Roukmoute* -quimper-paris* - A1AA1A68000* - necroshine* - RACKAM - zoreglube - gomen* - fby* - Ed57* - Ermeline - Marcarrick - Stephj915* -TGV 8618* -Kerguel -DU 94 LGV* *Sous reserve de confirmation
  25. Bonsoir à tous! Et bien ça déjà était pratiqué par la SNCF! Après guerre un manuel phonétique du même type à destination des cheminots français avait édité pour qu'ils puissent parler à leur collègues américains présents en France, faut que j'essaie de le retrouver pour vous mettre des phrases...
×
×
  • Créer...

Information importante

Nous avons placé des cookies sur votre appareil pour aider à améliorer ce site. Vous pouvez choisir d’ajuster vos paramètres de cookie, sinon nous supposerons que vous êtes d’accord pour continuer.