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Ils sont fous ces suisses - nos chères votations


likorn

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Le 15/03/2023 à 11:21, aldo500 a dit :

Moi, je n'ai rien comparé, c'est juste la notion de "neutralité" qui m'interpelle.

Et vendre des armes à des pays en paix, c'est aussi une subtilité politique.

Je n'ai jamais dit que la France était plus vertueuses que les autres. La réaction sur Napoléon et le reste me fait sourire.

Je n'ai jamais confondu les habitants d'un pays et la politique de ses dirigeants, c'est primaire et générateur de guerres, la preuve, tu t'énerves.

Tiens j'avais oublié un point, en parlant de Munich, de Napoléon "petit Hitler" et de ce vrai problème qu'est la perception de Napoléon en France et en dehors d'elle, qui est très litigieuse, négative (moi j'ai appris à l'école que Grosso Modo il a foutu en bas la révolution, massacré les peuples y compris le sien, ses soldats et pillés les pays alliés. C'est simpliste bien sûr mais c'était ça le résumé)

Par exemple, il ne faut pas oublier que Hitler a écrit au début de Mein Kampf, en 1ère page, qu'il est né a Braunau-am-Inn "par une heureuse prédestination".

Pourtant c'est un tout petit bled autrichien, pourquoi cette phrase?

Parce que Braunau est à la frontière austro-allemande, mais surtout parce que c'est là que sur ordre de Napoléon, Johann Philip Palm, obscure libraire, fût fusillé pour avoir appellé à résister à l'envahisseur (en 1806). Il est considéré comme l'un des premiers patriotes allemands, avec tous les guillemets, et présenté par Hitler comme "un martyr allemand"*.

Donc si mon petit diatribe te fais sourire, il n'en demeure pas moins que le souvenir du petit Corse devenu Empereur est plutôt litigieux hors de France et qu'il sert justement aussi à de bien sales choses.

Ajourd'hui, le même litige est ré-exploité par une certaine Russie Eternelle qui appelle sa résistance à Napoléon "la guerre patriotique" ("La grande guerre patriotique" étant pour la seconde guerre mondiale), et ça, ça ne fait pas sourire.

Ce serait bien de ne pas forcément sourire au fait que les héros des uns peuvent être les bourreux des autres (et je ne parle pas de moi, mais je trouve ce petit point de divergence historique entre deux obscures humains rattrapé par la grande histoire plutôt passionnant pour ce que cela dit de nous).

*1er chapitre, 3ème paragraphe.

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Evidemment.

Et pour le h.s, je n'avais aucune envie d'ouvrir un sujer rien que pour ça. Napoléon n'est pas une votation mais je ne tiens pas à vous envahir avec des sujets titré "Suisse - ..."

Et d'ailleurs j'omet un point capital, Napoléon est aussi vu - et je l'ai également d'abord appris à l'école - comme le créateur de la Suisse "moderne", dans la mesure où il a édicté l'Acte de Médiation qui ... rétablissait l'ancien régime des Cantons en Suisse (après une tentative ratée de République Hélvétique).

Donc, on a un envahisseur, qui a pillé le Trésor de Berne et mis à terre 500 ans de "souveraineté" (sans compter Marignan), mais qui à libéré le Canton de Vaud de l'occupation bernoise, mais qui en échange a donné l'ancien éveché princier de Bâle (actuel Canton du Jura) au dit Canton de Berne. Et qui a permi l'avénement de la "Suisse moderne" en rétablissant l'ancien régime (cette seule phrase est geniale)...

L'ambivalance de l'héritage de cette période, et de Napoléon, est quelque chose d'absolument inépuisable.

Mais à la fin, sans l'aide de Napoléon néanmoins, ça mène au droit de referendum et d'intiative populaire, en passant par une petite guerre civile et religieuse (en 1848, une guerre des religions, nous sommes lents...).

C'est pas plus clair que le ŕevolution qui coupa la tête d'un Roi pour établir un Empire.

Modifié par likorn
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  • 4 semaines plus tard...

L'appel du 18 juin, version montagne.

