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Le Web des Cheminots

Chronique d'un Krach ferroviaire annoncé


Invité necroshine

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Invité necroshine

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/nicolas-baverez/chronique-d-un-krach-ferroviaire-annonce-10-02-2011-1293864_73.php

Loin d'appartenir au passé, l'industrie ferroviaire connaît une nouvelle jeunesse. Le rail répond à tous ces défis, qui autorise le transport rapide et écologique de flux massifs de population et de biens, y compris au coeur des mégalopoles. D'où la multiplication des projets de métros, de tramways, de lignes à grande vitesse - de la Russie à la Californie en passant par le Brésil, le Maroc ou l'Arabie saoudite. La seule Chine construit 52 métros et investit 100 milliards de dollars par an dans son système ferroviaire, notamment pour créer un réseau de 16 000 kilomètres à très grande vitesse (380 km/h, contre 320 en France).

La France, qui disposait d'un leadership technologique dans l'industrie ferroviaire, est en passe de perdre la bataille du rail du XXIe siècle. Sur le plan économique, la croissance de l'activité se concentre dans les grandes agglomérations (+ 40 %), tandis que les clients du TGV stagnent et que le fret s'effondre du fait de son manque de fiabilité, qui a porté les parts de marché de la route à 85 %. Sur le plan opérationnel, les prix montent avec les péages pour une qualité de service qui s'effondre au rythme de la baisse de la ponctualité : 90 % pour les Transiliens et les TER, 80 % pour les TGV et les trains Corail. Sur le plan financier, la dette ferroviaire culmine, fin 2010, à 28 milliards d'euros pour RFF et à 9,5 milliards pour la SNCF. Sur le plan international, les offres françaises sont marginalisées dans les projets de lignes à grande vitesse et de dessertes ferroviaires des grandes agglomérations ; dans le même temps, Alstom enregistre une succession d'échecs face à Siemens, dont celui du marché des Eurostar, qui est à la fois symbolique et logique puisque le train allemand accueille davantage de voyageurs avec un meilleur confort pour un prix inférieur.

Faute de changements radicaux, le risque d'accidents majeurs est très élevé. La seule SNCF transporte quotidiennement 6 millions de passagers, dont 550 000 sur la ligne D du RER, 450 000 sur la ligne C, 350 000 sur l'ensemble du réseau TGV. Or l'infrastructure ferroviaire est saturée et sinistrée, la moitié des aiguillages datant par exemple des années 40, tandis que les dépenses d'entretien ont baissé de 20 % en vingt ans. Déjà, le nombre d'accidents connaît une forte hausse : 0,33 par million de trains-kilomètre en 2009, contre 0,24 en 2006. Le rail français aborde ainsi la décennie 2010 dans la situation du système britannique au seuil des années 2000, qui provoqua la catastrophe de Hatfield. Une dérégulation anarchique a éclaté les responsabilités en matière de sécurité entre les instances européennes, l'Araf, l'EPSF, RFF et les opérateurs. Or il en va du fer comme de la finance : quand chacun assure la responsabilité de son périmètre sans superviseur, le système court au krach.

Ce Sedan ferroviaire est exemplaire du mal français. Du côté de la SNCF, la gréviculture tue le fret ferroviaire comme nos ports ; elle va de pair avec la faiblesse des gains de productivité (2 % par an), qui contraste avec la hausse des rémunérations (plus de 3 % par an). Du côté d'Alstom a prévalu une culture d'arsenal associée à la garantie de marchés protégés. Mais la responsabilité première incombe aux pouvoirs publics. La libéralisation a fait l'impasse sur la nécessaire cohérence du système ferroviaire. En dépit de 10 milliards d'euros de concours publics par an, le renouvellement et l'entretien du réseau ont été négligés. La culture du tout-TGV, dont le corollaire est l'abandon de l'urbain et du fret, a été accentuée par le Grenelle de l'environnement, qui a prévu la construction de 2 000 kilomètres de nouvelles voies à grande vitesse d'ici à 2020, puis de 2 500 kilomètres supplémentaires, soit un investissement de 100 milliards d'euros dans des lignes lourdement déficitaires. La seule LGV Est mobilise ainsi 3,5 milliards d'euros pour gagner un quart d'heure sur Paris-Strasbourg, ce qui suffirait à changer la totalité du matériel roulant (qui a plus de 20 ans d'âge en moyenne) ou des bus d'Ile-de-France, permettant d'améliorer la vie de millions de personnes.