Les trois objets fédéraux ont été approuvé, soit :
1. L'imposition minimum selon le standard de l'OCDE (76% de oui, Tous les Cantons pour. S'agissant d'une modification de la Constitution, la double majorité est nécessaire).
2. La Loi Climat (59% de oui)
3. La prolongation de certains articles encore en vigueur de la loi urgente Covid-19 (61% de oui).

https://www.rts.ch/info/suisse/14107819-climat-reforme-ocde-covid-un-triple-oui-clair-est-sorti-des-urnes-dimanche.html

En parallèle, comme souvent, se tenait un tas de votations cantonales ou communales, dont voici un petit extrait:

Le Canton de Genève - au travers d'une initiative - va instaurer un congé parentale de 24 semaines. Le Sujet est un cas intéressant du mille-feuille législatif suisse, je le décris rapidement.

Citation

Le droit fédéral oblige, au travers de l'assurance perte de gain APG, à fournir 14 semaines de congé à la mère, et 2 au père. Le Canton de Genève était déjà un cas particulier, le droit Cantonal prévoyant 16 semaines de congé à la mère, moyennant une cotisation cantonale particulière.

Le texte prévoit donc dix semaines supplémentaire au droit fédéral, dont six au moins iront au parent qui n'a pas droit au congé prévu pour la mère (le texte s'adressant aussi aux couples homosexuelles, la notion de "parent qui n'a pas droit au congé prévu pour la mère" est important), les deux semaines restantes seront distribuées par les parents.

S'agissant d'une initiative, elle est rédigée en termes généraux, or la gauche était contre le projet car il ne prévoyait rien d'autre que 24 semaines de congé, 16 pour la mère, 8 pour le père ou le parent sans droit maternité, et dans ce total 2 semaines déplaçable selon la décision des parents.

Du coups, potentiellement, la mère peut n'avoir que 14 semaines de congé, contre 10 pour l'autre conjoint, ce qui n'est pas un gain pour elle.

La grande inconnue réside maintenant dans le fait d'obtenir la garantie fédérale sur cet article, car s'agissant d'une initiative cantonale il intègre un nouvel article à la Constitution du Canton de Genève, mais pour exister en droit l'article doit être déclaré conforme au droit fédéral, ce qui n'est pas encore gagné.

Ensuite, restera à écrire la Loi, et là le conseil d'Etat est un peu emprunté, il ne souhaite pas qu'une initiative qui se veut progressiste finisse par réduire en pratique le droit au congé maternité des mères, avec notamment une pression possible pour qu'elles renoncent en faveur de leur conjoint à deux semaines de congé. Dès lors, le gouvernement genevois imagine déjà porter le droit au congé maternité à 16 semaines, tout en maintenant 8 semaines pour le père/parent qui n'a pas droit au congé maternité, et encore 2 semaines à choix, soit 26 au total...

Oui, j'ai aussi mis du temps à tout comprendre.

https://www.20min.ch/fr/story/le-conge-parental-est-adopte-a-geneve-votations-18-juin-798195458350

Berne (le Canton) refuse nettement une initiative similaire.

Genève, encore, refuse un impôt exceptionnel sur les gains exceptionnels durant le Covid.

Le Jura accepte de modifier sa Constitution pour destituer ses ministres.

Le Canton de Vaud inscrit la protection du climat et de la biodiversité dans sa Constitution.

Le Canton de Fribourg accepte de créer un musée cantonal d'histoire naturel.

Le Tessin accepte l'ouverture des commerces un dimanche/ferié supplémentaire par année, portant le total à 4. Il prolonge également d'une heure l'heure de fermeture (19h) lorsque le jour férié est en semaine

Au niveau communal, les villes de Zurich et de Winterthour ont chacune accepté l'instauration d'un salaire minimum sur leur territoire. La ville de Zurich va également se doter d'un fond pour des logements abordables, qui vise à ce que 30% du parc immobilier ai des loyers en dessous de la médiane actuelle. (Je n'ai pas vraiment pris le temps de traduire le texte mais comme ça m’intéresse je le ferai à l'occasion).

https://www.letemps.ch/suisse/suisse-alemanique/zurich-et-winterthour-introduisent-un-salaire-minimum

 

 

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"Du coups, potentiellement, la mère peut n'avoir que 14 semaines de congé, contre 10 pour l'autre conjoint, ce qui n'est pas un gain pour elle. "

Je trouve ça choquant comme interprétation. L'allongement du congé du 2e parent donne du temps de présence supplémentaire à 2 avec le (ou les !) nouveau(x) né(s), ça amène du soutien moral et physique, partage de tâches accru.

En dehors de ce petit détail, je trouve ça très bien que le sujet soit débattu. On a aussi eu l'allongement du "congé" paternité en France, une des rares avancées sociales de la législature actuelle.

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  • 3 semaines plus tard...

Ce n'est pas une question choquante, c'est simplement que le but n'était pas de réduire le congé des nouvelles mères, or potentiellement c'est possible d'avoir ce résultat.

Il faut bien comprendre un truc, la pression que peut mettre un employeur sur un(e) employé pour qu'elle renonce à un droit tel que celui-ci existe et n'est en aucun cas punissable, il est donc assez évident que permettre un potentiel raccourcissement du congé de la mère n'est pas forcément un gain pour une partie de la population, notamment dans les métiers précaires ou à contrat de durée déterminée.

Donner des semaines au père/à l'autre parent, c'est très bien, que cela soit négociable aussi, mais très clairement il manque un petit garde fou pour que certaines ne retombent pas d'office à 14 semaines. Et c'est encore plus vrai lorsque l'autre parent ne travail pas.

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Il y a 6 heures, likorn a dit :

Ce n'est pas une question choquante, c'est simplement que le but n'était pas de réduire le congé des nouvelles mères, or potentiellement c'est possible d'avoir ce résultat.

Il faut bien comprendre un truc, la pression que peut mettre un employeur sur un(e) employé pour qu'elle renonce à un droit tel que celui-ci existe et n'est en aucun cas punissable, il est donc assez évident que permettre un potentiel raccourcissement du congé de la mère n'est pas forcément un gain pour une partie de la population, notamment dans les métiers précaires ou à contrat de durée déterminée.

Donner des semaines au père/à l'autre parent, c'est très bien, que cela soit négociable aussi, mais très clairement il manque un petit garde fou pour que certaines ne retombent pas d'office à 14 semaines. Et c'est encore plus vrai lorsque l'autre parent ne travail pas.

D'accord, je n'avais pas compris la partie raccourcissement du congé maternel.. Merci pour la précision

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  • 1 mois plus tard...

Pour une fois, on va parler d'absence de votation.

Dans le Canton du Jura, un projet de Géothermie profonde est entré dans sa phase exploratrice, après avoir été accepté par les autorité cantonale exécutives (mais refusé par le législatif), la commune sur lequel se situe le forage et enfin le tribunal fédéral après que de nombreux recours eurent été déposé.

Mais aucune votation n'a eu lieu, pire le Canton a rappelé qu'au Jura un vote consultatif comme prévu notamment sur le territoire du Canton de Berne n'était pas constitutionnel.

Aussi, l'on se retrouve avec une opposition au projet qui s'exprime dans la rue, avec occupation du sol, camping pas très loin de devenir une ZAD, menaces de mort contre les ministres du gouvernements (jurassien, donc) et autres manifestations dont la dernière a réuni mille personnes (ce qui n'est pas rien dans une République de 73'000 habitants).

Bref, de l'ambiance amusante dans la région, qui a d'ailleurs une certaine tradition dans la contestation, le Canton du Jura étant né d'un mouvement autonomiste particulièrement unique en Europe, puisqu'un Etat (celui de Berne) s'est séparé d'une partie de son territoire suite à une lutte parfois violente mais qui a su éviter le conflit armé, de peu.

La question jurassienne.

Les actions de protestation du Front de Libération du Jura (si si).

https://notrehistoire.ch/entries/04YzAJGRWqK

Les années de braises (si si si).

https://www.rts.ch/audio-podcast/2019/audio/moutier-3-5-les-annees-de-braises-25033167.html

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  • 5 mois plus tard...

En ce dimanche, 2 sujets de votation fédérale :

Initiative sur les rentes

Citation

L’initiative sur les rentes entend financer durablement l’AVS en relevant l’âge de la retraite. Elle prévoit tout d’abord de relever progressivement l’âge de la retraite des hommes et des femmes à 66 ans d’ici 2033. L’âge de la retraite sera ensuite lié à l’espérance de vie moyenne : il augmentera automatiquement en même temps qu’elle, non pas à l’identique, mais à raison de 80 % de la durée de vie gagnée et par étape de 2 mois par an au plus. Si l’initiative est acceptée, l’AVS sera soulagée financièrement : selon les estimations, la retraite à 66 ans réduira les dépenses de l’AVS de 2 milliards de francs. L’adaptation automatique de l’âge de la retraite à l’espérance de vie déchargera encore plus l’AVS.