Six priorités émergent. Repenser une architecture de sécurité fondée sur un garant en dernier ressort. Effectuer la reprise de la dette ferroviaire par l'Etat, comme l'Allemagne en 1994, en contrepartie de la mise en extinction du statut et du régime spécial des cheminots. Décider un moratoire sur les nouvelles lignes à grande vitesse et affecter les investissements au renouvellement de la partie efficace du réseau (11 000 kilomètres sur 29 800 voient passer moins de vingt trains par jour) et à son entretien (111 000 euros par kilomètre, contre 137 000 en Allemagne). Réinvestir massivement dans le transport ferroviaire urbain et dans un fret performant. Evoluer vers la vérité des prix en sortant du modèle associant un prix minime à une qualité de service indigente. Réorganiser la filière ferroviaire en privilégiant l'innovation au lieu des protections. Fernand Braudel soutenait que " la France, c'est l'école obligatoire, plus le chemin de fer ". La France a déjà perdu son école, elle doit sauver son chemin de fer.

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Invité necroshine

L'analyse et certaines propositions sont interessantes, , en revanche pourquoi cette volonté de casser la statut ???

Comme il le dit si bien, les dépenses liées a l'entretien ont diminuées de 20% en vingt ans. A cause du statut ?

Modifié par necroshine
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L'analyse et certaines proposition sont interessantes, , en revanche pourquoi cette volonté de casser la statut ???

Comme il le dit si bien, les dépenses liées a l'entretien ont diminuées de 20% en vingt ans. A cause du statut ?

Il s'appuye sur l'exemple allemand et je pense (ce n'est que mon avis) que c'est pour ça qu'il parle de la destruction du statut de cheminot.

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MDR il vaut mieux lire ça que d'etre aveugle !

Nicolas Baverez un ultra libéral ,décliniste ,qui est contre tout intervention de l'état dans le domaine public ,critique la politique qu'il prônait ,et,qui nous a amené là où nous en sommes !!

QU'IL SE CASSENT TOUS

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Baverez pour qui connaît un peu son parcours, ne surprendra personne avec ces conclusions.

Les solutions proposées sont très libérales, mise en extinction du statut des cheminots fermé aux nouveaux embauchés, tarifs revus à la hausse.

Le moratoire sur les nouvelles LGV, et l'abandon du Sarko Métro ?

Modifié par NEMO94
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il y a du vrai, mais aussi du faux..

Un ICE est moins cher qu'un AGV, mais plus cher qu'un duplex!

Un parallèle productivité/salaire plus que douteux!

Pour la partie "vérité", ce sont des constats partagés depuis un bon moment et par la plupart des spécialistes..

D'où ma question: un article de plus, super! Et maintenant on fait quoi?

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Une dérégulation anarchique a éclaté les responsabilités en matière de sécurité entre les instances européennes, l'Araf, l'EPSF, RFF et les opérateurs. Or il en va du fer comme de la finance : quand chacun assure la responsabilité de son périmètre sans superviseur, le système court au krach.

La libéralisation a fait l'impasse sur la nécessaire cohérence du système ferroviaire.

Sur ces 2 points là on ne peut que partager l'analyse du monsieur qui est pourtant un libéral affirmé...

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Invité necroshine

Ahhhhhhhhhhhh l'exemple Allemand,

Qu'est ce qu'on en parle en ce moment.......

On ne parle pas que de nombreux allemands pour joindre les 2 bouts font comme aux USA,

a savoir avoir recours a plusieurs emplois....Parce que Mme Merkel a refusé de ligiferer pour un smic....

Il est beau l'exemple allemand...

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toujours les mêmes recettes : encore plus de libéralisme, de concurrence, de productivité, de rentabilité financière...

et toujours moins de protection pour les salariés et les ...usagers !

Modifié par Dom Le Trappeur
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Ahhhhhhhhhhhh l'exemple Allemand,

Qu'est ce qu'on en parle en ce moment.......

On ne parle pas que de nombreux allemands pour joindre les 2 bouts font comme aux USA,

a savoir avoir recours a plusieurs emplois....Parce que Mme Merkel a refusé de ligiferer pour un smic....

Il est beau l'exemple allemand...

Euh les français, en tous cas parmi ceux que je connais (jeunes il est vrai, et dans le privé il est vrai), font pareil; cumuler, j'entends. On ne peut pas dire que de ce point de vue là vous êtes plus brillant que les autres. Quand je vois qu'une copine qui travaille à 100% n'a pas pris de vacances depuis 9 mois, est toujours en CDD, touche moins de 1200€ et n'arrive pas à tourner, je me dis que le SMIC c'est mignon mais pas si utile, au final.