 

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Source : JLR Vaudois

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Source : PS Suisse

Initiative pour une 13e rente AVS

Citation

L’initiative entend augmenter les rentes de vieillesse de l’AVS d’une rente mensuelle. Une rente supplémentaire s’ajoutera ainsi chaque année aux 12 rentes mensuelles. L’initiative précise que la 13e rente ne conduira pas à des réductions des prestations complémentaires. La rente de vieillesse annuelle maximale augmentera de 2450 francs pour atteindre 31 850 francs pour une personne seule, et de 3675 francs pour atteindre 47 775 francs pour un couple marié. Cette augmentation entraînera la première année un coût supplémentaire d’environ 4,1 milliards de francs pour la 13e rente AVS, dont 800 millions à la charge de la Confédération (...)

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Source : PS Suisse

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Source : Union Patronale Suisse

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Publication: (modifié)

13 ème rente : oui à 60%, majorité des Cantons obtenue (décompte en cours).

Relévement de l'âge de la retraite (initiative sur les rentes) : 75% de non.

https://www.rts.ch/articles/2024/minute-par-minute/la-13e-rente-avs-triomphe-aupres-de-la-population-et-des-cantons-lourd-echec-pour-la-retraite-a-66-ans-28422847.html

Résultats cantonaux:

https://www.20min.ch/fr/story/votations-geneve-tous-les-resultats-du-3-mars-en-un-clin-doeil-103055518

Modifié par likorn
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Publication: (modifié)

Pour bien comprendre en quoi ce vote sur l'Assurance-Vieillesse est incroyable, quelques citations de presse.

"jamais le peuple n'avait accepté une initiative sur l'AVS, jamais la gauche n'a réussi à obtenir une majorité dans les urnes avec une extension de l'Etat social et jamais elle n'a convaincu autant d'électeurs bourgeois" - Tages Anzeiger.

"Les Suisses renient le libéralisme et le sens des responsabilités qui ont si longtemps fait leur force" - Agefi.

«En règle générale, on peut compter sur le fait que la population garde à l’esprit les intérêts communs du pays lorsqu’elle vote. Le résultat des deux scrutins AVS n’en témoigne plus» - Handelszeitung.

"La majorité du peuple a succombé aux sirènes de l'initiative syndicale sur l'extension de l'AVS.
Les citoyens ne sont pas stupides. Quiconque n'a pas vécu sur la lune ces derniers mois sait que l'initiative syndicale pour l'extension de l'AVS ne crée absolument pas de richesse, mais ne fait que la redistribuer encore plus que ce n'était le cas jusqu'à présent - des jeunes vers les vieux et du haut vers le bas. - NZZ

«On a tenté d’embarquer les jeunes dans une guerre des générations. Raté, visiblement. Quand l’entier d’une société se préoccupe de savoir quel sera son niveau de vie pour ses vieux jours, c’est qu’elle croit à son avenir. C’est plutôt sain pour la démocratie.» - 24 heures.

«Pourquoi la droite n’a-t-elle pas proposé une version plus ciblée et mieux ficelée? Par arrogance et certitude de la victoire. Une erreur décisive» - Tribune de Genève.

"Après les milliards envolés pour le covid, le sentiment de normalité n’est jamais revenu. Aide aux pays en guerre, accueil de réfugiés, débâcle de Credit Suisse, érosion du pouvoir d’achat et enfin, ces dernières semaines, annonces de coupes budgétaires pour tout, sauf pour l’armée. Tout cela a construit une séquence très favorable pour les syndicats, qui gagnent pour la première fois avec ce type de proposition. Les Suisses se sont sentis dépossédés, submergés par ce sentiment nouveau que leurs impôts profitent à tout le monde, sauf à eux." - Le Temps.

"Les Suisses ont mal à leur portemonnaie. Les représentants de la droite politique — qui l’ont généralement bien garni, c’est là le problème — viennent de prendre une leçon de réalisme qu’ils feraient bien d’intégrer dans leur futur agenda." Blick (romandie).

"La campagne du non n'a pas ménagé ses efforts pour inverser la tendance des sondages. Elle a mobilisé les anciens conseillers fédéraux pour envoyer 700 000 courriers personnalisés pour voter non. Cela n'aura servi à rien. Cette victoire intervient aussi dans un contexte, où l'alarmisme prévaut en matière de finances publiques, où plus rien n'est possible sauf pour l'armée ou l'agriculture. Mais une majorité du peuple est convaincue que la Suisse est un pays qui a les moyens d'augmenter les retraites, qui croit en l'épargne et en l'avenir." Le Matin.

https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/la-population-suisse-a-approuve-ce-dimanche-le-principe-dune-13e-rente-avs-pour-les-retraites--les-precisions-de-pierre-yves-maillard?urn=urn:rts:video:14742925

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  • 2 semaines plus tard...