Enfin bref, j'ai quand même l'impression que le problèmes des working poors existent à peu près partout, en Europe malheureusement mais dans le monde aussi, et le SMIC n'est pas parvenu à résoudre le problème.

Mais sinon, je crois surtout qu'on est dans une période charnière, nous avions l'habitude d'être les maîtres du monder, d'avoir le choix, d'être les plus riches et d'être trop riche. On le paie aujourd'hui, d'autres nous remplacent, qui ont cette soif de sortir de leur misère, comme l'avait nos grand-parents ou parfois encore nos parents, quand nous souhaitons simplement vivre confortablement, habitué depuis notre naissance à l'aisance comme une chose inaliénable.

Je ne dis pas que je trouve ça bien, mais c'est ce qui se passe actuellement. Il y une sorte de redistribution des richesses.

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L'exemple allemand dans le ferroviaire ( on oubliera la grève dans toutes leurs EF pour une harmonisation des salaires entre EF) me fait penser à l'exemple de BRITISH AIRWAYS lors de la privatisation d'Air France dans les années 90.

à l'époque, nos chères médias libéraux vantaient à longueur de temps cette compagnie et raillaient sur notre compagnie nationale promise selon eux à un sombre avenir.

Mais lors de la crise de l'aérien après 2001, quel ne fût pas la surprise de voir le groupe AIR FRANCE bien résister alors que les britanniques avaient de gros problèmes financiers. Les français furent même montrés en exemple.

certains de nos journalistes n'ont donc de journalistes que le nom.

concernant l'article du journal "le point", ils ne font que reprendre ce que l'incident du "Strasbourg-Port Bou" a révélé à la France entière. Nombres de débats qui ont eu lieu en janvier dernier, en sont arrivés à des conclusions similaires sur l'état de réseau et sur la mauvaise gestion du ferroviaire par les pouvoirs publiques depuis des décennies.

je me féliciterai simplement de voir ce journal reconnaître enfin que le ferroviaire français va mal et pas seulement à cause de ces "méchants syndicats".

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Je me souviens dela première d'"envoyé spécial" vers 1987 ou 1988, je ne me souviens plus exactement, ou les journalistes montaient déjà du doigt le manque d'entretien du réseau férré notament sur PSL, quelqu'un se souvient-il de cette émission ?

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Tout à fait, le pauvre Francis T..., à l'époque directeur du Transport (ou quelque chose du même tonneau) s'en était pris plein les dents (et je suis poli). Le journaliste de service et les représentans syndicaux lui étaient tombés dessus à bras raccoiurcis.

Cela dit, dans les années 60 (déjà), la ligne Creil - Beauvais ne faisait l'objet d'un entretien que les 15 jours précédant le passage de la voitue Mauzin...(mais la vitesse n'y dépassait pas les 80 Km/h).

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La seule LGV Est mobilise ainsi 3,5 milliards d'euros pour gagner un quart d'heure sur Paris-Strasbourg, ce qui suffirait à changer la totalité du matériel roulant (qui a plus de 20 ans d'âge en moyenne) ou des bus d'Ile-de-France, permettant d'améliorer la vie de millions de personnes.

Il maîtrise bien son sujet, le monsieur (sic) ! ...

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Je me souviens dela première d'"envoyé spécial" vers 1987 ou 1988, je ne me souviens plus exactement, ou les journalistes montaient déjà du doigt le manque d'entretien du réseau férré notament sur PSL, quelqu'un se souvient-il de cette émission ?

Oui : la scène d'un agent de maintenance voie qui avait emmené la caméra à un endroit où les tirefonds se retiraient à la main. :blush:

Je sais le faire ça mdrmdr

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Mais sinon, je crois surtout qu'on est dans une période charnière, nous avions l'habitude d'être les maîtres du monder, d'avoir le choix, d'être les plus riches et d'être trop riche. On le paie aujourd'hui, d'autres nous remplacent, qui ont cette soif de sortir de leur misère, comme l'avait nos grand-parents ou parfois encore nos parents, quand nous souhaitons simplement vivre confortablement, habitué depuis notre naissance à l'aisance comme une chose inaliénable.

Je ne dis pas que je trouve ça bien, mais c'est ce qui se passe actuellement. Il y une sorte de redistribution des richesses.

Oui on est dans une periode charniere c''est vrai, mais il y a deux façons de le voir, trouver ca dommage, se dire qu'on le paie et se battre sur ce terrain pour garder nos PIB et autres futilités, en s'y cassant les dents, ou alors trouver, ou plutot retrouver d'autres richesses, d'autres manieres de vivre et d'autres valeurs que celles des trentes glorieuses

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