Un exemple rigolo du fédéralisme.

Le Conseil fédéral propose aux chambres le rejet de son propre projet.

Delphine Bachmann: «Le vote populaire sur le salaire minimum doit être respecté»

La conseillère d’Etat chargée de l’Economie et de l’Emploi explique pourquoi Genève s’oppose au projet fédéral souhaitant faire primer les conventions collectives de travail sur les minima cantonaux existants

La conseillère d’Etat Delphine Bachmann est responsable de l’Economie à Genève. — © Nicolas Righetti / Lundi 13 pour Le Temps

La conseillère d’Etat Delphine Bachmann est responsable de l’Economie à Genève. — © Nicolas Righetti / Lundi 13 pour Le Temps

Ce mercredi, le Conseil d’Etat genevois a signifié son opposition à un projet de loi fédéral prévoyant de faire primer les conventions collectives de travail (CCT) sur les salaires minimaux cantonaux. Cette rémunération plancher existe dans six cantons, ainsi que dans les villes de Zurich et Winterthour. De plus, les cantons de Vaud, de Fribourg et du Valais se détermineront prochainement. Pourquoi ce projet? Le Conseil fédéral répond, avec peu d’enthousiasme, à la motion d’Erich Ettlin (OW/Le Centre), qui a été validée par les deux Chambres. Conseillère d’Etat chargée de l’Economie et de l’Emploi, Delphine Bachmann explique la position de son canton.

Le Temps: Pourquoi le canton de Genève rejette-t-il ce projet?

Delphine Bachmann: D’abord par respect du vote démocratique, puisque 58% de la population a approuvé le salaire minimum, qui est entré en vigueur en novembre 2020. Ensuite, parce que cette modification de la loi fédérale permettant d’étendre le champ d’application de la convention collective de travail (LECCT) générerait une insécurité juridique majeure, qui est nuisible à l’économie et à son besoin de prévisibilité. De fait, la norme entrerait en conflit avec le Code des obligations qui, en son article 358, dispose que le droit impératif cantonal l’emporte sur les CCT. Il appartiendrait alors aux tribunaux de trancher au cas par cas pour savoir si c’est le salaire fixé par une CCT ou le salaire minimum qui s’applique.

Lire finalement: A peine sortis des urnes, les salaires minimaux votés sont-ils déjà menacés?

Le Conseil fédéral lui-même préconise le rejet de son propre projet.

En effet, il n’est pas convaincu, c’est le moins que l’on puisse dire. Il n’a aucune intention de modifier le Code des obligations, ce qui reviendrait à affaiblir le fédéralisme. Il se rend très bien compte que le problème institutionnel posé dépasse le cadre du salaire minimum. C’est d’ailleurs pourquoi les cantons qui se sont déjà exprimés dans le cadre de la consultation rejettent très largement ce projet, même ceux qui ne connaissent pas ce dispositif.

Il semble que lorsque les cantons prennent une initiative qui déplaît, il vaudrait mieux que Berne décide. Est-on face à une sorte de fédéralisme à bien plaire?

Je suis très attachée au fédéralisme, qui est un équilibre subtil entre les compétences de la Confédération et celles des cantons. Au risque de créer un dangereux précédent, on ne peut pas, au motif que l’on n’est pas satisfait, empiéter sur une compétence cantonale. Le Tribunal fédéral a admis, dans le cas pionnier de Neuchâtel, que le salaire minimum constitue un instrument de lutte contre la pauvreté qui relève de la politique sociale menée par les cantons et les communes.

Lire aussi: Les initiatives pour un salaire minimum se multiplient

Pensez-vous pouvoir convaincre les conseillers nationaux, y compris genevois, qui ont approuvé cette motion, de changer d’avis lors du vote final?

C’est difficile à dire. Il existe souvent une tension entre la défense des intérêts du canton et celle de la position du groupe. Mais je note que certains représentants du Centre et de l’UDC s’y sont opposés.

Ils n’étaient toutefois pas de Genève. Pourquoi ce salaire minimum est-il si important dans le canton?

Parce qu’il défend le pouvoir d’achat de la population. Nos loyers et nos primes d’assurance maladie sont parmi les plus élevés du pays. Sur la base des données de 2018, il a été constaté que 6,3% des salariés du canton recevaient un salaire inférieur au salaire minimum. Environ 20 000 personnes ont donc bénéficié d’une hausse de leur revenu. Les secteurs les plus concernés sont toujours les mêmes: la coiffure, l’esthétique, le nettoyage, l’hôtellerie ou encore la restauration.

A-t-il sonné le glas du partenariat social dont on est si fier en Suisse?

J’accorde beaucoup d’importance au dialogue social. Cela a été une question centrale durant la campagne, avec un sentiment de rupture du dialogue. Mais en réalité, le salaire n’est qu’une des composantes des conditions de travail. Les vacances, les horaires ou la retraite sont autant d’éléments importants qui continuent de se régler à travers les CCT. Par contre, il est vrai que l’adaptation au salaire minimum n’a pas été simple dans tous les secteurs. Dans certains cas, des hausses brutales de charges ont été observées. Mais, quatre ans plus tard, je pense que le regard sur cet outil a évolué et que ses effets ont été lissés.

Et il n’a pas d’effet négatif sur le chômage.

C’est effectivement ce qu’ont démontré les premiers résultats de l’étude que nous avons présentée en fin d’année dernière. J’attends avec impatience les prochains résultats des enquêtes d’impact sur l’emploi et les salaires. Il existe en effet la crainte que le salaire minimum ne devienne une norme vers le bas dans certaines professions. L’indexation automatique, par exemple, pourrait avoir comme conséquence de dévaloriser la formation et l’expérience, si les plus bas salaires rejoignent ceux du personnel plus qualifié sans que ceux-ci soient augmentés.

Le Temps

https://www.letemps.ch/suisse/geneve/delphine-bachmann-le-vote-populaire-sur-le-salaire-minimum-doit-etre-respecte

(Article offert).

 

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J'ai lu un article de La Tribune de Genève qui indique que dans le cadre des négociations avec l'Europe ,celle ci demande l'ouverture de la concurrence sur les lignes intérieures Suisse et que par réciprocité les CFF pourrait se positionner sur les Lyon / Genève . 

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  • 4 semaines plus tard...
Le 13/03/2024 à 22:05, MAGORINO a dit :

J'ai lu un article de La Tribune de Genève qui indique que dans le cadre des négociations avec l'Europe ,celle ci demande l'ouverture de la concurrence sur les lignes intérieures Suisse et que par réciprocité les CFF pourrait se positionner sur les Lyon / Genève . 

Rien n'est fait. Rien que le PS (gauche molle) et l'UDC (droite dure) représente 48% des élus et ils sont contre. Suffit qu'un seul parti les rejoigne (genre les verts, pour le marché "libre" de l'électricité) et c'est mort.
À la fin, en plus, faudra voter. Et il est sûr qu'au moins 45% des gens sont déjà contre.

Bref...

Pendant ce temps-là, la campagne suivante commence. Oui, on vient de finir il y a un mois une campagne mais ça repart déjà.

Au mois de janvier le Conseil Fédéral agendait en effet 4 votations pour le 9 juin, seconde date de votations de l'année 2024. Les sujets sont lourds, et chauds. Il s'agit de 3 initiatives populaires, que les Gouvernements conseillent (on dit "les" gouvernements car les Cantons sont également contres) de refuser, et d'un référendum :

1. Plafonnement des primes maladies à 10% du revenu (initiative du PS).
1a. Le Conseil Fédéral propose un contre projet, dit indirect car n'étant pas automatiquement accepté en car de refus de l'initiative.
2. Frein aux coûts du système de santé (initiative du Centre).
2b. Là aussi le Conseil Fédéral propose un contre projet indirect.
3. Pour l'intégrité physique (Lancé par un comité, et pas un parti, à savoir le Mouvement de liberté Suisse).

Par ailleurs sera soumis au référendum la loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr. Détail piquant, le Conseiller fédéral en charge du département (entre autre) de l'énergie combat sur ce sujet son propre parti, l'UDC, qui prône le refus de la loi.

Suite à l'acceptation de la 13ème rente AVS, le Gouvernement tente de ne pas se faire déborder et propose ainsi cette fois des contre-propositions aux initiatives. Il n'en demeure pas moins que tous les sujets sont fortement débattus et qu'il est assez plausible que le gouvernement perde soit sur l'électricité, soit sur le plafonnement des primes.

Notons que comme partout, l'assurance maladie est un sujet bouillant, qui provoque pléthore de projets pour tenter d'en maitriser les coûts.

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